« There were angels dining at the Ritz
And a nightingale sang in Berkeley Square »
[Ils y avaient des anges qui dinaient au Ritz
Et un rossignol qui chantait au Carré Berkeley]
Good Omens (ou De Bon Présages en version française) est un livre co-écrit par Neil Gaiman et le regretté Sir Terry Pratchett et paru en 1990. Si je me dois d’être objective dans mes critiques de films et/ou séries télé, je me permets d’être complètement biaisée pour ce roman; il est magnifique et c’est un des meilleurs livres au monde, rien de moins.
Suite au succès de Good Omens, un squelette pour un second livre est imaginé par les deux auteurs. Malheureusement, le projet ne sera jamais concrétisé, en raison des différents engagements des auteurs et à cause du diagnostic, en 2007, d’une forme rare de la maladie d’Alzheimer pour Terry Pratchett.
Selon les dires de Neil Gaiman, peu de temps avant sa mort, Terry Pratchett lui aurait écrit pour lui demander d’assurer une bonne adaptation de leur livre qu’il pourrait regarder avant que « les lumières ne s’éteignent… ». Ils pensaient avoir encore quelques années pour y arriver, mais Terry Pratchett tombera dans un coma soudainement et décédera en 2015. La demande de son ami deviendra donc une dernière volonté que Gaiman entreprend avec cœur.
Le démon Crowley et l’ange Aziraphale sont les agents respectifs de l’enfer et du paradis sur Terre, depuis 6 000 ans. Une amitié improbable se tisse entre les deux êtres, qui apprécient ensemble les divers plaisirs terrestres comme la musique, le théâtre, les livres, la nourriture et l’alcool, pour n’en nommer que quelques-uns.
Tout bascule le jour où Crowley reçoit l’ordre de l’enfer de placer l’Antéchrist dans la famille d’un diplomate américain. Le temps est compté pour l’ange et le démon, car le jour de ses 11 ans, l’Antéchrist devra accepter ses pouvoirs et commencera l’apocalypse. Ensemble, ils échafaudent un plan pour influencer le jeune garçon dès sa naissance, afin qu’il renonce à ses pouvoirs et empêche le commencement de l’apocalypse. Petit hic, suite à l’échange de bébés ratés par l’Ordre des sœurs sataniques, Crowley et Aziraphale suivent le mauvais enfant. Le jour des 11 ans de Warlock, ils réalisent avec horreur qu’ils ont perdu l’Antéchrist et ont seulement quelques jours pour retrouver le bon enfant et empêcher l’apocalypse. En parallèle, nous suivrons les intrigues d’une prophétesse de métier, d’un apprenti chasseur de sorcière, de démons, d’anges et d’une foulée d’autres personnages tout aussi haut en couleurs les uns que les autres.
Parviendront-ils à arrêter l’apocalypse? (Spoiler: Oui, car il y a une saison 2. Regardez la saison 1 pour voir comment ils y sont arrivés.)
Bande-annonce
Étant le principal showrunner, Gaiman a pu s’assurer que la série restait fidèle au roman, pour le plus grand bonheur des fans. Beaucoup de scènes et plusieurs dialogues sont copiés-collés des pages de l’œuvre. Si on peut regretter certaines omissions, comme les motards de l’Apocalypse qui suivent les 4 cavaliers de l’Apocalypse, on note également plusieurs ajouts qui embellissent le récit. Le plus frappant est la présence des autres anges (Gabriel, Uriel, Michael, etc.) qui côtoient Aziraphale, alors qu’ils étaient absents du roman et ne devaient être introduits que dans la suite. Cet ajout permet une meilleure fluidité dans la narration au petit écran, grâce à des dialogues rythmés et des performances mémorables. Une mention spéciale aux acteurs de la série, qui sont parfaits pour chaque rôle, spécialement David Tennant (Crowley) et Michael Sheen (Aziraphale). La chimie entre les deux acteurs est palpable et ajoute au charme des personnages et de l’histoire.
Les deux petits points moins positifs de la série sont les enfants acteurs, moins solides à côté des acteurs plus chevronnés qu’ils côtoient, et certains effets numériques qui peuvent sembler de moindre qualité. Cependant, on pardonnera ces petits désagréments au profit d’une équipe passionnée, qui avait à cœur la réussite de la série.
Quatre ans après avoir empêché l’apocalypse, Crowley et Aziraphale profitent de la vie sur Terre. Rien d’inhabituel à l’horizon, jusqu’au moment où l’Archange Gabriel arrive devant la librairie d’Aziraphale complètement amnésique et nu comme un ver. Sachant qu’ils ne peuvent pas se fier ni à l’enfer, ni au paradis, Crowley et Aziraphale devront comprendre et résoudre le mystère des curieux et menaçants présages mentionnés par Gabriel.
Ajoutez à cela Shax, le nouvel agent démoniaque qui remplace Crowley, Muriel, un ange naïf de moindre rang qui assistera contre son gré nos deux héros, Nina et Maggie, deux propriétaires de magasin avoisinant la librairie d’Aziraphale, et la table est mise pour une nouvelle saison.
Il faut aussi mentionner l’éléphant sur la carapace d’une tortue navigant dans l’espace (bravo si vous comprenez la référence); la deuxième saison est différente de la première. Et il fallait s’y attendre, car cette saison a été créée sans la plume unique de Terry Pratchett. Même si les scénaristes de la série font de leur mieux pour rendre justice à l’esprit de l’œuvre originale et que Gaiman est toujours rattaché au projet, personne ne peut remplacer Pratchett. Son imaginaire unique manque à la seconde saison, mais soyez rassuré, l’histoire ne manque pas d’humour.
La saison est aussi plus courte que la précédente, avec ses 6 épisodes au lieu de 8. Gaiman explique que cette saison est le pont entre le premier roman et le deuxième qui aurait dû être. L’intrigue de Gabriel est rapidement renvoyée au second plan, un prétexte mis en place pour explorer la relation entre Crowley et Aziraphale à travers les époques. Si certains peuvent y voir une faiblesse scénaristique, sachez que c’est tout le contraire. Car c’est cette relation qui est le véritable enjeu de la saison deux, qui atteint son apogée dans le dernier épisode et qui donnera le ton à la troisième saison. Gaiman a d’ailleurs rassuré les amateurs de Good Omens qu’une conclusion sortirait officiellement, peu importe le médium nécessaire.
La confirmation d’une conclusion est un soulagement pour les fans de la série, car après la finale de la saison deux, nous en avions bien besoin. La série n’est pas parfaite, mais son histoire est drôle, touchante et attachante. L’univers créé par Neil Gaiman et Terry Pratchett est riche et leurs personnages, démons et anges inclus, sont extrêmement humains. Un baume pour l’âme et le cœur.
Bande-annonce
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