« You’re special. You’re so fucking special. »
[Tu es spéciale. Tu es crissement special.]
Jonny Baptiste (Kiah McKirnan) est une adolescente téméraire qui est envoyée vivre avec sa tante Hildie (Alicia Silverstone), qu’elle ne connait pas vraiment. À ses 18 ans, elle vit une métamorphose radicale : un sortilège familial qui la redéfinit, appelé Forevering. Lorsque plusieurs adolescentes disparaissent dans sa nouvelle école, Jonny, mystiquement sauvage, s’en prend à l’agresseur.
Avec Perpetrator, Jennifer Reeder propose un film mal défini, qui tente d’apporter du nouveau au genre, mais qui manque clairement de direction. Le film arrive sur Shudder en septembre.
On ne pourra pas reprocher à Jennifer Reeder d’essayer. Bien que les résultats ne soient pas très positifs, la réalisatrice et scénariste tente d’amener quelque chose de différent.
L’idée la plus intéressante est d’utiliser le sang de son personnage principal comme un genre de portal dans lequel une personne peut être attirée. Elle se retrouve ainsi dans une sorte d’eau rouge. Le problème est qu’on ne voit pas vraiment d’où ce concept arrive. Oui, ok, le personnage à quelque chose de spécial. Mais on ne creuse pas suffisamment. On a l’impression que le but est simplement d’amener un truc nouveau, quelque chose que les autres films n’ont pas fait avant. Mais la façon de le justifier n’est pas là…
Mais l’essai qui est le plus raté est probablement l’utilisation d’une image divisée en plusieurs superpositions (voir l’image). On suppose que ça sert à montrer une sorte de confusion de la part du personnage. Mais c’est franchement ridicule. On dirait un film des années 1970 qui veut ajouter un nouvel effet parce que c’est tout nouveau et in. Mais ici c’est complètement raté.
Mais au moins, elle tente des trucs afin d’amener du nouveau au genre. C’est déjà ça de plus que bien d’autres.
Que dire de plus sur ce navet? J’ai décidé de regarder ce film pour Alicia Silverstone. Elle était probablement mon premier amour de vedette, lorsque j’étais ado. À l’époque, j’avais vu tous les films dans lesquels elle avait joué. J’ai toujours trouvé qu’elle jouait bien. Mais dans Perpetretor, elle sonne faux. Je peux comprendre que la réalisatrice voulait avoir un effet un peu caricaturant, un peu surjoué. Mais comme pour le reste des essais de la réalisatrice, c’est un lamentable échec. Au final, l’actrice a juste l’air ridicule.
Les séquences avec le sang à l’apparence un peu vivant sont aussi ratées. L’idée est bonne. Il y a un peu de sang qui coule du nez du personnage (je n’ai pas trop compris cette histoire de sang qui coule constamment du nez des personnages aux pouvoirs surnaturels, ici) et atterrit sur le sol. Puis, ce sang se multiplie telles des cellules qui formeront un tout plus grand. Mais pourquoi ne pas avoir pris le temps de rendre l’effet saisissant plutôt que de simplement montrer du sang qui ruisselle et s’amoncelle? J’aurais pu faire mieux en m’installant dans la ruelle derrière la maison.
Mais ce qui rend ce film si ennuyant, c’est la médiocrité du scénario. Jamais on n’accroche tant ça commence mal dès le début. La relation entre Jonny et son père devrait créer une sorte d’intrigue afin de mettre le spectateur dans une attente. L’histoire de disparition des jeunes femmes devrait permettre de créer un suspense, alors qu’elle est plutôt risible. C’est possiblement la faute au personnage du directeur qui est… j’ai l’impression de surutiliser ce mot, mais bon. Il est ridicule. Ses tentatives de montrer aux filles qu’elles sont en danger et qu’elles doivent apprendre à ne pas se faire surprendre, ça ne marche pas. On se demande si le film n’est pas, au final, une comédie qui ne fait pas rire.
La résolution est, au plus, acceptable. Mais encore là, ça donne l’impression d’avoir été écrit à la va-vite.
Parfois, je me demande comment on en vient à financer certains films, alors que des projets beaucoup plus intéressants sont sur la table. C’est franchement le cas ici. Quand j’entends les comédiennes dire qu’en lisant le scénario, elles n’ont pas pu résister, je ne comprends pas. Si c’est vrai, quelque chose a clairement chié en route, parce que de mon côté, j’ai beaucoup, beaucoup de difficulté à imaginer que le scénario était particulièrement attrayant.
Ce film me rappelle mes années d’étudiant en cinéma au Cégep de St-Laurent. On était un groupe de jeunes pleins d’idées qu’on voulait essayer. On ne nous a jamais découragés d’essayer des choses, au contraire. Mais on nous a appris à travailler nos idées afin de les mettre en scène de la bonne manière. Perpetrator donne l’impression d’avoir été fait par un de ces étudiants que nous étions avant d’apprendre à faire du cinéma. Je suis conscient de la dureté de ce commentaire. Mais c’est totalement honnête.
Du coup, ce serait un bon film à montrer à des étudiants pour leur montrer pourquoi une « bonne idée » doit être réfléchie et travaillée avant d’être mise en scène.
Bande-annonce
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