Après le cocktail d’ouverture, le vernissage de l’exposition Bijin 美人 et une soirée de danse avec Kickstart 2023, je reviens au cinéma. Je parle, bien sûr, de ce superbe festival qu’est Accès Asie.
Le 12 mai c’était la soirée de projection de courts métrages. J’ai assisté aux deux programmes, regardé beaucoup de films et parlé avec pas mal de monde. Ici, je vous présente le programme 1. Je reviendrai plus tard pour vous parler du programme deux d’Asiate en court.
Court métrage documentaire animé portant sur une relation père-fille difficile. S’appuyant sur des souvenirs d’enfance, la cinéaste explore son éducation avec son père immigrant japonais, alors concierge de son école primaire. Le film explore l’idée de la honte, comment elle peut nous façonner et nous définir, tout en cachant ce que nous pouvons vraiment devenir.
C’est la troisième fois que je vois le film d’Anne Koizumi et chaque fois il me sidère. Ce film documentaire en stop motion montre bien comment les enfants d’immigrants peuvent se sentir lorsqu’ils ne comprennent pas tous les sacrifices que leurs parents ont faits. La réalisatrice se livre en toute honnêteté et se met en position de vulnérabilité en narrant elle-même son film, qui est une lettre à son père.
Alors que l’Inde poursuit son virage vers la droite, ce documentaire partage des vignettes de discussions avec divers artistes, militants, historiens et personnes représentant la majorité, alors que le pays s’est prononcé contre les lois discriminatoires proposées sur la citoyenneté en Inde en 2019-2020. Documenté avant la pandémie de COVID, le gouvernement indien a depuis retiré les lois proposées, mais la bataille pour la justice et l’identité de la nation indienne se poursuit.
Voici un documentaire classique que la réalisatrice à tronqué afin de pouvoir le présenter au festival Accès Asie. Malheureusement, ça se sent. Par moment le montage est saccadé et on sent qu’il manque quelque chose. Cela étant dit, on en apprend beaucoup sur la situation politique et sociale de l’Inde.
Un film imparfait qui a tout de même beaucoup de mérites.
Entre badinage et drame, bavardage et trucs de skate, la réalisatrice Sal Eigh (créditée comme Althea Yi) navigue dans le riche écosystème qu’est le skatepark à travers son premier court métrage (It’s) The Pits.
Voici probablement le film le moins convaincant du programme 1. Le problème vient principalement des acteurs. Dit brutalement, ils ne sont pas très bons, pour la plupart. Il s’agit du premier film de la jeune réalisatrice qui offre tout de même de belles prises de vues. Les dialogues pourraient être intéressants s’ils étaient mieux livrés. Tout le questionnement en lien avec les jeunes qui ne respectent pas l’environnement du skatepark est intéressant. La jeune Althea Yi sait écrire. J’ai hâte de voir ce qu’elle pourra faire avec de bons comédiens.
« L’identité de l’individu ne se perd ni ne se crée; il est constamment transformé. »
Situé dans un paysage d’inspiration néo-noir, le récit suit le voyage sans fin d’Eric et son obsession pour l’infini comme source de sens. Eric dépeint son conflit interne à travers des mouvements chorégraphiques déformés, répétitifs et en boucle. Au fur et à mesure qu’il progresse dans le monde réel, il se transforme progressivement et fusionne avec l’environnement qui l’entoure jusqu’à ce qu’il atteigne un infini perçu. À ce stade, Eric transcende dans un monde virtuel 3D. Un espace vide où le temps n’existe pas, où il voit des aperçus de son passé, de son présent et de son futur. Eric quitte alors cet espace virtuel pour revenir à la réalité, entamant un nouveau cycle. Menant finalement à la fin du début du film – une boucle infinie.
Situé quelque part entre danse et expérimentation, le parcours du personnage est rythmé et visuellement intéressant. Le fait qu’il n’y ait pas réellement d’histoire autre que ce mouvement répétitif rend ce film intéressant. Il est parfait pour toute personne qui aime le cinéma d’art et d’essai.
Deux hommes se battent pour l’hygiène.
