UNE VIE DÉMENTE - Une

Une vie démente — Démence

« C’est comme si parce que ta mère était malade, on n’avait pas le droit de s’amuser, qu’on n’avait pas le droit de vivre, en fait. »

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Alex et Noémie, la trentaine, voudraient avoir un enfant. Mais leurs plans sont chamboulés quand Suzanne, la mère d’Alex, se met à̀ faire de sacrées conneries. C’est parce qu’elle a contracté une « démence sémantique », maladie neurodégénérative qui affecte son comportement. Elle dépense sans compter, rend des visites nocturnes à ses voisins pour manger des tartines, se fabrique un faux permis de conduire avec de la colle et des ciseaux. Suzanne la maman devient Suzanne l’enfant ingérable. Drôle d’école de la parentalité́ pour Noémie et Alex!

Avec Une vie démente, Ann Sirot et Raphaël Balboni offrent une réflexion sur la maladie et sur la place qu’on lui donne dans nos vies. 

La démence sémantique

La démence sémantique est une maladie neurodégénérative du même type qu’Alzheimer, mais la détérioration cérébrale ne commence pas dans les mêmes zones. La démence sémantique s’attaque d’abord aux lobes frontaux temporaux qui régissent le langage et le comportement. Le malade perd petit à petit ses mots et son inhibition. Il perd les codes de la vie sociale : ce qu’il faut dire et ne pas dire, ce qu’on peut faire et ne pas faire, ce à quoi on peut ressembler en public et les accoutrements impossibles. 

UNE VIE DÉMENTE - La démence sémantique
Suzanne (Jo Deseure)

En regardant un film comme Une vie démente, on prend conscience de l’immensité des possibles au-delà de la bienséance. On réalise à quel point nous avons intégré les nombreux codes du savoir-vivre, car chaque fois que le malade parle ou agit, il sort du cadre. Il y a dans cette maladie l’expression d’une forme de rébellion festive. D’ailleurs, on voit assez bien que Suzanne est heureuse, jusqu’à ce qu’elle soit médicamentée. Bien sûr, cela pose toutes sortes de problèmes, mais en y regardant bien, cet individu malade est également une rare opportunité de mise en perspective. 

Ann Sirot et Raphaël Balboni réussissent à bien montrer qu’il y a deux façons d’aborder cette maladie : s’arrêter de vivre et tenter de contenir Suzanne, ou accepter cette « folie » et l’intégrer afin de profiter des moments joyeux. S’il y a un avantage à cette maladie, c’est que la personne qui en souffre déborde d’une joie de vivre enfantine. 

Faire un film léger sur la maladie

Avec un tel sujet, on pourrait s’attendre à un film déprimant. Il n’en est rien. Les réalisateurs gardent un ton léger tout au long du film, et c’est une bonne chose. 

UNE VIE DÉMENTE PHOTO - Un film léger sur la maladie
Suzanne et Alex (Jean Le Peltier)

Un des éléments qui permettent cette légèreté, ce sont les séquences où les 3 personnages principaux (ensemble ou séparément) se retrouvent assis, devant une table, et parlent à la caméra dans un genre d’entrevue. Ces plans permettent une coupure, une façon de passer de l’information au spectateur. C’est aussi une façon originale de le faire. 

Cette distance nous permet de voir que, tout ce que Suzanne s’autorise nous amène à mesurer tout ce que nous nous interdisons, au nom des bonnes manières.

Un peu plus…

Alex est réellement mis à l’épreuve par les excentricités de sa mère : il ne supporte pas de la voir habillée avec des couleurs criardes, elle qui était si élégante, ni avec des cheveux blancs, car ainsi, elle ne correspond plus à ce qu’elle était avant, à ce qu’elle représentait avant. Alex passe par un sentiment d’embarras et de honte permanent. Là est l’enjeu du film, et aussi sa grande faiblesse. 

UNE VIE DÉMENTE - Un peu plus
Suzanne et Noémie (Lucie Debay)

Pendant les 78 premières minutes du film, Alex n’accepte pas la maladie de sa mère et se bat corps et âme afin d’éviter qu’elle ne dérive dans la folie de sa maladie. Et soudainement, sans raison apparente, Alex voit la lumière. Tout est beau et le bonheur revient. La chute vient donc beaucoup trop rapidement pour un personnage qui n’avait aucune lueur d’espoir. Un petit 10 minutes de plus afin de montrer que le film commençait à accepter, tranquillement, la maladie aurait été bienvenue. Et surtout plus logique.

Cela étant dit, on se retrouve tout de même avec un film agréable, qui amène une certaine réflexion sur la vie et la maladie.

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
Une vie démente
Durée
87 minutes
Année
2020
Pays
Belgique
Réalisateur
Ann Sirot et Raphaël Balboni
Scénario
Ann Sirot et Raphaël Balboni
Note
7.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Une vie démente
Durée
87 minutes
Année
2020
Pays
Belgique
Réalisateur
Ann Sirot et Raphaël Balboni
Scénario
Ann Sirot et Raphaël Balboni
Note
7.5 /10

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