Ça se poursuit pour Plein(s) Écran(s) avec 4 autres films gratuits. Aujourd’hui, on enchaîne avec 4 courts métrages du Québec, dont un expérimental, franchement étonnant.
L’Enfant-Tempête est une incursion cauchemardesque dans l’esprit tourmenté d’une enfant de quatre ans. Yasmine et sa famille sont des réfugiés Algériens tout juste arrivés au Québec durant la tempête de verglas de 1998.
Je ne sais pas si c’est parce que j’ai un enfant de 4 ans, mais pour moi, ce film est terrifiant. On ne réalise pas à quel point les histoires qu’on raconte aux tout-petits peuvent être traumatisantes. Par exemple, ici, le père raconte à ses enfants une version du Petit Poucet. À quatre ans, est-ce que l’enfant comprend qu’il s’agit simplement d’une histoire inventée? Pas sûr. Imaginons maintenant que cet enfant arrive d’un pays où il y a la guerre.
Dans son film, Ines Guennaoui crée une ambiance terrifiante en utilisant un éclairage sombre et des bougies. En filmant, par exemple, le père au moment où il raconte son histoire, sans le montrer au complet, en mettant des bouts de visages, une main, un bras… et en filmant les ombres que ces mouvements créent au mur. Aucunement besoin de mettre des montres pour montrer la peur.
En situant son histoire pendant la crise du verglas de 1998, la réalisatrice fait des parallèles entre la terreur vécue par les Québécois à ce moment, et celle vécue en Algérie pendant la guerre. Ça porte fortement à réfléchir…
Réal Gendron est un vieil homme sans histoires. Il croit en Dieu; il croit en la camaraderie; il croit en la vie. Lorsqu’il recevra d’Afrique un courriel lui apprenant qu’il est l’unique héritier de la fortune colossale d’un inconnu, il y croira aussi…
Qui n’a jamais reçu un courriel provenant d’une pauvre et riche héritière qui cherche quelqu’un à qui léguer la fortune de son défunt mari? J’en reçois plusieurs chaque année. Dans son film, Roger Gariéŷ raconte de façon touchante et amusante comment cela pourrait se passer si la personne décidait de répondre au message.
Au-delà de la légèreté du court métrage, il y a des points d’intérêts à y voir. Je pense, entre autres, au vieillissement. Réal vieillit et il est seul. Il se questionne sur sa vie et surtout, sur sa mort. Que laissera-t-il derrière lui? Je pourrais ajouter que les images sont belles, les acteurs sont bons, et que ce film se regarde franchement bien!
Pour Noël, trois éboueurs, Élie, Nino et Belz, ont la surprise d’être reçus à dîner à la maison du premier ministre et de la première dame. Ils s’y rendent, enthousiastes et candides, sans se douter qu’au menu, on leur réserve une suite pénible de désillusions et de manipulations.
Au plaisir les ordures! est une comédie dramatique aux allures de conte révolutionnaire, qui tente d’explorer la rencontre entre le mépris bien nappé de la classe politique et une soudaine prise de conscience de son peuple.
Ce film aux allures de comédie est un gros coup de poing visant le snobisme de certains membres de la haute bourgeoisie. Imaginez être invité à souper par le premier ministre et on ne vous sert que des trucs que vous n’aurez jamais eus dans votre assiette parce que ce sont des choses qu’on ne mange que pour se montrer riche. Caroline Dhavernas est simplement incroyable dans le rôle de la première dame snobinarde.
Le film de Dumont n’est pas sans rappeler un certain Pierre Falardeau, qui n’hésitait pas à s’attaquer aux riches. Ne manquez surtout pas ce court métrage. Sauf, peut-être si vous faites partie de cette haute…
Ce film-autoportrait tourné en Super-8 illustre le chaos sensoriel provoqué par ce que l’on nomme les acouphènes permanents, qui relèvent de la typologie des douleurs dites « fantômes », semblables à d’inépuisables vagues d’ondes sonores.
Des ondes sonores que la réalisatrice a dû apprivoiser afin de définir un nouvel état du silence. Et il semble que cet étrange film définit bien cet état. En tout cas, en tant que spectateur, on a vraiment l’impression de comprendre un peu mieux ce que c’est que de souffrir d’acouphènes.
Le style de film choisi par la réalisatrice est parfait. Tourné sur une pellicule — avec des effets qui rappellent le résultat de photographies prises avec une pellicule périmée — offrant une texture très granuleuse et un travail de son incroyable, le résultat est un film très sensoriel.
Évidemment, il risque de ne pas plaire à tous — c’est du cinéma expérimental. Mais juste pour pouvoir mieux comprendre à quoi peut ressembler l’état d’esprit d’une personne qui souffre d’acouphènes, on devrait tous le voir.
© 2023 Le petit septième