« Toi et ton butcher, ce que vous avez, c’est 50 nuances de rouge. »
Rédactrice en chef d’un magazine de mode, Charly (Géraldine Pailhas) hérite de la boucherie familiale. Alors qu’elle s’apprête à la vendre, elle rencontre Martial, l’artisan-boucher de son père, bien décidé à se battre pour sauver le commerce. Séduite malgré elle par le charisme de Martial (Arnaud Ducret), Charly pourrait être amenée à changer d’avis…
En tant que comédie romantique, ce film nous présente de multiples facettes de la vie, amoureuse, professionnelle et créative des personnages. On est d’abord placés devant une situation de quelqu’un (Charly) qui s’est sorti d’un milieu familial d’ouvriers de la viande, pour évoluer vers quelque chose de supposément plus noble, la mode parisienne. La mort du père qui tient sa boucherie depuis toujours, la ramène à son destin premier, de boucher à bouchère!
Le réalisateur tient à nous ennoblir le métier de coupeur de viande. Le beau geste, l’artisanat dans la préparation des pièces, on y plonge carrément. Et c’est une des plus grandes qualités de ce film. Ce que l’on retient, c’est la beauté des images des belles pièces de viande appétissantes que l’on aimerait voir dans notre four.
Christopher Thompson dit d’ailleurs en entrevue qu’il voit cette boucherie comme un théâtre. Le rideau se lève (on est à Paris) et les clients entrent pour repartir avec une performance des artistes de la viande.
Contrairement à la définition du mot boucherie que les titres des journaux emploient malheureusement trop souvent actuellement, ici, c’est avec noblesse qu’il est utilisé. Il y a beaucoup de respect dans la transformation des viandes, du choix de l’animal vivant jusqu’à la présentation au client d’une pièce qui fait son orgueil.
Ce film fait d’abord un parallèle entre les mondes de la mode et de la boucherie. Mais très rapidement, c’est cette dernière qui prend toute la place.
Plusieurs problématiques sont présentes dans le film, comme une histoire du couple, une histoire de commerce, une histoire de classes sociales et une autre de capitalisme. Aussi, et surtout, la problématique d’une femme qui débarque dans un monde typiquement masculin, avec ses idées et valeurs modernes. La réalisation est efficace puisque l’on suit très bien tout ça sans se perdre. Là où il y a problème, à mon avis, c’est que toute cette histoire mène infailliblement à la rencontre de Charly et Martial mais que, pour rendre la sauce plus épicée, la fin plus incertaine, on a sérieusement compliqué le parcours pour que ces deux-là se reconnaissent finalement.
Bien sûr, Charly découvre la vraie vie de son père après sa mort. Pas de scandale, juste un regret de l’avoir considéré comme dépassé.
On ne peut imaginer qu’une fin heureuse à cette histoire, mais les embrouilles sont un peu trop fréquentes à mon goût. Et la rencontre première et la fin sont un peu trop magiques, je pense.
Les deux acteurs sont formidables. Arnaud Ducret assure une belle présence à l’écran, il est grand, beau, attirant. Géraldine Pailhas est attachante et désirable.
Un clin d’œil, sur l’affiche : le mot boucherie apparaît avec les lettres « bou » cachées par la tête de Martial, ce qui laisse « cherie »…
Les chansons qui accompagnent le film sont toutes un peu questionnables comme D’aventure en aventure de Serge Lama à l’enterrement du père et Vous qui passez sans me voir de Charles Trenet. On a peine à voir le rapport avec l’action.
Un bon film romantique moderne avec quelques irritants mineurs. Une recette de film américain dans un cadre parisien.
Bande-annonce
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