Ce film plutôt étonnant est une comédie d’action qui s’inspire un peu des films de Jackie Chan. Et je dois avouer que même moi, qui n’aime pas vraiment ce genre de films, j’ai ri et j’ai apprécié. L’histoire est simple et bien adaptée à un court métrage. La finale est excellente et le public était comblé.
Le court métrage est un format qui se prête plutôt mal à la comédie ou à l’action. Mais dans ce cas-ci, c’était parfait. Les scénaristes et réalisateurs ont bien compris comment rendre un court métrage efficace. Les scènes d’action sont plutôt bien faites et les punchs sont bien placés.
Ce film mériterait d’être vu par un plus large public. Il serait un bon ambassadeur pour le format.
Définition de « là » : là adverbe (PLACE)
« Là… » fait référence à un pays inconnu que le protagoniste considère comme sa maison. Une terre sans frontières sans caractéristiques et rien d’autre que du sol. Il n’y a pas d’architecture dans cette maison, ni physiquement ni spirituellement.
Le sol représente une entité qui incarne le potentiel de croissance. Il fait référence au pays, l’Iran; un lieu de possibilités aux multiples facettes.
Dans la littérature persane, « Iran » est un nom féminin et encore beaucoup de gens s’appellent Iran; une patrie qui donne naissance, où la croissance a lieu. Sur Wikipédia, la recherche la plus élémentaire sur Internet, il est indiqué qu’un pays est un organe territorial distinct ou une entité politique (c’est-à-dire une nation). On l’appelle souvent le pays de naissance, de résidence ou de citoyenneté d’un individu. Le court métrage s’appuie sur la question de savoir si la protagoniste se considère vraiment comme la résidente ou la citoyenne de cette terre inconnue?
Afin d’être physiquement dans ce pays, la protagoniste est forcée par l’intervieweur à être malhonnête et à douter de ses pensées. À la fin, c’est elle qui doit quitter cette terre et emporter ce « LÀ » avec elle.
There est l’exemple parfait pour démontrer que les grands films n’ont pas besoin de mille artifices. La femme est assise à un pupitre et elle lit un texte qu’on lui a donné. Il s’agit d’un film possédant un seul plan de caméra, avec un personnage à l’écran et un personnage hors champ. Un film qui explique exactement ce qu’est un état totalitaire.
L’image est magnifique et très suggestive. Un film à regarder encore et encore pour réfléchir à notre monde et à tout ce qui fait qu’il ne fonctionne pas…
Un artiste de scène de longue date rêve qu’un jour sa production musicale philippine jouera à Broadway.
Voici un magnifique documentaire sur la culture philippine, le malaise de l’homosexualité dans cette culture et une belle ode à la persistance. La prise de son est parfois problématique, surtout pendant les entrevues. Mais le sujet est bien développé et montre que les gens de culture philippine sont vraiment sous-représentés dans le cinéma et la télé au Canada. Et ils ne sont pas les seuls d’ailleurs.
Le réalisateur traite très bien son sujet et sait le rendre intéressant.
Une adoptée sino-canadienne brise le silence de l’inceste en répondant à ses archives familiales par la danse. À travers le sacrifice d’une papaye, elle rejoue son passé traumatique pour émanciper sa sexualité adulte.
Papaya est un film au sujet dur et violent. Mais la réalisatrice le traite admirablement bien. L’utilisation de la papaye pour représenter le sexe féminin est une bonne idée. Grâce à ce stratagème, elle peut montrer comment le viol par l’inceste est une sorte de destruction du corps féminin.
L’ajout d’une danseuse permet aussi de faire passer l’émotion chez le spectateur. Il s’agit aussi d’un film très personnel pour la réalisatrice qui y parle de son expérience personnelle. La scène dans laquelle le personnage détruit la papaye est d’une violence incroyable malgré qu’elle semble si innocente. Chen a trouvé une façon originale et puissante de montrer l’agression sans en faire un spectacle de chair.
Une œuvre forte qui mérite toute l’attention qu’on peut lui donner.
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Demain je poursuivrai avec ma présentation des oeuvres du deuxième programme et la liste des lauréats.
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