Dans ce film expérimental sans paroles, une déesse puissante rencontre sa plus grande compétition à ce jour.
Avec The Coronation, Emily Penick offre un film déstabilisant. Elle n’a pas peur d’aller là où le spectateur ne s’y attendra pas.
La toute première chose que l’on remarque lorsqu’on regarde The Coronation, c’est sa facture visuelle. Anastasiia Kulikalova, la directrice de la photographie, a fait un travail exceptionnel sur ce film. Le tout premier plan est sublime : une femme est couchée au sol et la lumière passe entre ses doigts et se reflète sur sa chevelure vénitienne.
Lentement, elle va se lever et nous amener dans ce qui semble être un doux et lent film de danse. La danseuse est nue et ne va pas au même rythme que la musique. Ça intrigue. Ce débalancement rythmique crée une sorte de brisure avec l’image si parfaite. Mais, ça coule et on pardonne cet étrange manque de rythme. Mais, il ne s’agit évidemment pas d’une erreur de montage ou de choix musical. En fait, ça prépare subtilement le spectateur pour un gros coït interrompu.
Et soudainement, à 2 minutes 45 secondes, survient la rupture. La danseuse heurte soudainement un genre de store vertical qui semble arriver de nulle part. C’est à partir de là que le spectateur vivra un long débalancement. Mais quel magnifique débalancement.
Alors que le spectateur se laissait bercer par toute cette beauté — où ce qui est défini comme beauté dans notre société : le corps parfait, la lumière parfaite, les mouvements parfaits — survient ce nouveau personnage et un nouveau style visuel. Finie cette belle lumière au doux teint orangé et ces mouvements en souplesse.
Le changement de ton est drastique et amène automatiquement le spectateur à remettre en question ce qu’il voyait. Une lumière froide et crue ainsi qu’une femme au look « cheap » en mette plein la vue à la danseuse — et à celui ou celle qui regarde.
Quelque part entre satire et cinéma expérimental, on retrouve The Coronation. Le film de Penick, chorégraphié par Kelsey Burns, en choquera plus d’un. Cette critique de l’image imposée frappe fort et de manière originale.
Bande-annonce
https://www.youtube.com/watch?v=IAtOWW1tD9Y
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