« Einschöner morgen. »
Sandra (Léa Seydoux), jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg (Pascal Greggory). Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue depuis longtemps…
Mia Hansen-Løve complète son œuvre avec ce nouveau film, qui évoque les aléas du quotidien à travers la prise en charge de la maladie du père de Sandra, l’héroïne, Georg Kinsler. Léa Seydoux interprète le rôle de cette jeune femme traductrice d’allemand, qui doit gérer un quotidien parfois pesant et mélancolique.
Mia Hansen-Løve, après avoir tourné Bergman Island avec Tim Roth, Vicky Krieps et Mia Wasikowska, retrouve la France, Paris, et quelques valeurs sûres du cinéma français.
Comme souvent dans son cinéma, le synopsis est court, présente des aspects du quotidien teinté d’une douceur mélancolique et avec des protagonistes en proie à des obligations parfois difficiles à supporter.
Sandra rend régulièrement visite à son père, interprété par Pascal Greggory, au sein de son appartement parisien. Ancien professeur de Philosophie en classes préparatoires, il est devenu aveugle et de plus en plus dépendant, suite à une maladie dégénérative. Entouré de ses livres, représentatifs selon Sandra de l’âme de son père, sa situation se dégrade, mais il est cependant entouré de ses filles et de sa nouvelle compagne, qui lui rendent visite régulièrement.
Se pose alors la question de la prise en charge, pour un quotidien de plus en plus entravé par des tâches jusqu’alors simples, aujourd’hui complexes.
Nicole Garcia interprète le rôle de Françoise, ancienne compagne de Georg. Dotée d’un tempérament direct et engagée dans différents mouvements, dont « Youth for Climate », elle affirme que son ancien conjoint ne peut plus rester vivre dans son appartement et qu’il va maintenant falloir commencer à organiser son départ pour une inscription en EHPAD.
Le poids de cette décision pèse sur Sandra, parfois accompagnée de sa sœur. L’héroïne connaît l’importance des mots et des livres pour son père, et se sent déchirée de devoir le couper de ses habitudes de vie.
Françoise est sèche, mais réaliste, et occupe le rôle d’une certaine prise de conscience au sein de la famille. Sandra, jeune veuve, doit également s’occuper de sa fille Linn, âgée de 8 ans. Face à ces difficultés de la vie, on sent parfois le personnage triste et mélancolique.
Les retrouvailles avec Clément, ancien ami de son conjoint décédé interprété par Melvil Poupaud, vont lui apporter une bouffée d’oxygène. Les appels et messages ne sont cette fois plus de l’ordre de l’aide et de la nécessité, mais d’une amitié qui se transforme en amour.
Si le parallèle paraît parfois un peu simple entre la perte progressive du père et le rapprochement avec son nouvel amant, cette dernière rencontre permet d’alléger la mélancolie de ce long-métrage, et d’apporter espoir et légèreté.
En effet, Georg est d’abord inscrit à l’hôpital, puis dans différents EHPAD, plus ou moins accueillants. Les murs sont blancs et tristes, mais le regard de la réalisatrice semble juste, cela probablement dû aux éléments autobiographiques. La rencontre avec Clément et les différentes étapes de leur relation naissante est davantage attendue, cependant Léa Seydoux et Melvil Poupaud interprètent leurs personnages avec brio.
Mia Hansen-Løve parvient à parler du quotidien et à graver en nous des images sensibles et évocatrices, telles celles de Georg dans son appartement ou des échanges entre Françoise et sa fille, Sandra. Sa mise en scène épouse les trajectoires des personnages, prend le temps de filmer des scènes qui peuvent sembler banales, mais qui sont en fait indispensables à l’ensemble.
Enfin, Pascal Greggory joue parfaitement le rôle qui lui est confié, celui d’un homme perdu dans ses réflexions et en quête de repères. Je recommande donc ce film sensible, mélancolique et avec des acteurs qui offrent de très justes interprétations.
Bande-annonce
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