« Neither confirm nor deny. »
[Ne jamais confirmer ou nier.]
Le cinéma adore les espions, on a 25 films James Bond pour le prouver. Aux États-Unis, si on veut faire un film d’espionnage, on a le choix de créer une agence fictive à la Mission : Impossible ou de prendre la CIA. C’est d’autant plus intéressant quand on met à l’écran un événement réel et « confidentiel » de l’histoire de l’agence comme Argo, Zero Dark Thirty ou bien American Made. C’est encore plus intéressant quand un documentaire propose un regard sur une véritable opération des agents de la CIA. Dans cette catégorie, il y a notre film du jour, Neither Confirm nor Deny.
Le film raconte l’histoire de l’opération Glomar, dans laquelle un groupe d’agents de la CIA avaient pour mission de récupérer un sous-marin soviétique qui avait coulé dans le Pacifique. Pour ce faire, ils ont demandé au magnat Howard Hugues de construire un navire spécial pour la fouille sous-marine et de faire passer le projet pour une tentative d’excavation sous-marine. Cette opération secrète a ensuite été révélée dans les médias américains, où l’agence a répondu avec la phrase « Neither confirm nor deny », créant ainsi ce qu’on appelle la réponse Glomar.
Le réalisateur Philip Carter s’est permis, pour son premier long-métrage, de rencontrer les personnes qui ont joué un rôle important dans cette mission, permettant aussi d’apprendre certaines informations qui sont longtemps restées secrètes et de mieux connaître le modus operandi de la CIA, surtout concernant leurs méthodes de couverture. Le réalisateur explore aussi la situation des médias aux États-Unis, notamment en pleine période du Watergate, dans lequel les journaux ont mis à jour l’un des plus grands scandales politiques du pays. Cela a donné un sentiment de liberté aux journalistes ainsi que l’impression que le gouvernement leur cachait des choses, faisant en sorte que de plus en plus de missions secrètes ont été révélées à la population, dont l’opération Glomar.
Le film présente ainsi des images d’archives de l’opération. Ce sont des documents confidentiels, présentant les dessous d’une véritable mission secrète. C’est très intéressant et impressionnant de la part du réalisateur d’avoir accès à ces images totalement inédites. On se demande par quel moyen il a pu réussir à les obtenir, même si le film précise que toutes les informations sur l’opération n’ont pas été révélées. L’équipe du film a fait un excellent travail de recherche.
Cependant, toute cette fouille reste le seul élément qui démarque réellement le film. En effet, outre toute l’information qui y est révélée, le documentaire garde une formule très classique. Images d’archives et entrevues, voilà tout ce que le film présente. Il y a bien une séquence où l’agent en charge est devant une commission et qu’il est incarné par un acteur. C’est plutôt bien pensé, mais c’est sous-utilisé. Il y a quelques plans où l’acteur semble réagir face aux informations qui y sont révélées, comme s’il était devant une vraie commission. Ils sont malheureusement plutôt maladroitement placés. Si on peut penser que l’utilisation d’images d’archives dans un documentaire a surtout un but démonstratif, les meilleurs cinéastes savent les utiliser de manière narrative.
Mais aussi, si le contenu reste très bon, le film manque de fond. Pour moi, les meilleurs documentaires sont ceux qui ont non seulement un sujet intéressant à présenter, mais aussi un propos de fond, souvent sur quelque chose que le film n’aborde pas de front. Neither Confirm nor Deny reste trop dans l’explicatif. Il aurait pu, dans sa dernière partie, parler des limites des médias et dans quelle mesure ils devraient se mêler aux affaires gouvernementales. Dans une société où les journalistes ont un rôle de plus en plus important et se retrouvent dans des formes différentes que dans les années 70, le propos est d’autant plus importants. Le film ne franchit pas cette ligne et ressemble plus à un documentaire History Channel. Il y a même un côté théorie du complot.
Neither Confirm nor Deny reste quand même un documentaire intéressant, traitant d’informations qui sont longtemps restées secrètes. Il est juste dommage qu’il ressemble plus à un reportage du téléjournal qu’à un pur film de cinéma.
Bande-annonce
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