« Recevoir des compliments qui me font sentir bien. Avoir l’impression d’appartenir quelque part. Parce que j’ai l’impression que j’appartiens nulle part. »
Au fil de moments dans la vie de trois groupes d’adolescentes, d’images glanées sur le web et de vidéos en direct (« live ») de jeunes femmes aux quatre coins du globe, Jouvencelles nous plonge dans l’univers des adolescentes d’aujourd’hui. Nous observons avec délicatesse une génération hyperconnectée, mais isolée, habitée par une grande lucidité, une lutte intérieure contre l’obsession de l’image de soi, et un besoin d’affirmation de soi face à un complexe sentiment d’aliénation.
Avec Jouvencelle, Fanie Pelletier offre une œuvre documentaire qui pousse à réfléchir tout en permettant au spectateur de découvrir une génération au mode de vie qui « clash » avec celui des plus vieux.
Vendredi soir avait lieu la première québécoise de ce film au parcours atypique. C’est dans un Cineplex Quartier Latin bondé que le film a été projeté. Je réitère d’ailleurs mon aversion envers cette salle. Le personnel est antipathique, l’organisation n’est pas très efficace et ce n’est pas très intime pour un festival.
Il y avait du monde, donc, pour ce film québécois. La réalisatrice était aussi sur place, avec toutes ses jouvencelles. Une fois les gens entrés dans la salle, avec 15 minutes de retard, la réalisatrice a rapidement présenté son film tout en nous conviant à un Q&A après la séance.
Le Q&A a commencé avec un bon 15 minutes de délai dû à un micro qui ne fonctionnait pas. Malheureusement, plusieurs personnes sont parties à ce moment, tanné d’attendre. C’est dommage, car la réalisatrice nous a offert, avec sa « gang », un beau moment de discussion.
La réalisatrice a donc expliqué le grand défi du processus de casting alors qu’elle a par une belle erreur, c’est-à-dire de caster de façon classique en allant dans des écoles secondaires pour afficher et que ce fut un gros zéro. Elle a finalement réalisé que pour rejoindre les jeunes qui vivent sur les réseaux sociaux, il fallait les contacter par les réseaux sociaux. Finalement, il semblerait qu’un petit 30$ de pub était plus que suffisant pour recevoir des tonnes d’offres de groupes d’amies, car d’emblée, elle voulait des groupes.
Il y a quelqu’un qui a posé une question intéressante à savoir comment les jeunes femmes ont vécu le fait de ne pas avoir le contrôle de leur image. C’était intéressant de voir que pas mal toutes les filles ont aimé l’expérience malgré que c’était difficile de n’avoir aucun contrôle sur l’image. Ce qui ressort, c’est la confiance que les jeunes avaient en la réalisatrice. Je crois que lorsqu’on fait du documentaire avec des gens, la confiance qu’ils donnent au réalisateur est primordiale. Fait intéressant, il semblerait que les filles sont contentes de voir que leur « personnage » à l’écran, les montre vraiment comme elles sont.
Je ne résumerai pas les 30 minutes de « questions et réponses », mais je veux mentionner une question provenant d’une fillette. Voici sa question : il y a une fille qui a dit qu’elle ne se sentait pas à l’aise de parler avec ses parents, puis qu’elle se sentait plus à l’aise de parler aux réseaux sociaux. Qu’est-ce que ça vous apporte de plus de parler aux réseaux sociaux qu’à vos parents? Pourquoi vous vous sentez plus à l’aise de parler aux réseaux sociaux qu’à vos parents ou à vos proches?
La réponse : les personnes des réseaux sociaux ne vont pas te juger en pleine face et s’il te juge, tu t’en fous, alors que si tes parents te jugent, ça fait mal.
N’est-ce pas un peu triste?
Jouvencelles est présenté aux RIDM, les 18 et 24 novembre 2022.
Bande-annonce
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