« Parlez du diable et il apparaîtra… » dans ces films inattendus et inexpliqués sur les hantises, de la nation Penobscot à la villa d’Aleister Crowley, des tics TikTok, un pépin fantomatique, du caca d’esprit et des païens nus sautant à travers des cerceaux enflammés.
Voici ce que propose le programme Nightvision des Hot Docs 2023. Une autre belle preuve que le documentaire est aussi varié que la fiction tant dans sa forme que dans son contenu.
Dans une maison perdue au milieu des bois, au bord d’un lac, un groupe s’invente un Éden éphémère. Entre moments de vie simples et rites cathartiques, ils grandissent ensemble, le temps d’un rituel.
Avec Un troisième testament, Jérôme Clément-Wilz offre une incursion dans un groupe aux rituels qui peuvent sembler étranges à première vue, mais qui, au final, amènent à réfléchir sur la notion de liberté et de bonheur. Parce que dans le fond, ce qui est la norme n’est pas nécessairement ce qui est le mieux pour nous. Non?
Le réalisateur nous offre donc de suivre ce groupe d’hommes et de femmes qui, le temps d’un weekend, vivra des moments forts et probablement inspirants. Soyez tout de même averti que certaines scènes peuvent être perturbantes. Entre autres, celle où un des participants se fait dessiner des poils sur tout le corps pour ensuite s’installer des genres de réserves de laits sur le corps, qui fonctionnent avec des tuyaux manants à des tétines afin que les autres puissent boire aux mamelles de l’homme.
C’est donc avec une caméra à la main, souvent avec une image un peu difficile à voir ou à comprendre que le spectateur découvre ce rituel entre amis. Un week-end de plaisir et de jeu, rempli de moments méditatifs, de rituels cathartiques et de totems animistes sans aucune explication, juste d’une immersion totale.
Présenté le 3 mai en salles et du 5 au 9 en streaming, au Canada.
Titre original : Un troisième testament
Durée : 38 minutes
Année : 2021
Pays : France
Réalisateur : Jérôme Clément-Wilz
Scénario : Jérôme Clément-Wilz
Les médecins ont récemment identifié une tendance inquiétante chez les jeunes : les tics potentiellement propagés via les vidéos TikTok. Pour le sociologue Dr Robert Bartholomew, spécialiste des maladies psychogènes de masse, la tendance n’est pas surprenante, mais les conséquences sont potentielles alarmantes. La portée mondiale des médias sociaux pourrait-elle signifier que nous sommes au bord de la plus grande épidémie de maladies psychogènes au monde?
Avec Believing is seeing, on pourrait dire que Sophie Black plante au clou de plus dans le cercueil de Tik Tok. Ce réseau social est de plus en plus reconnu comme étant non seulement abrutissant, mais nocif. Dans ce documentaire de type entrevues, elle montre comment cette plateforme participe à créer des maladies troublantes s’apparentant à ce qu’on appelait « hystérie collective », à une certaine époque. Une des plus connues est celle ayant mené aux pendaisons de Salem.
La formule qu’emploie la réalisatrice est simple. D’un côté, elle demande l’avis de 2 spécialistes et de l’autre, le témoignage d’une jeune femme qui souffre de ces mystérieux tics. Afin de rendre le tout un peu plus léger, elle encadre des extraits de vidéos Tik Tok avec une animation 2D.
Ce qui est le plus troublant avec ce film, c’est de voir (et ce n’est pas si surprenant, malheureusement) les jeunes victimes – principalement des femmes adolescentes – se mettre en scène dans des genres de défis aberrant comme seul Tik Tok sait le faire pour montrer à la planète entière à quel point leur vie c’est de la merde à cause de ces tics. Un de ces challenges consiste à prendre un œuf et à parler jusqu’à ce que le tic fasse en sorte que l’œuf soit cassé, projeté, écrasé…
Believing is seeing est une belle porte d’entrée pour ceux et celles qui aimeraient en apprendre plus sur les maladies psychogènes sans se casser la tête.
Fiche technique
Titre original : Believing is seeing
Durée : 11 minutes
Année : 2022
Pays : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Sophie Black
Scénario : Sophie Black
House of the Wickedest Man in the World est l’histoire d’un bâtiment en ruine près de la ville de Cefalú en Sicile. Au début des années 1920, Aleister Crowley, l’occultiste le plus célèbre de son temps, vivait dans le bâtiment, pratiquant des rituels magiques et utilisant des drogues dures pour augmenter leur intensité. Crowley a également peint des fresques sur les rituels de l’abbaye de Thelema dans son temple dans le style de Paul Gauguin, qu’il admirait. Benito Mussolini a expulsé Crowley du pays en 1923. Les fresques ont été blanchies à la chaux et la maison a été scellée.
À l’été 1955, le cinéaste expérimental Kenneth Anger a trouvé le bâtiment, a obtenu la permission d’ouvrir les scellés et l’a transformé en résidence en tant que chercheur. Anger a nettoyé une grande partie des murs de la maison de la chaux et prévoyait de tourner un film sur les fresques de Crowley et son séjour à Cefalú. Malheureusement, le film Thelema Abbey n’est jamais sorti.
De nos jours, le bâtiment est désert et se situe à côté du stade de football de la ville. Le bâtiment a été laissé à l’abandon, car on pense toujours que les « forces du mal » y sont restées.
Jan Ijäs a choisi une façon discutable pour raconter son récit. Toute la première partie du documentaire place une narration que l’on pourrait catégorisée de choquante, sur des images de la ville où est situé la fameuse résidence. Ça laisse donc place à des longueurs.
D’une certaine manière, c’est une idée intéressante, puisque ça permet au spectateur de se concentrer sur la narration, qui se trouve à être une lecture de certains passages du journal d’ Aleister Crowley. Et je vous avertis, ce n’est pas pour les âmes sensibles… Crowley y raconte ses rituels de façon détaillée et crue. Ce qui se déroulait dans cette demeure est tout aussi choquant que les scènes proposées par Pasolini dans les 120 jours de Sodome.
La seconde partie du film nous montre plus en détail la maison évoquée dans le titre du film.
Le résultat est un film déstabilisant et choquant avec une narration efficace. Une œuvre qui plaira aux amateurs d’histoires glauques.
Fiche technique
Titre original : House of the wickedest man in the world
Durée : 25 minutes
Année : 2023
Pays : Finlande
Réalisateur : Jan Ijäs
Scénario : Jan Ijäs
© 2023 Le petit septième