« Grita ahora y te mato. »
[Crie maintenant et je te tue.]
Après avoir survécu à une agression, Diana décide que quelque chose doit changer. Elle va désormais se faire justice elle-même et changer son nom en « Dana », qui se traduit par « celle qui juge ».
Avec Dana, Lucía Forner Segarra offre un film violent et brutal pour répondre à la violence et à la brutalité de la société espagnole qui accepte trop facilement que des hommes violent des femmes.
Il y a deux façons de voir ce court métrage. On peut le voir comme une métaphore ou un fantasme dans lesquels on se fait du bien en imaginant qu’une victime prend sa revanche sur son agresseur. Ou, on peut le voir comme une apologie de la violence et la valorisation de la vengeance pour punir un agresseur.
Je crois que la réalisatrice a créé cette histoire dans une optique plus proche de la première hypothèse. Cela étant dit, il vaudrait peut-être mieux ne pas le laisser regarder à une personne à l’esprit un peu faible. Car si on le prend au premier degré, il y a un certain danger.
Mais comme nous sommes entre personnes intelligentes, nous allons plutôt profiter du fait que ce film fait du bien. Diana, notre héroïne, décide de se relever les manches après son agression afin de débarrasser sa ville des violeurs qui ont été remis en liberté malgré qu’ils ne sont pas réhabilités. D’un point de vue fantasmé, ce film montre de merveilleuse façon comment une personne ordinaire peut s’imaginer régler les problèmes que la justice ne règle pas. L’actrice principale (Thais Blume) est excellente passant d’une femme démolie au bord de la dépression, à une femme forte qui prend les choses en mains.
A-t-on besoin de ce genre de films? Malheureusement, oui. Encore aujourd’hui, les sociétés occidentales sont incapables de régler les problèmes d’agressions sexuelles. C’est d’ailleurs un traumatisme personnel qui a amené la réalisatrice à faire ce film.
« The idea of Dana arises from a combination of two traumatic experiences I had. I once suffered an assault with strangulation, from which I was ultimately able to break free. I avoided being raped. But during the struggle to free myself from the attacker, trying desperately to preserve my physical integrity, I felt that if I had the means to do so, I would have killed the attacker. I learned afterwards from the police that the assailant was a repeat offender. » [L’idée de Dana est née d’une combinaison de deux expériences traumatisantes que j’ai vécues. J’ai subi une fois une agression avec strangulation, dont j’ai finalement pu me libérer. J’ai évité d’être violé. Mais pendant la lutte pour me libérer de l’agresseur, essayant désespérément de préserver mon intégrité physique, j’ai senti que si j’en avais eu les moyens, j’aurais tué l’agresseur. J’ai appris par la suite par la police que l’agresseur était un récidiviste.]
Lucía Forner Segarra
C’est un peu la question que pose le film. Comment peut-on libérer aussi facilement certains violeurs? Il semblerait qu’il est fréquent que des violeurs qui ont une peine de plusieurs dizaines d’années soient libérés après en avoir purgé seulement une dizaine. La réalisatrice ne semble pas remettre en doute la possibilité de réformer une personne. Elle met plutôt en doute la façon dont les autorités jugent si une personne peut être relâchée ou non.
En montrant de façon assez brutale une réplique à ces actes, la réalisatrice amène l’idée que si les autorités ne prennent pas les choses en mains, il n’est pas impossible, un jour, que ça dégénère.
Dana n’est pas un film qui passera à l’histoire. Par contre, il fera réagir de par la violence graphique et du sujet dont il traite.
Ne reste plus qu’à espérer que suffisamment de personnes le verront pour que l’effet puisse être propulsé…
Bande-annonce
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