« Something strange happened last night. »
[Quelque chose d’étrange s’est produit hier soir.]
Suzanne, seule dans sa maison de campagne, ne sait plus où son mari est. Nicole et Linda sont à ses côtés et voudraient bien aider Suzanne, mais elle veut que les deux femmes partent et que son mari revienne. Une présence semble guetter les femmes pendant que Suzanne essaie de retrouver des indices sur la disparition de son mari. Est-ce que la maison est hantée ou bien Nicole et Linda lui jouent un tour?
Avec Emptiness, Onur Karaman propose un film tissé d’ambiguïtés et de non-dits, davantage une expérience viscérale qu’un récit habituel. Une œuvre minimaliste et atmosphérique.
Tourné dans un superbe noir et blanc, ce film horrifique minimaliste et atmosphérique se distingue par ses cadrages précis, où ce qu’on imagine hors champ glace le sang. Certaines scènes dérogent en offrant une image rouge, créant un sentiment d’insécurité et de manigance chez le spectateur. L’utilisation du noir et blanc permet à ces séquences en rouge de ressortir de façon brutale, comme il aurait été impossible de le faire si le reste du film avait été en couleur.
Le réalisateur complète l’atmosphère troublante de son œuvre par une méticuleuse conception sonore ponctuée de sifflements, de murmures, de battements de cœur et de gémissements. Sans oublier les foutus tic tac de l’horloge. Émotionnellement chargée et angoissante, cette représentation d’une femme profondément perturbée au point de croire qu’elle perd la raison se présente comme un brillant exercice de style.
Tous les poèmes ne traitent pas d’amour, d’oiseaux et de fleurs. Certains sont ténébreux, reflétant la condition humaine. Une expression de l’âme hurlante du tréfonds de la chair, dans l’éther, espérant être entendue. L’écho de notre âme, souvent méconnue, est notre message dans l’infini. La délivrance de notre néant.
Sans dire que le film de Karaman est une œuvre poétique à part entière, il faut reconnaitre son caractère unique et son ambiance pouvant rappeler le romantisme noir développé par Baudelaire et Gautier. Le personnage de Suzanne en est l’exemple parfait, elle qui semble tourmentée, au bord de la folie. En tant que spectateur on reste à se questionner à savoir si ce qu’on voit est bien réel ou si la femme imagine tout cela.
Le réalisateur explique d’ailleurs ceci :
Mon objectif avec Emptiness a toujours été de réaliser un film dérangeant qui émane des profondeurs de la psyché et de l’âme de Suzanne, où l’ambiguïté, la peur de l’inconnu, les ombres et les ténèbres règnent en maître.
Et dans ce film, tout se passe sur la fine ligne entre raison et folie, entre réalité et fantasme, en vrai et faux. Et surtout, c’est son côté non-dit qui le rend effrayant.
Cinquième long métrage écrit et réalisé par le cinéaste québécois d’origine turque Onur Karaman, Emptiness est une œuvre tissée d’ambiguïtés et de non-dits, davantage une expérience viscérale qu’un récit habituel. Un film dans lequel des phénomènes inquiétants surviennent. Une présence menaçante semble rôder dans les parages. Réalité ou folie?
Le spectateur devra simplement prendre sa propre décision… et peut-être la remettre en question. Notez que bien qu’il s’agisse d’un film québécois, il est en anglais.
Emptiness est présenté en première mondiale au festival Fantasia le 22 juillet 2023.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième