« It’s kinda interesting to have done the voice of something that is actually a bigger star than you are. »
[C’est plutôt intéressant d’avoir fait la voix de quelque chose qui est en fait une plus grande star que vous.]
Brad Dourif
Living with Chucky jette un regard en profondeur sur la franchise Child’s Play, du point de vue d’une cinéaste qui y a grandi avec ce personnage. Avec des entretiens avec des acteurs et des membres de l’équipe tels que Brad Dourif, Jennifer Tilly, Alex Vincent, le créateur Don Mancini, et bien plus encore, ce film personnel raconte le dévouement, la créativité et les sacrifices nécessaires à la création de la franchise et son impact durable sur l’horreur.
Avec son documentaire, Kyra Elise Gardner propose, pour son premier film professionnel, une œuvre étonnamment personnelle et franchement intéressante. Si vous avez grandi avec ce petit monstre dans votre culture cinématographique, vous ne voudrez pas passer à côté de ce film.
Qui aurait cru qu’un documentaire sur une franchise de films d’horreur pouvait être aussi intime? Notons qu’à la base, ce documentaire n’était supposé être qu’un court documentaire de fin d’études. En effet, la réalisatrice a proposé son projet à son prof comme simple projet qu’elle était obligé de faire, elle qui dédaignait le format documentaire.
« I originally intended making a short on what it was like growing up with a special effects makeup artist as a dad. I used to think I had a very normal childhood, but as I grew older, I realized not every other kid came home from preschool to monsters, aliens, or fake dead bodies that their father took home from work. Most notably Chucky, the killer doll from Child’s Play, was something I would constantly come home to at the ripe age of four and would give me nightmares for years to come. When I pitched the short in class, a teacher pointed out how often I referred to Chucky as my own brother and encouraged me to focus on that subset of my life since it is something that has been ingrained in my family for the past twenty years. » [Au départ, j’avais l’intention de faire un court métrage sur ce que c’était que de grandir avec un créateur d’effets spéciaux en tant que père. J’avais l’habitude de penser que j’avais eu une enfance très normale, mais en vieillissant, j’ai réalisé que tous les autres enfants ne revenaient pas à la maison, de la maternelle, en y retrouvant monstres, extraterrestres ou faux cadavres que leur père avait ramenés du travail. Plus particulièrement, Chucky, la poupée tueuse de Child’s Play, était quelque chose que je voyais constamment à l’âge de quatre ans et qui m’a fait faire des cauchemars pendant des années. Lorsque j’ai présenté le court métrage en classe, un enseignant a souligné la fréquence à laquelle je parlais de Chucky comme de mon propre frère et m’a encouragé à me concentrer sur ce sous-ensemble de ma vie, car c’est quelque chose qui est ancré dans ma famille depuis vingt ans.]
Pardonnez-moi cette très longue citation. Mais je trouve qu’elle explique bien pourquoi ce documentaire est devenu un film si personnel. Cela dit, la réalisatrice reste très discrète dans le documentaire. En fait, pendant plus d’une heure, on ne la voit pas intervenir. On ne réalise même pas sa présence ou encore qui elle est.
Le documentaire est monté à un rythme rapide, où les discussions, les lieux et les extraits s’enchaînent de façon aussi fulgurante que dans un film de fiction. Un rythme vraiment agréable qui permet à Living with Chucky de sortir du lot.
La dernière partie du film, par contre, met l’accent sur le lien que la jeune réalisatrice entretien avec cette seconde famille. La caméra lui fait soudainement une place aux côtés des autres intervenants. Chacun expliquant à quel point la réalisatrice était une part importante de leur famille puisque, comme Fiona Dourif d’ailleurs, elle a grandi devant leurs yeux, faisant parfois partie des gens qui venaient sur le plateau. Une des anecdotes amusantes du documentaire est celle où la réalisatrice se rappelle qu’une des premières images qu’elle a vu sur le tournage, c’était celle de son père qui se faisait décapiter par Chucky. Un petit traumatisme semble-t-il.
Ce film est donc non seulement un portrait de ces gens, mais aussi un portrait d’une des franchises d’horreur les plus originales à avoir vu le jour dans les 30 dernières années.
