« Changement d’époque en cours. »
Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers qu’on appelle les « Tabac Force », reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader. Le séjour se déroule à merveille jusqu’à ce que Lézardin, empereur du Mal, décide d’anéantir la planète Terre…
Dans ce nouveau long-métrage de Quentin Dupieux, cependant court compte tenu des durées actuelles des films, sont conviés les super-héros parodiés, les histoires qui font peur et les « super méchants à combattre ».
Au sein du cinéma français, assez rares sont les réalisatrices et réalisateurs qui manient l’humour et la dérision avec un tel sens de l’absurde.
Quentin Dupieux, réalisateur reconnu pour ses œuvres décalées telles que Rubber, sorti en 2010 et Le Daim, sorti en 2019, occupe une place à part au sein du cinéma français.Ce passionné de musique a débuté à la fin des années 90 par le biais des clips musicaux, alors connu sous le pseudonyme de Mr Oizo.
Depuis 2018, il maintient le rythme d’un film par an et parvient à désarçonner critiques et spectateurs.
La scène d’ouverture nous montre une famille en voiture, un couple avec un enfant à l’arrière. Alors qu’il demande à ses parents de s’arrêter, le garçon observe une scène au loin qui semble le fasciner.
« Les Tabac Force »! L’enfant en est fan et souhaite être pris en photo avec eux. Ce sont en fait cinq adultes en combinaison bleue, dont l’objectif est de combattre de grands méchants qui veulent souvent détruire le monde… Ces comparses étant dirigés par chef Didier, un rat géant qui leur donne des consignes en visioconférence, la plupart du temps la bave aux lèvres. Il y a aussi Norbert le robot, une sorte d’intermédiaire qui leur rappelle les règles à respecter. Mais tout ce beau monde va avoir pour nouvelle mission…
Lézardin va anéantir la planète Terre, il faut agir vite! Benzène, Méthanol, Nicotine, Mercure et Ammoniaque, les Tabac Force, sont prêts pour de nouvelles aventures.
Mais il est très important également de conserver la cohésion du groupe. Si chef Didier est satisfait des exploits de ses membres, il semble que ceux-ci tendent de plus en plus vers l’individualisme.
Alors, que faire? Chef Didier préconise que le groupe parte en retraite, dans un hébergement au bord d’un lac, discute, fasse des veillées au feu de camp, comme chez les scouts.
Le groupe trouve le logement adéquat et sophistiqué, bénéficie même d’un « frigo supermarché »… Tout est mis en place pour que l’ambiance s’améliore.
C’est sans compter les réflexions amoureuses de Nicotine, ainsi que les histoires qui font peur… et désarçonnent une partie du groupe! Car le réalisateur instaure un nouveau souffle à son film, en y incorporant des histoires à la fois décalées, surprenantes et angoissantes au sein du schéma principal.
C’est avec plaisir que nous observons Adèle Exarchopoulos ou Blanche Gardin se débattre avec des complexités surnaturelles, pourtant originaires du quotidien.
Humour, décalage, emprunts aux films de genre… Ce film à la fois potache et percutant convie des acteurs très convaincants, et semble prendre plaisir à jouer sur les codes sans jamais se prendre au sérieux. Le dramatique se mêle au second degré, la réalité à l’imaginaire. Et les idées regorgent, parfois philosophiques ou choquantes, toujours avec second degré…
Bande-annonce
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