Pour moi, le FIFA c’est toujours une belle occasion de voir des films de danse. Il était donc impossible que le festival se termine sans que je vous parle de deux courts métrages mettant en scène des chorégraphies dansées.
Les deux films que j’ai vu étaient présenté dans le cadre de La nuit de la danse, le 18 mars, au Théâtre Outremont.
At Lake s’inspire du film At Land de Maya Deren, réalisé en 1943. À travers le mouvement, les sons naturels et la musique de la compositrice montréalaise Merewenn Nero, At Lake explore le surréalisme de l’œuvre originale de Deren, ainsi que l’environnement naturel lacustre des Cantons de l’Est, au Québec.
Tout d’abord, il est important de dire que ce court métrage n’est pas tant un film de danse qu’un film sur le mouvement. Mais, à défaut d’être vraiment de la danse, on peut dire que At Lake est empreint d’un mystère franchement intrigant. Tourné en noir et blanc, la réalisatrice et chorégraphe met en scène un beau film aux frontière de l’étrange.
La première moitié présente une femme qui gravit un arbre qui se trouve être, en même temps, une table où une fillette s’amusent à déplacer des mini échelles pour en faire une structure. Soudainement, on se retrouve dans un bus, avec la même femme… et une deuxième…
Là commence la partie plus rythmée et dansante. La chorégraphie est simple, mais prenante. Le spectateur ne peut faire autrement que de chercher à comprendre. Pour qui n’a pas vu le film de 1943, le mystère reste entier. Ceci étant dit, le film vaut le coup d’oeil.
Titre original : At Lake
Durée : 13 minutes
Année : 2022
Pays : Québec (Canada)
Réalisateur : Mistaya Hemingway
Scénario : Mistaya Hemingway
Note : 7/10
Il arrive régulièrement, dans la danse contemporaine, que les interprètes soient à moitié nus. On peut parfois se demander si c’est vraiment nécessaire. Mais dans le cas de Prendre le Nord, ça prend tout son sens. Les interprètes sont une incarnation d’une nature sauvage. La comparaison entre les danseurs/danseuses et les oies est magistralement montrée.
Véritable incursion dans l’intimité des oies par un langage chorégraphique évoquant à la fois la puissance de la nature et sa vulnérabilité, ce court métrage propose la singulière gestuelle développée par Chantal Caron et ses interprètes, pour exprimer le rapport des oies avec leur environnement, parallèle de celui des humains avec la nature, où le couple, le groupe, la couvée et l’éclosion, le combat et le voyage sont autant d’évocations porteuses de réflexion et d’émoi.
Caron prouve, à son tour, que le cinéma et la danse contemporaine sont de grands alliés. Elle ne se contente pas de placer la caméra là pour filmer ses danseurs. Elle utilise brillamment le langage cinématographique pour donner une valeur ajoutée à son œuvre. De plus, en studio, il serait difficile d’aussi bien intégrer les éléments de la faune et de la flore.
Prendre le Nord est un temps d’arrêt dans l’univers des oies blanches transcendant le mouvement perpétuel du cycle de la vie. Une création incroyable, à voir dès qu’il sera disponible!
Titre original : Prende le Nord
Durée : 23 minutes
Année : 2021
Pays : Québec (Canada)
Réalisateur : Chantal Caron
Scénario : Chantal Caron
Note : 8.5/10
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