« Mais qu’est-ce que je fous dans ton corps!?! »
Un matin, les Morel se réveillent avec un gros problème. Ils découvrent que l’esprit de chacun est coincé dans le corps d’un autre membre de la famille! Chacha, 6 ans (Rose de Kervenoaël), est dans le corps de Papa, Papa (Franck Dubosc) dans le corps de son ado de fils, le fils (Nils Athenin-Girard) dans le corps de la grande sœur, la grande sœur (Mathilde Roehrich) dans le corps de la mère, et la mère (Alexandra Lamy) dans le corps de Chacha…. Vous n’avez pas suivi? Eux non plus. Et ce n’est que le début.
Avec Le sens de la famille, Jean-Patrick Benes propose un bon film familial, avec de belles performances d’acteurs. Comme quoi, parfois, un thème sans originalité peut produire un film assez original.
Le concept du film dans lequel deux personnages changent de corps pour un certain temps est usé à la corde. Ce concept revient toutes les quelques années à Hollywood. Dans les plus récents, on pourrait simplement citer Freaky Friday. De façon générale, un adulte change de corps avec un ado. Parfois c’est un homme et une femme. L’idée derrière ce concept est de faire rire en mettant dans une situation improbable des personnages. C’est aussi l’idée de faire voir les situations d’un autre point de vue.
Mais là où Le sens de la famille est vraiment original, c’est qu’il pousse beaucoup plus loin l’idée du changement de corps. Ici, ce sont 6 personnages qui s’échangent les corps. Et les âges varient de 6 ans à 77 ans. Et de façon générale, chaque acteur s’en tire franchement bien.
Le défi de ce genre de réalisation est de ne pas perdre le spectateur en cour de route. Parce que les personnages ne changent pas de corps une seule fois. Ce qui demande au spectateur un peu plus d’attention qu’il n’a l’habitude d’en fournir pour ce genre de comédie familiale. Mais le petit effort en vaut le coup. Non seulement Dubosc et Lamy sont excellents dans leurs multiples rôles, mais la jeune Rose de Kervenoaël est simplement magistrale. La fillette de 9 ans doit interpréter non seulement une gamine de 6 ans, mais aussi la mère et cheffe de famille.
D’ailleurs, pour aider le spectateur à ne pas se perdre, le réalisateur a décidé d’incorporer certains traits caractéristiques à ses personnages afin qu’ils soient facilement repérables, même si cela signifiait un léger anachronisme. Par exemple, une bonne mère de famille ne fumerait certainement pas avec le corps de sa fillette de 6 ans, et une fillette de 6 ans ne sucerait pas nécessairement son pouce en tout temps. Mais on pardonne ces incartades assez facilement.
Les Européens, et particulièrement les Français, n’ont pas peur d’aller là où nous, Nord-Américains, n’avons pas le courage d’aller. Plusieurs éléments qui aident à rendre Le sens de la famille bon n’auraient jamais passé la phase de validation ici. Je donne quelques exemples.
Jamais un film dit « familial » ne montrerait une femme seins nus. Encore moins à deux reprises. Et encore moins dans une scène où elle les montre à un ado dans le simple but de l’allumer. C’est quand même un film qui est destiné à des jeunes de 7 ans et plus.
Mais il y a surtout la fillette de 9 ans (6-7 ans pour le personnage) qui n’a de cesse de prononcer des jurons et qui parle d’adultère. Et surtout, elle fume. Bien sûr, c’est la mère de 40 quelques années qui est dans le corps de Chacha à ce moment. Mais ici, c’est déjà dur de faire passer qu’un personnage adulte fume, imaginez une fillette de 7 ans…
Parlant de Rose de Kervenoaël, je dois redire à quel point elle est impressionnante. Si ce n’était de son apparence, on pourrait croire qu’elle est effectivement une femme de 45 ans. Elle est, pour moi, la star du film. Juste pour la voir en action, ça vaut le coup de regarder ce film.
Le sens de la famille est un film qui peut parler à presque n’importe qui, parce qu’en fait, c’est l’histoire d’une famille qui ne s’entend plus, d’un couple qui s’est perdu et d’un homme désenchanté. Le genre de chose que tout le monde vivra au moins une fois dans sa vie.
Ici, ça donne une comédie de situation assez efficace, dans laquelle de bons comédiens s’en donnent à cœur joie. Et pour ceux qui savent comment ça peut être difficile d’imaginer l’interprétation d’un même personnage par deux acteurs différents, vous comprenez l’ampleur du défi lorsque 3 acteurs différents doivent s’entendre et se coordonner sur un personnage.
Je vous invite donc à regarder ce film sur lequel l’équipe de Cinéfranco a réussi à mettre la main.
Bande-annonce
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