Hongo Takeshi se réveille et découvre qu’il a été transformé en un cyborg hybride de sauterelle. Devenu le Rider masqué, il doit combattre la mystérieuse organisation maléfique Shocker pour protéger l’humanité tout entière.
Au Japon, il y a un genre télévisuel qui est très populaire appelé le tokokastu. Il s’agit de films ou de programmes en live-action qui utilise beaucoup d’effets spéciaux. Par exemple, Godzilla et les films de kaiju peuvent être considérés dans ce genre, tout comme la série Ultraman ou Super Sentai, plus connu en occident sous le nom Power Rangers. Mais s’il existe une grande figure du tokokastu, c’est bien Kamen Rider, un super-héros en costume de sauterelle qui se balade en moto et affronte la dangereuse organisation terroriste Shocker. Le personnage est une légende au Japon, engendrant des dizaines de séries télé, de produits dérivés et, bien sûr, de films. Le plus récent long-métrage, Shin Kamen Rider, est d’ailleurs passé au Festival Fantasia.
Cependant, ce film est particulier au sein de la franchise, car il est réalisé par Hideaki Anno. Les fans d’anime connaissent ce nom qui est derrière des classiques comme Gunbuster, Nadia et le secret de l’eau bleu ou évidemment Neon Genesis Evangelion, une pierre fondatrice de l’animation japonaise. Cependant, le bonhomme a aussi réalisé pour le cinéma. Il y a bien sûr les films Evangelion, comme les deux films qui amènent une véritable conclusion à la saga (la fin de la série originale ayant été changé par les producteurs), ou sa quadrilogie Rebuild of Evangelion, dans laquelle il réécrit l’histoire qu’il avait conçue. Cependant, il faut aussi parler de sa trilogie Shin, dans laquelle il reprend de grands personnages de l’imaginaire japonais pour les remettre à une nouvelle formule, notamment en les plaçant dans un contexte plus adulte, le terme « shin » voulant dire nouveau. Il y a d’abord eu Shin Godzilla en 2016, et puis Shin Ultraman en 2022 dont Anno n’a que scénarisé, et puis Shin Kamen Rider cette année.
Le Kamen Rider
Le réalisateur reprend en effet le super-héros de son enfance dans une forme à la fois nostalgique et moderne. Nostalgique, car il reprend l’essence de ce qu’est Kamen Rider, mais surtout le genre du tokokatsu. Les méchants ont des costumes extravagants, les héros prennent des poses pendant les combats, l’armure de Kamen Rider ressemble totalement à celle de la série des années 70 et, surtout, la mise en scène ressemble à un épisode de la série avec ses nombreux plans de saut et ses zooms sur le héros.
Moderne, car le réalisateur se permet non seulement de rendre l’histoire plus adulte, surtout avec des combats qui se trouvent être assez violents, mais principalement en donnant aux personnages, héros comme vilains, une profondeur psychologique qu’une émission familiale n’amène pas. La réalisation se permet aussi d’être plus moderne avec l’utilisation des effets spéciaux. Si on peut trouver que les effets numériques ont l’air très faux, ils permettent d’amener des moments plus épiques au film, notamment en jouant avec les pouvoirs de saut de Kamen Rider. De plus, cet aspect fake amène aussi le charme rétro du film.
Dans tous les cas, Hideaki Anno nous offre une proposition particulière, à la manière de Shin Godzilla. Dans ce dernier, il faut être capable d’accepter tout le blabla politique qu’il y a autour de la créature. Dans Shin Kamen Rider, on fait face à une histoire de super-héros différente, avec un rythme qui nous lance immédiatement dans l’action du film. Ce n’est pas tout le monde qui sera pris, et notre méconnaissance du matériau de base n’aidera pas non plus.
Pour ma part, j’ai apprécié mon expérience. Si l’ambiance folle du Festival Fantasia a certes aidé, mais je suis aussi sensible au travail d’Hideaki Anno (j’ai adoré Shin Godzilla et je suis en train de regarder Nadia et le secret de l’eau bleu) et c’était pour moi l’occasion parfaite de découvrir Kamen Rider. En bref, un film qui passe ou qui casse, mais pour moi ça a passé.
Shin Kamen Rider était présenté auau festival Fantasia le 22 juillet 2023. Bande-annonce
