« — Samri, tu peux ouvrir la portière s’te plait?.
— Nique ta race!
— Tu vois, lui il travaille pas pour moi. »
Le fils de l’homme le plus riche de France fête ses 11 ans et choisit comme jouet, Sami, le gardien de nuit d’un grand magasin qui appartient à son père.
Francis Veber avait réalisé Le jouet en 1976, avec Pierre Richard comme jouet. Un bon film qui est devenu un classique. Ici, Huth a choisi des acteurs vedettes en Daniel Auteuil (Philippe Étienne) et surtout Jamel Debbouze (Sami) qui a participé à l’écriture.
Le remake de James Huth a fait beaucoup jaser, mais pas pour les bonnes raisons.
Le film est agréable à regarder si l’on fait abstraction du film original, si on est assez jeune pour ne pas connaître l’existence du premier ou si on l’a oublié. Agréable si on se laisse aller dans la légèreté du moment à manger du popcorn et ne penser à rien.
Mais. Il y a un gros MAIS. Les Américains avaient aussi fait un remake du film de Veber, mais avaient eu l’indélicatesse de choisir un Noir comme jouet. Un Blanc riche avec son fils blanc qui choisit un Noir pour s’amuser. Bien avant Trump, bien avant les É.-U. de maintenant.
James Huth, lui, a choisi un Arabe.
Ou peut-être que Jamel Debbouze s’est imposé pour le rôle, je ne sais pas. Toujours est-il que ça crée un malaise. Et pour ceux et celles qui n’y voient pas de malaise, c’est encore pire, ça tombe sous le coup du naturel, c’est normal que ces gens-là (les immigrants) soient à notre service…
J’ai visionné ce film sans préjugé, je suis un fan de Jamel et je trouve que Daniel Auteuil est un grand acteur. Le film fonctionne bien, les liens sont bons sauf pour ce qui est de la transformation du jeune Alexandre qui joue l’enfant gâté-pourri qui met tout le monde à son service et qui devient, comme par magie, sensible, attachant et modeste.
Auteuil joue juste, sévère et froid, mais c’est loin d’être son meilleur rôle. Jamel est très attachant. Du Marocain tricheur et fauché, on lui offre une position très payante (2000 euros par jour) et il rend très bien le tiraillement entre cette vie de gain facile et sa vraie vie, sa femme enceinte de 8 mois, sa cité de travailleurs et de chômeurs immigrants.
Et, comble de malheur, l’enfant gâté est le fils du milliardaire qui possède l’usine qui embauche tous les amis et la femme de Sami, le Groupe Étienne qui veut fermer l’usine. Bien sûr, qu’ici aussi, la magie opérera et Sami convaincra M Étienne de ne pas fermer.
Un film prévisible, mais bien joué, surtout si on aime Jamel Debbouze. Le jouet modernisé en Le nouveau jouet. On a fait l’erreur de mettre un Arabe comme jouet, on doit maintenant vivre avec les commentaires et critiques qui sont assez négatifs surtout du côté des Français.
À un moment dans le film, le milliardaire qui rencontre dans son manoir des gens importants, demande le silence. Il a entendu rire son fils. C’est le moment charnière du scénario, on aurait pu exploiter davantage cette scène.
Donc, le scénario, même emprunté d’un film de 1976, est bon. Les acteurs sont formidables, surtout Jamel Debbouze, les moyens techniques sont à la fine pointe des dernières inventions, mais, tout ça ne fait pas nécessairement un bon film qu’on aura envie de revoir à cause de ce malaise qu’apporte la présence d’un immigrant que l’on choisit comme simple jouet pour un enfant hypergâté.
Aussi, Jamel Debbouze a une infirmité. De naissance, il a la main droite petite et invalide. Sur scène, quand il fait de l’humour, il en a souvent parlé. Il fait avec, ça fait partie de sa personnalité. Mais ici, dans ce film, où il joue Sami Chérif, il n’y a aucune allusion à son handicap. Il me semble que l’enfant ou l’entourage de l’enfant auraient dû questionner cela.
Il est difficile de donner une note à un film qui est en soi assez bon pour mériter un 9 mais à cause de la trop grande facilité dans le changement d’attitude du jeune et à cause du malaise causé par le choix d’un Arabe comme jouet…
Bande-annonce
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