« Kenji. Rappelle-toi comment tes histoires ont été le guide de Toshi. Seuls tes mots peuvent la guider. Toi seul peux la guider vers le ciel. »

Son père Masajiro (Koji Yakusho) veut que Kenji (Masaki Suda) reprenne son entreprise de prêteur sur gages, mais Kenji refuse. Souhaitant suivre sa propre voie en explorant entre autres l’agriculture et le bouddhisme. Masajiro essaie d’être un père strict, mais finit par lui donner sa bénédiction. Lorsque Toshi (Nana Mori), la sœur cadette de Kenji et celle qui le comprend le mieux, tombe malade, Kenji commence à se consacrer à l’écriture.

Avec Father of the milky way railroad (銀河鉄道の父), Izuru Narushima propose un biopic au format classique, mais incroyablement touchant. Il dresse ainsi le portrait d’une famille hors-norme et d’un auteur important du Japon.

Kenji Miyazawa

Kenji était le fils aîné de Masajiro et, comme le voulait la coutume à l’époque, il aurait dû prendre en charge l’entreprise familiale, soit devenir prêteur sur gages. Et bien évidemment, son père et son grand-père l’avaient élevé à titre d’héritier. Mais le jeune homme avait d’autres envies. 

Dès la première scène, le réalisateur montre que la famille Miyazawa n’est pas si traditionnelle qu’on pourrait l’imaginer. Après l’ouverture plutôt cocasse dans laquelle Masajiro apprend que son fils est né, on assiste à une scène très atypique pour l’époque. Le père apprend que Kenji est rentré à l’hôpital pour une maladie respiratoire. Plutôt que de rester à la maison afin de continuer à travailler, il ordonne à sa femme de rester alors que lui, l’homme, ira au chevet de son fils. Ça semble plutôt anodin de nos jours, mais à l’époque, c’était simplement impensable. D’ailleurs, l’épouse de Masajiro tente de le raisonner en lui expliquant que c’est comme si elle, elle manquait à ses obligations. Mais qu’à cela ne tienne, Masajiro passera plusieurs jours à l’hôpital avec son premier-né. 

Cette séquence prendra toute son importance à mesure que le récit se développe. Non seulement le paternel n’est pas un homme de son époque, mais ça expliquera aussi comment un enfant d’une famille de la campagne a pu devenir écrivain. 

Un film grand public classique

Je ne classerais pas Father of the milky wa railroad dans la catégorie des grands films. Il s’agit d’un film qui ne révolutionne rien et qui n’apporte rien de bien nouveau dans la façon de faire. Mais, il s’agit tout de même d’un film magnifique et touchant, avec une image magnifique. 

Le scénario est juste et la réalisation classique est efficace. Le réalisateur ne tombe pas trop dans la facilité et réussit tout de même à rendre son film intéressant. Sans verser dans le mélodrame, l’œuvre est très touchante et fera certainement verser quelques larmes. Évidemment, j’ai pleuré comme un bébé. Tellement que j’avais de la difficulté à lire les sous-titres. Lol

Une des grandes forces du film est de montrer une relation père-fils émouvante. Il serait d’ailleurs injuste de dire que cette relation de proximité entre un père et son fils était atypique juste au Japon. Même ici, à cette époque, un père n’était pas aussi proche de ses enfants. Encore moins d’un garçon. Cette relation donne droit à de beaux moments tant visuels que sonores. Le jeu de Koji Yakusho, Masaki Suda, et Nana Mori est impressionnant. 

Les scènes entourant la mort de Toshi sont de belles réussites. Malheureusement, la qualité du jeu des 3 interprètes mentionnés un peu plus tôt fait réaliser que certains des autres acteurs ne sont pas de calibre et par moments ça dérange un peu.  

Un peu plus…

Malgré que le film se déroule sur un peu plus de 30 ans, on ne ressent pas les ellipses de temps forcés qui sont si fréquentes dans ce genre de films d’époque. On passe facilement et sans heurts de la naissance de Kenji, à son adolescence, à l’âge adulte. Le réalisateur aura su résister à la tentation de donner plus de place aux autres personnages que Kenji et son père. Ainsi, cette saga familiale se concentre sur cette relation, en donnant juste assez de place à Toshi, qui alimente le drame. 

Le volet sur l’écriture de Kenji Miyazawa n’arrive qu’à mi-chemin dans le film, et c’est très bien ainsi. Du coup, le spectateur qui ne connait pas l’auteur n’en apprendra pas énormément sur son œuvre, mais c’est un choix narratif judicieux. Ça allège le film qui en sort certainement gagnant. 

Né en 1896, le romancier et poète de la littérature pour enfants Kenji Miyazawa est aujourd’hui l’un des auteurs japonais les plus lus et les plus aimés. Ce n’est qu’après sa mort à seulement 33 ans que son travail est devenu largement reconnu. Comme quoi même un enfant rebelle pouvait exister à ce moment de l’histoire japonaise. 

Father of the milky wa railroad est présenté au TJFF, le 8 juin 2023, en ouverture de festival.

Bande-annonce