« — Sont pas obligés de faire de l’overtime. Pourquoi ils disent pas non, des fois?
— Parce que depuis qu’ils sont arrivés ici, on leur dit qu’on peut les renvoyer n’importe quand. Y’ont peur. »
Suite à une séparation houleuse qui la laisse criblée de dettes, Ariane (Ariane Castellanos) n’a pas le choix d’aller travailler à l’usine agricole de son ancien village. Grâce à la référence de sa mère (Micheline Bernard), elle sera la traductrice pour les travailleurs temporaires du Guatemala, sous la direction de Stéphane (Marc-André Grondin), qui subit un stress constant de ses patrons et qui est prêt à tout pour que l’usine ne ferme pas. Même si cela implique d’abuser de ses employés les plus vulnérables. Ariane acceptera-t-elle d’être complice et silencieuse devant ces abus?
Pier-Philippe Chevigny nous donne un film dur, mais magnifique, sur les conditions de travail de ces travailleurs qui nous sont essentiels. Depuis 2021 (année où il a entamé la production de Richelieu), une foulée d’articles et de documentaires à ce sujet nous dévoilent le traitement des travailleurs étrangers. Que se soit un salaire inférieur à notre salaire minimum, une mauvaise connaissance de leurs droits en tant que travailleurs, de l’overtime excessif ou la menace constante d’être renvoyé chez eux s’ils ne font pas la job, le film nous ouvre la porte sur une triste réalité au Québec. Et bien que ce ne sont pas toutes les entreprises agricoles qui soient en faute, il n’en reste pas moins que c’est une problématique trop généralisée.
Le ratio 4:3, judicieusement choisi par le réalisateur, nous transmet le sentiment des personnages, qui sont coincés dans une situation indésirable. Que se soit Ariane, qui n’avait aucune envie de revenir dans son ancien village, ou les travailleurs, qui sont parfaitement conscients de leur exploitation, tous sont pris dans cette usine qui les détruit à petit feu (physiquement et/ou psychologiquement) dans l’espoir d’un avenir meilleur.
Richelieu sortira sur nos écrans en septembre et j’espère que ce film sera vu par le Québec en entier. On ne peut plus ignorer ce qui se passe dans notre cour. Certes, les choses commencent à changer, mais on doit s’assurer que ces changements arrivent vites et deviennent la norme.
Ces travailleurs nous sont essentiels, mais ils sont avant tout des êtres humains. Et on se doit de les traiter comme tels.
Richelieu est présenté à Fantasia le 4 août 2023.
Bande-annonce
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