Notre couverture du festival Présence autochtone se poursuit et aujourd’hui c’est à mon tour de vous offrir quelque chose. Ça faisait un petit moment que je n’avais pas pris le temps de regarder un programme de courts métrages. Lorsque j’ai vu que le festival offrait 2 programmes de courts métrages maoris, j’ai saisi l’occasion.
Je vous parle donc de 5 des 6 films faisant partie du programme 2 des courts métrages maoris. Je laisserai de côté celui en provenance des États-Unis pour me concentrer sur ceux produits en Nouvelle-Zélande.
Pour Ben, six ans, le monde est rempli de bruits assourdissants et d’images effrayantes. Alors que Ben se démène tant bien que mal dans son quotidien, sa mère cherche désespérément un moyen de venir en aide à son fils.
Quel magnifique film sur l’autisme! Par le plus grand des hasards, j’ai vu ce film avec mes enfants assis juste à côté. Bien que le film soit en français et en maori, mon plus grand à plutôt bien compris le film, ce qui a mené à une belle discussion.
Le court métrage est entièrement filmé du point de vue de l’enfant. En fait, carrément de ses yeux. Pour illustrer comment l’enfant autiste ressent le monde, le réalisateur utilise plusieurs stratégies. Tout d’abord, il y a l’image. Au début, je me demandais si ma télé avait un problème, avant de me rendre à l’évidence qu’il s’agissait d’un effet pour montrer la vision « déformée » de l’enfant. Il y a aussi la distorsion des sons. Certains bruits deviennent incroyablement agressant et dérangeants.
Le film montre bien l’incompréhension de l’entourage, dont la mère, qui n’arrive plus à comprendre son garçon. Pas plus que l’enseignante du gamin, d’ailleurs.
Pour ajouter un élément visuel, le réalisateur a choisi d’ajouter des dessins par-dessus l’image à certains moments. Ces dessins servent à faciliter la compréhension de l’univers de Ben en ajoutant des choses comme des explosions de lumière ou des monstres par-dessus sa mère qui pleure.
Voici un film à voir absolument pour ouvrir notre esprit à une partie de compréhension de cet univers dur à imaginer.
Titre original : He Karu he tarinka
Durée : 13 minutes
Année : 2022
Pays : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Tahuaroa Ohia
Scénario : Tahuaroa Ohia
Note : 9/10
À l’époque des Dawn Raids, les trois plus jeunes enfants d’une famille samoane réinventent le monde comme un lieu de contes de fées, d’épées et de sorcellerie.
Lors des Dawn Raids de 1974-76, la police coloniale néo-zélandaise pouvait pénétrer dans les maisons ou arrêter les gens dans la rue pour leur demander des permis, des visas, des passeports. Cette mesure brutale a été appliquée presque exclusivement à l’encontre des insulaires du Pacifique.
The Voyager’s Legacy est présenté du point de vue des enfants. La narration y est excellente. Elle compense à merveille la faiblesse dans le jeu de certains des acteurs. Le mélange entre réalisme et fantaisie enfantine permet de toucher à un sujet très difficile tout en gardant une certaine légèreté.
En terminant son film sur des gros plans du visage des personnages, le réalisateur marque l’imaginaire du spectateur et laisse une marque indélébile malgré une réalisation sobre et classique.
Titre original : The Voyager’s Legacy
Durée : 11 minutes
Année : 2022
Pays : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Bailey Poching
Scénario : Bailey Poching
Note : 8/10
Si c’est déjà à vous, ce n’est pas du vol, n’est-ce pas? Un jeune homme se trouve face à la décision de risquer la chose la plus importante de sa vie afin d’honorer une promesse faite à ses aînés.
Avec The retrieval, Kapa dénonce les vols d’artéfacts et d’objets ancestraux qui ont été pris aux Maoris par les blancs.
La lecture de ce court métrage est un peu difficile pour les gens qui ne connaissent pas l’histoire et les coutumes des Maoris. Cela étant dit, à mi-chemin on finit par comprendre où s’en va l’histoire. On réalise, aussi, que peu importe de quel Premier peuple on parle, l’histoire demeure assez semblable : vol, pillage, abus, racisme…
Le scénario n’a rien d’original, ici. On l’a vu à mainte reprise, cette histoire de « je vais un dernier coup et j’arrête ». On sait dès la 5e minute comment tout ça va finir. On regarde tout de même en se disant que pour certaines personnes, une promesse a encore de la valeur. Si les spectateurs pouvaient en tirer au moins ça, ce serait déjà une belle réussite.
Titre original : The retrieval
Durée : 13 minutes
Année : 2023
Pays : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Aree Kapa
Scénario : Matilda Poasa
Note : 6.5/10
1890 : Ruarangi, un jeune Māori qui fuit un manoir où il est gardé prisonnier, se retrouve captif d’un grand navire en partance pour l’Angleterre. À son arrivée, il est vendu pour faire partie d’une collection d’objets exotiques.
Ruarangi est un film visuellement beau. Malheureusement, l’histoire n’est pas très claire. Pourtant, ça commence plutôt bien, avec une scène de poursuite à travers les bois. Mais si ce n’était du résumé du film, je n’aurais jamais compris d’où il s’enfuyait, et pourquoi.
Il est possible qu’une personne d’origine maorie comprenne effectivement ce détail, mais je me questionne à savoir si n’importe qui n’étant pas de cette culture peut comprendre. La fin est plus claire, mais là encore, il aurait été intéressant de donner une perspective un peu plus large.
Dommage, puisque l’histoire en soi est pertinente et pourrait faire office d’une belle trame de fond pour un film palpitant.
Titre original : Ruarangi
Durée : 11 minutes
Année : 2022
Pays : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Oriwa Hakaraia
Scénario : Oriwa Hakaraia
Note : 6.5/10
Pour un whānau (famille étendue) brisé, l’espace d’une nuit pourrait suffire pour trouver la rédemption, le pardon et l’amour entre trois générations.
La thématique de Street light n’a rien de très originale. On retrouve une famille paumée, au sein de laquelle règnent la violence et l’alcoolisme et qui vit dans la pauvreté. Cela dit, l’image est belle et les thèmes sont bien travaillés.
Le problème principal vient d’une ellipse de temps mal présenté. Du coup, lorsqu’on réalise que plus de 9 mois se sont écoulés entre les deux scènes, on a un peu envie de décrocher. Mais la façon de montrer l’évolution des personnages est intéressante, bien que le tout se déroule un peu trop rapidement. Il s’agit d’une histoire qui serait plus adaptée pour un long métrage que pour un court.
Par contre, si vous avez envie d’une histoire triste qui se termine avec un peu d’espoir, vous aimerez probablement Street lights.
Titre original : Street lights
Durée : 17 minutes
Année : 2022
Pays : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Te Mahara Tamehana
Scénario : Te Mahara Tamehana
Note : 7.5/10
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