« I’m sorry! »
[Je suis désolé!]
Shawn (Joseph Winter), une personnalité du web en disgrâce tente de reconquérir ses abonnés en diffusant, en direct, une nuit qu’il passera seul dans une maison hantée. Mais quand il énerve accidentellement un esprit vengeur, son grand événement de retour devient un combat pour sa vie, en temps réel.
Avec Deadstream, le couple Joseph et Vanessa Winter prouve que le style « found footage » n’a pas encore tout montré ce qu’il avait à montrer. Et surtout, ils offrent un film terrifiant comme il n’en est pas sorti des États-Unis depuis un bon nombre d’années.
À l’aire des influenceurs, quoi de plus actuel qu’un influenceur qui se lance dans une aventure complètement stupide pour gagner des likes et des commandites? Si vous n’êtes pas familier avec le concept, un influenceur ce sont ces gens qui passent leur vie à publier du contenu sur Instagram, YouTube ou autre plateforme sociale en échange de commandites lorsque leur nombre d’abonnés est suffisamment grand. De façon générale, ces gens sont surtout des lâches qui pensent réussir dans la vie sans y mettre l’effort. Et il y a ceux qui réussissent, car ils ont compris que c’est le travail qui mène à la réussite. Parmi les success-stories, il y a cette jeune Allemande Leoobalys, immortalisée dans Girl Gang.
Mais revenons à notre héros. Shawn Ruddy est un streamer qui est tombé en disgrâce et qui a perdu tous ses commanditaires après avoir mis en danger un enfant pour une de ses vidéos. En effet, six mois avant le début de l’histoire de Deadstream, Shawn a fait une grosse connerie en direct sur « Wrath of Shawn », sa chaîne.
Maintenant, il veut se refaire. Mais lorsqu’on a fait sa réputation en faisant des vidéos à haut risque et qu’on veut regagner le cœur d’internet, il faut aller encore plus loin. Il décide alors de s’enfermer dans une maison hantée, pour une nuit, avec un équipement de diffusion complet. On connait le genre : go pro, tablette, caméras portatives, ordinateur portable… Pratt House (la fameuse maison où il s’enferme) a été le théâtre de plusieurs tragédies, homicides et suicides.
À travers cette aventure — surtout la première partie —, les réalisateurs alterneront entre humour satirique et horreur. Mais c’est surtout la deuxième partie qui marque l’imaginaire…
La première partie de Deadstream est donc un amusant mélange des genres entre le cinéma d’horreur et la comédie satirique qui se moque justement du cinéma d’horreur. Merveilleusement interprété par Winter, le personnage de Shawn est parfait. Juste assez con pour qu’on comprenne qu’il se moque des films du style The Blair witch Project et des influenceurs, mais pas trop afin que ça reste réaliste.
Parmi les meilleurs moments d’humour, il y a les cris hystériques à haute fréquence de Shawn, les stratégies mises en place pour qu’il ne puisse se sauver de la maison et, surtout, la musique du film qui est, en fait, une cassette que Shawn part lorsqu’il veut mettre une ambiance. Cette cassette (oui, oui, il s’agit bien d’une bonne vieille cassette audio) contient une musique de suspense d’un côté et une musique d’action de l’autre. Avec le bruit du bouton chaque fois que la musique commence ou arrête. Vraiment tordant.
Mais, comme je disais plus haut, la deuxième partie du film nous amène dans un univers qui rappelle plus Rec. Les créatures ne font pas très vrai. Ce qui est très certainement voulu. Mais les moments de haut stress sont réussis comme rarement le cinéma n’y est parvenu. Je cite Rec, car c’est un des rares films à m’avoir vraiment foutu la frousse de cette manière. Vous savez, le genre de façon qui fait en sorte que tout ce qui est à portée de votre corps se retrouve soudainement projeté dans les airs? Car oui, ça a revolé!
Je vous l’assure, vous n’avez jamais vu un film de maison hantée comme celui-ci. Encore moins un en provenance des États-Unis où, en général, les films d’horreur sont sans imagination, ne font pas peur et mise trop sur les effets spéciaux et pas assez sur la mise en scène.
Une par une, Shawn explore les pièces inquiétantes de la vieille maison, à l’affût de manifestations fantomatiques. Et clairement, il n’était pas prêt pour ce qu’il allait réveiller. Le duo Winter parvient à éviter les nombreux pièges du genre, et réussit à surprendre l’auditoire à maintes reprises tout en changeant régulièrement de point de vue.
Je dois aussi mentionner le début du film qui est déstabilisant. Pas de générique, pas de titre, mais un seul indice qui nous laisse savoir qu’un film commence. Tout est fait pour donner l’impression qu’on est installé devant YouTube pour regarder un live. C’est tellement réussi que je me demandais si je regardais la bonne chose. 😆
Je sais, vous venez de manquer la chance de voir Deadstream pendant Fantasia. Et c’est réellement terrible. C’est clairement un film que vous devrez voir dès que possible. Mais attention au pop corn qui risque de se retrouver bien éparpillé.
Deadstream est présenté au Festival Fantasia, le 23 juillet 2022.
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