Le collectif Kniferock, composé de Machette Bang Bang (Elizabeth Brissenden) et Erin Granat, collabore à la réalisation, la production et l’écriture de Moon Manor. Un film qui explore la mort de façon légère, mais réfléchie.
Il s’agit d’une première expérience de réalisation d’un long métrage pour les deux créatrices, qui ont plusieurs courts métrages et documentaires à leur actif. Elles ont notamment documenté la sortie de l’album Everyday life de Coldplay.
Atteint d’Alzheimer, Jimmy (James Carozzo) accorde beaucoup d’importance à ses souvenirs que sa maladie efface tranquillement. Il veut partir avant qu’il ne reste plus rien. Ainsi, il choisit de mourir de la même façon qu’il a mené sa vie, dans la joie! Il organise alors une fête pour souligner son décès.
Le film est librement inspiré de la vie de James Carozzo, acteur, musicien et activiste des droits de la communauté LGBTQ ainsi que des droits de l’immigration. C’était le partenaire de Ricky Granat, oncle d’Erin Granat. Cette dernière a grandi en considérant James comme un oncle.
James et Ricky se sont rencontrés dans une audition pour la comédie musicale Hair. Ces derniers n’ont peut-être pas eu la renommée de certains de leurs collègues comme Jay Leno ou Robin William, mais leur carrière n’en est pas moins impressionnante!
Si le personnage de Jimmy est fictif, l’acteur James Carozzo partage avec lui la croyance que la mort n’est pas à craindre, ainsi que le désir de quitter ce monde dans une cérémonie heureuse, entouré des gens qu’il aime.
Moon Manor nous présente le mouvement « death positive » qui cherche à nous démontrer que la mort n’a rien de sinistre et qu’on peut la célébrer ou du moins l’accepter sans en avoir peur. Par l’entremise de Fritti (Debra Wilson), le film nous introduit le métier de thanadoula, qui consiste à accompagner les personnes souffrantes dans leur projet de mort.
Le film ne se contente pas d’effleurer la surface du sujet, il en explore toutes les facettes, en donnant à chaque membre de l’entourage de Jimmy une façon différente d’aborder la question.
Andrew (Lou Taylor Pucci), l’auteur nécrologique, sera touché par l’histoire de Jimmy, et l’accompagner dans sa fin de vie le marquera pour toujours.
Le frère de Jimmy (Richard Riehle), fervent croyant, essayera de le dissuader de commettre l’irréparable. Le suicide le mènera directement en enfer! L’idée du décès de son frère lui apportera beaucoup de détresse.
Remi (Reshma Gajjar), l’aide-soignante de Jimmy, soutient ce dernier dans sa volonté, non sans pour autant en être ébranlée. C’est un personnage de soutien qui démontre une grande qualité humaine.
Jimmy vivra lui-même une forme de remise en question, l’arrivée de ses invités va déclencher chez lui un sentiment d’anxiété. A contrario, son intuition lui confirmera qu’il a pris la bonne décision.
Nous ne sommes pas épargnés non plus, en tant que spectateurs, puisque nous sommes appelés à nous questionner nous-mêmes face à notre rapport à la mort et aux émotions conflictuelles que celle-ci génère.
Moon Manor traite aussi de la question délicate de l’aide médicale à mourir. Cette pratique controversée n’est légale que dans quelques états chez nos voisins du sud et l’Alzheimer n’est pas une condition qui est reconnue comme éligible.
L’histoire de James Carozzo est fascinante et mérite d’être racontée, on comprend le choix des réalisatrices d’intégrer des anecdotes de la vraie vie de l’acteur dans le personnage de Jimmy, le rendant ainsi humain et vivant.
Selon Erin Granat et Machete Bang Bang, la mort est l’expérience ultime et chacun la vit de sa propre façon. Moon Manor nous emmène à envisager la mort dans l’acceptation et comme étant quelque chose de normal qui ne devrait pas être triste ou inquiétant.
C’est un film senti et réfléchi qui nous présente avec humour et légèreté la thématique de la mort tout en célébrant la vie!
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