Quand on regarde des films, on ne réalise que rarement tout le travail qu’il y a derrière ces quelques minutes de plaisir que nous avons, confortablement installé dans notre fauteuil de cinéma ou dans notre salon. En tant que critique, on a aussi tendance à l’oublier. Je voudrais donc citer un des intervenants qui dit à peu près ceci : « Même le plus mauvais des films demeure un énorme travail pour ceux qui le font. »
C’est d’autant plus vrai pour un film comme Child’s Play, alors que même aujourd’hui, ces films utilisent une vraie poupée plutôt que des effets en CGI comme la majorité des films d’horreur. Et honnêtement, c’est tellement mieux. Les acteurs et actrices sont tous en accord avec ça. Ils disent tous que c’est tellement plus facile et agréable d’interagir avec Chucky qu’avec une balle de tennis ou de ping-pong qui tient lieu du personnage qui sera éventuellement ajouté numériquement.
Quant à la marionnette tueuse, saviez-vous que ça prend entre 8 et 10 personnes pour la faire bouger? Quand on parle d’une tâche incommensurable, c’en est une. Une personne fait bouger les yeux, une autre les sourcils, une autre la tête… Vous pouvez imaginer à quel point c’est complexe de faire en sorte que la marionnette fasse exactement le bon mouvement au bon moment lorsqu’il se promène et qu’il aperçoit sa victime.
Dans ce cas précis, il y a aussi les enjeux typiques de beaucoup de gens qui travaillent dans le monde du cinéma : l’exil. Derrière les rencontres et les entrevues que propose la réalisatrice, il y a une grande tristesse qui transparait. Pour les tournages de la franchise Child’s Play, tant les acteurs que les membres de l’équipe technique ont passé de longues semaines, voir des mois, loin de leur famille respective. Alors que beaucoup de films se tournent en deux ou 3 semaines, ceux-ci ont souvent pris plus de 4 semaines, souvent dans d’autres fuseaux horaires.
Né dans les années 80, Child’s Play aura été un vent de fraicheur dans le cinéma d’horreur. Le film d’horreur a ensuite engendré six suites, une série télévisée de plusieurs saisons, un reboot, des bandes dessinées, un jeu vidéo et des tonnes de marchandises.
Écrit et réalisé par Kyra Elise Gardner, fille du légendaire artiste d’effets spéciaux Tony Gardner, Living With Chucky revient sur la franchise d’horreur révolutionnaire avec ceux qui y étaient depuis le début. Le documentaire détaille l’histoire des films Child’s play du point de vue des acteurs et de l’équipe, en plus de la propre relation de Gardner avec la série et de l’impact qu’elle a eu sur sa famille.
Living With Chucky est une lettre d’amour non seulement pour la franchise, mais aussi pour les personnes qui travaillent si inlassablement pour continuer à amener Chucky dans les foyers des fans d’horreur du monde entier.
Je terminerai sur une autre citation de la réalisatrice qui parle des fans de Chucky :
« They had so much passion and love for a character they considered to be their icon, yet to me he’s just my little brother who always gets to ride shotgun (I’m not joking, you have to buckle up Chucky anytime you travel). I knew other eighties slashers like Freddy and Jason had their own documentaries, but there wasn’t something out there that was solely dedicated to the Child’s Play franchise in its entirety. It was my chance to show fans, either new or day one die-hards, a glimpse into my reality. » [Ils avaient tellement de passion et d’amour pour un personnage qu’ils considéraient comme leur icône, mais qui pour moi, c’est juste mon petit frère qui arrive toujours à monter un fusil de chasse (je ne plaisante pas, vous devez attacher Chucky chaque fois que vous voyagez). Je savais que d’autres slashers des années 80 comme Freddy et Jason avaient leurs propres documentaires, mais il n’y avait rien là-bas qui était uniquement dédié à la franchise Child’s Play dans son intégralité. C’était ma chance de montrer aux fans, nouveaux ou inconditionnels du premier jour, un aperçu de ma réalité.]
Je vous suggère vivement ce documentaire!
Bande-annonce
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