« — Tu as juste oublié une chose concernant les serpents des collines.
— Il adore barber les vieux chameaux comme moi?
— Sa peau est aussi froide que les glaçons des banquises. »
Un jardin plein de mystères, des gouttes de pluie qui s’unissent en communauté éphémère, une oasis drôle et colorée ou encore des bergères qui dansent avec les nuages… Le cinéma est parfois là pour nous rappeler qu’il y a tout autour de nous de multiples raisons de s’émerveiller et de rêver. Enfin, n’oublions pas qu’il existe dans la nature, un petit quelque chose qui vaut plus que l’or, le pétrole et les diamants : le germe de la vie.
Avec La naissance des oasis, Cinéma Public Films propose un programme aux tonalités naturelles et géologiques, le tout enveloppé dans une atmosphère à la fois mystérieuse, poétique et drôle. Un programme cinéma qui s’adresse aux enfants à partir de 3 ans, mais idéal à partir de 5 ans.
Contrairement aux séries, le cinéma pour les tout-petits n’est pas facile à trouver. En bas de 5 ans, un enfant ne reste pas concentré très longtemps sur une même chose. C’est là que Cinéma Public Films arrive, avec des programmes – des assemblages – de courts métrages afin de former un genre de long métrage destiné à un public selon son âge, mais aussi selon une thématique pertinente.
Pour La naissance des oasis, il s’agit du thème de l’oasis, au sens large. Que l’on parle spécifiquement de l’oasis dans un désert, comme dans le court métrage Naissance des oasis (le 2e du programme), ou que l’oasis soit plus au niveau figuré, d’une sorte d’espace de bien-être personnel, comme dans Drops, le premier film de l’ensemble.
Le tout est non seulement accessible pour les enfants à partir de 3 ans, mais il reste intéressant et pertinent pour des enfants un peu plus vieux. Mon 7 ans a beaucoup aimé d’ailleurs. Et pour une rare fois, on a eu une discussion à 3 sur les films qu’on venait de regarder. C’est le signe d’une belle réussite.
Lors d’une averse, un nuage sème une petite communauté de gouttes de pluie sur la Terre. Ensemble, elles fuient le soleil et tentent de continuer leur chemin en suivant au plus près les nuages. Mais l’exposition aux rayons du soleil est-elle vraiment synonyme de fin pour ces gouttes de pluie?
Drops est un court métrage d’animation en 2D qui montre comment le cycle de la vie est un processus normal. Ainsi, l’histoire célèbre la vie et la place naturelle de chacun dans le cycle de la vie et de la mort. C’est en mettant en scène des gouttes d’eau que les réalisateurs montrent la réalité de la vie et de la mort d’une manière facile à comprendre et non effrayante pour des petits.
L’animation est dessinée à la main et les dessins sont ensuite imprimés pour ajouter de l’aquarelle sur le revers de la page. Puis, chaque cadre est numérisé et découpé sur ordinateur puis assemblé sur des arrière-plans peints, eux-aussi, à l’aquarelle. Cette technique d’animation permet de refléter les mouvements naturels de l’eau.
Un serpent qui a le sang trop froid et un chameau qui a le sang trop chaud se lient d’amitié.
L’idée de cette histoire est née d’une légende qui expliquerait l’origine des oasis dans le désert à partir du principe d’ondulation.
Le film est réalisé en papier découpé, scanné puis animé par ordinateur. La fabrication manuelle permet à la réalisatrice de créer en utilisant des outils bien réels et palpables avant de passer à l’ordinateur. Ce plaisir sensoriel lié à une mise en œuvre artisanale apparaît à l’écran. Certains enfants y reconnaîtront les matériaux rudimentaires avec lesquels ils ont l’habitude de fabriquer leurs mondes.
C’est donc avec cette technique appréciée des enfants que ce petit film sur l’entraide touche le spectateur.
Suzie se rend régulièrement, avec ses parents, en dehors de la ville, dans des jardins partagés. Un jour, elle y rencontre un chien noir qui lui fait découvrir un jardin secret…
Suzie in the garden est un peu comme un dialogue avec l’enfance. À travers ce film la réalisatrice se met dans la tête d’une petite fille, afin de comprendre son imagination, ses peurs, et son charmant égoïsme enfantin.
Du coup, on se retrouve avec un film avec lequel l’enfant s’identifiera pleinement. Un film qui leur fera un peu peur, puisque la réalisatrice semble avoir bien ciblé les craintes des jeunes enfants.
Des bergères vivant sur le sommet du monde empêchent les nuages de fertiliser la terre grâce à leur précieuse eau. Mais l’une d’elles, à la chevelure bleue, entreprend de se rapprocher d’un nuage noir à travers une chorégraphie qui précipite sa chute. Du grondement des nuages que provoque cet épisode viennent l’orage et la pluie qui engendrent une fertilisation des sols.
Celui-ci est mon préféré du programme. Peut-être parce qu’il est aussi le plus poétique du groupe, et le plus abstrait. Mais pas trop abstrait, puisque mes garçons l’ont aussi adoré.
L’histoire se veut d’abord un conte simple et onirique sur le thème de la pluie. Il s’agit aussi d’une métaphore de la vie qui est cyclique et ne s’éteint jamais réellement : c’est à travers le lac et la montagne que continue à vivre la déesse et par la même occasion, la relation avec le mouton/nuage noir. Ensuite, on peut assimiler le nuage (mouton) noir à la « singularité » qui, en dépit de ses différences, reste un grain de sable nécessaire au cycle de la vie.
Par l’utilisation du crayon de couleur, le film a un aspect comptine enfantine. En effet, cette histoire se rapproche de ce que pourrait imaginer naïvement un enfant pour expliquer le phénomène naturel de la pluie.
Trois gigantesques montagnes sont très fières des trésors qu’elles renferment : le pétrole, l’or et le feu. Pour la petite montagne qui se trouve à leurs côtés, il est impossible de rivaliser, elle ne possède que cet étrange, minuscule et dérisoire petit quelque chose…
Ce court métrage a créé beaucoup de réactions chez mes garçons. Je crois qu’ils se sont facilement identifiés à cette petite montagne qui ne réussit pas à se sentir grande à côté des 3 géants que sont les autres montagnes. À l’image de l’enfant devant des adultes, la petite montagne se sent faible et pas très capable de rivaliser.
Comme il n’y a pas de dialogue, la conversation des enfants allait bon train pendant la projection du film. Et le dénouement final aura été parfait pour eux, et pour moi. Une finale logique, réaliste, et pas poussée.
J’aimerais donc attirer l’attention des parents de jeunes enfants, ou de ceux qui connaissent des parents de jeunes enfants. Vous avez ici une belle occasion de mettre votre enfant en contact avec de beaux films qui changeront de la réalité propagandiste de Hollywood.
Profitez-en pendant que le film est diffusé au Québec. Vos enfants en seront charmés!
La naissance des oasis est présenté aux Sommets du cinéma d’animation, les 10 et 11 mai 2023.
Bande-annonce
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