« Elle est où? »
Sébastien (Robinson Mensah Rouanet), 10 ans, passe ses vacances à contrecœur à la montagne chez sa grand-mère (Michèle Laroque) et sa tante (Alice David). Il doit donner un coup de main à la bergerie, rien de bien excitant pour un garçon des villes comme lui… mais c’est sans compter sur sa rencontre avec Belle, une chienne immense et maltraitée par son maître. Prêt à tout pour éviter les injustices et protéger sa nouvelle amie, Sébastien va vivre l’été le plus fou de sa vie.
Avec Belle et Sébastien : Nouvelle génération, Pierre Coré insuffle un nouveau souffle à ce qui fut une série presque mythique. Et malgré qu’il s’agisse d’un reboot, il parvient à bien moderniser l’histoire afin de réellement parler aux nouvelles générations.
Belle et Sébastien : Nouvelle génération s’adresse aux enfants d’une dizaine d’années et, malheureusement, n’a que trop peu à offrir aux adultes. Mais il y a une chose que ce film réussit — et où beaucoup ce sont cassé le nez — particulièrement bien : moderniser une histoire très connue afin qu’une adaptation fasse réellement du sens.
Pour y arriver, le réalisateur est parti de la base, en se demandant ce que représente la montagne aujourd’hui. C’est à dire, un territoire assez restreint que se partagent plusieurs activités humaines : exploitations agricoles, élevage, pression touristique et prise de conscience écologique. C’est un territoire fragile qui se retrouve en première ligne du dérèglement climatique.
Cette adaptation de l’œuvre de Cécile Aubry ne raconte pas seulement l’histoire d’un garçon de 10 ans qui se retrouve à la montagne. Le réalisateur a eu la bonne idée de toucher, de façon légère, des thèmes qui sont chers aux jeunes générations : l’importance de la campagne, l’écologie, les problèmes de pénurie d’eau et la transmission des savoirs entre les générations (dans les deux sens).
Et donc, pour faire passer Belle et Sébastien dans la modernité, Coré s’est inspiré de sa propre famille :
« Je vis à Paris, j’ai des enfants parisiens, et je vois comment ils se comportent à la campagne : leur première obsession, c’est de savoir s’ils auront la WiFi ! (Rires) J’ai donc fait de Sébastien un petit parisien. Je trouvais intéressant de partir de ce personnage et de le plonger en « terre inconnue », à une époque où on oppose beaucoup Paris à la province. »
Au final, cette montagne devient un personnage à part entière. Par moment un adjuvant, et à d’autres moments, un adversaire. Et d’un bout à l’autre, un paysage à couper le souffle.
L’enfant et l’animal, c’est presqu’un genre en soi. Cette relation fascine et l’enfant, qui n’est pas empreint de l’orgueil de l’adulte, n’a pas encore séparé sa propre nature de tout le règne animal. C’est la beauté de ce lien qu’exploite le réalisateur ici : l’enfant voit encore l’animal comme un égal. En 2022, le film n’est plus l’histoire d’un chien qu’on apprivoise. Sébastien ne le veut pas, il ne veut jamais posséder Belle. Il s’agit d’une rencontre. Celle de deux êtres qui vont s’épauler et tenter de résoudre ensemble les problèmes qui leur sont posés. Belle est un animal épris de liberté. C’est son objectif primal; courir libre dans la montagne. Son maître l’en empêche. Il est encore dans l’ancien monde; c’est SON chien. Et il ne se gêne pas pour montrer à la bête que c’est lui le maître. C’est l’arrivée de Sébastien dans son univers qui va rendre enfin possible, après mille embûches, son désir de liberté.
Mais il n’y aurait pas vraiment de film s’il n’y avait rien de plus que cette jolie relation entre un enfant et un chien. Le film nous présente donc une famille moderne, dysfonctionnelle, avec des zones d’ombre et de nombreux conflits dont on ne parle pas et, c’est le lien entre Belle et Sébastien qui va permettre de résoudre certains différends et de jeter un éclairage sur ces non-dits qui se révèlent toxiques. Belle servira ainsi de catalyseur. C’est en partant de cette relation entre l’enfant et l’animal qu’on vient à comprendre ce qui crée tant de conflits dans cette famille dans laquelle il n’y a que des femmes, à l’exception de Sébastien.
C’est la force de la relation entre l’enfant et l’animal qui permet à la famille d’affronter ses secrets et — évidemment — de les surmonter.
Il y a un autre détail qui est vraiment intéressant dans cette nouvelle mouture de Belle et Sébastien. Il s’agit de l’image projetée du loup. Les films et les contes pour enfants présentent toujours cet animal comme le méchant ultime. Il est cruel, il est fourbe et il a de mauvaises intentions.
Ici, les loups sont une vraie source d’aventure et incarnent à la fois le défi qui attend nos personnages et le désir de Belle. Du coup, ces bêtes que l’on voit comme de cruels assassins de moutons au début du film, s’avèrent n’être rien de pire que d’autres animaux qui tentent de survivre, comme chacun des personnages de cette histoire.
Je dois terminer sur un petit avertissement. Certaines scènes pourraient être un peu traumatisantes pour certaines personnes. Je pense principalement à cette scène où on voit plusieurs cadavres de moutons ensanglantés après le passage des loups.
Il y a aussi une scène qui pourrait causer un certain malaise pour les parents. Disons qu’après la naissance de l’agneau, on a eu droit à une grande interrogation : « pourquoi le bébé est couvert de sang, papa? »
J’ai donc eu le luxe d’expliquer à mes garçons comment un bébé arrivait sur cette Terre…
Bande-annonce
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