Nous voici rendu à la dernière série de films en compétition dans la section Les nouveaux alchimistes.
Le matériau du film provient de fragments d’infrastructures et de décombres dispersés. Cousu et tissé dans des sculptures lumineuses de 16 mm, ce bouleversement reflète les villes assiégées alors qu’elles sont déchirées et reconfigurées en raison de l’embourgeoisement urbain.
Heureusement qu’il y a un résumé ici, car pour être honnête, je n’ai vraiment pas vu ça en regardant le film. Mais lorsqu’il est question de cinéma expérimental, c’est souvent plus une question de sentiments. On ne cherche pas une bonne histoire ou une bonne trame narrative. On veut plutôt créer un sentiment chez le spectateur. Et à ce niveau, le court métrage de Nagler est une grande réussite.
La chaleur est rendue visible et audible, la pulsation et l’harmonie d’instruments particuliers sont traduites en images thermiques : la synesthésie alimente de nouvelles découvertes d’images et de sons.
16 minutes, c’est long lorsque tu as l’impression d’avoir fait le tour après 5. L’Autriche est un fier producteur de courts métrages expérimentaux. Le FNC en a d’ailleurs présenté plusieurs au cours des dernières années. Heat est parmi les moins intéressants. Je suis un peu tanné aussi de ces films qui semblent n’avoir rien à voir avec leur résumé. Je vais même me permettre un jeu de mots poche : Heat me laisse froid. 😉
Un collage vidéo explorant les fantasmes d’autodestruction partagés dans différentes communautés sur Internet.
Il y a quelque chose de vraiment perturbant dans ce film. Tous ces textes qui proviennent d’Internet, de gens ordinaires exprimant leurs désirs d’être brutalisés, torturés ou, dans certains cas, tués. Ici, on situe le film dans un contexte de pandémie, mais est-ce un phénomène qui est apparu avec la Covid? Évidemment que non.
Bouthillier a donc cherché les images qui pourraient animer ces discours. Ce sont plus d’une trentaine d’extraits de films ou d’autres sources qui viennent illustrer les témoignages sombres ramassés dans l’univers numérique. J’avais déjà vu dans une fiction un personnage qui cherchait quelqu’un pour l’assassiner violemment. Je ne croyais pas que ce genre de personnes existait réellement. Mais le réalisateur a réussi à en trouver au moins 3.
Pour ceux qui ont envie d’une bonne dose de fantaisies d’autodestruction, c’est le film à voir.
La tête tranchée d’un chorégraphe est captive d’un aigle sur une île déserte. Avec une maîtrise éblouissante du dessin et de la peinture, ce court métrage d’animation nous fait entrer de façon inattendue dans l’univers sensible d’un créateur amoureux fou de la danse.
À tous ceux qui disent que c’est impossible d’arriver avec quelque chose de réellement original en cinéma de nos jours, vous devrez changer de refrain. Corriveau réussit à créer un film de danse comme personne ne l’a fait avant. Non seulement il le fait avec des dessins qu’il anime, mais avec humour et dans un décor insolite.
La danse contemporaine n’est pas accessible à tous. Mais ce film peut la faire voyager auprès de gens qui n’ont pas l’habitude d’en voir. Et, possiblement, les y intéresser par la bande. Vraiment un film à voir.
« À quoi pense le bourreau quand il rentre chez lui après sa journée de travail? » Inspiré du poème de Carl Sandburg, The Hangman at Home (1922), ce film explore les thèmes de la reconnaissance et de la participation.
Une animation à l’image magnifique et inhabituelle. On pourrait simplement en dire que tout n’est pas toujours ce qu’il semble être au premier regard. Chacun des 6 personnages amène le spectateur à imaginer ce qui viendrait avant, et surtout à se demander qui est ledit bourreau. La scène finale est simplement magnifique, avec une musique poignante. Un film qui ne laissera personne indemne.
Te voilà, SCUM, créature en cage. Dans la rage de notre époque, ta blessure individuelle et sociétale interroge notre lien à la violence. SCUM, dans tes mains de silicium poussent de jeunes germes en mutation.
En voici un autre qui est perturbant. Vraiment perturbant. C’est le genre de film qu’on termine en se demandant : mais qu’est-ce que je viens de voir exactement?
Quelque part entre la dure constatation du réel et le pamphlet anti-violence, SCUM MUTATION fera parler ceux qui l’auront vu. D’ailleurs, mieux vaut le regarder 2 fois, car il se passe beaucoup de choses à l’écran. En plus de ces étranges créatures qui défilent dans un incessant mouvement, il y a les slogans et les cris qui percent nos tympans, ainsi que les textes qui se superposent aux images. Des textes qui apparaissent tant en gros qu’en tout petit, tant en haut qu’en bas, tant à la suite l’un de l’autre qu’en même temps.
Vika Kirchenbauer retourne au village où elle a grandi, après une absence de plus de dix ans. Une critique artistique et autoréflexive qui considère l’art contemporain dans une perspective de classe.
La première chose qui frappe le spectateur est la voix étrangement douce de la narratrice. Cette douceur explique presque à elle seule le titre du film et son thème principal. En tant que créateur, je ne peux faire autrement que de m’identifier à la narratrice lorsqu’elle explique qu’elle n’a jamais vraiment réussi à faire comprendre à sa grand-mère ce qu’elle faisait comme métier. J’ai toujours eu ce problème avec les personnes d’un certain âge…
Mais revenons au film de Kirchenbauer. Son court métrage est plutôt un genre de biographie et, donc, n’a pas de réel fil conducteur. Malgré cela, il se regarde très bien. On pourrait dire qu’il s’agit d’un film sur l’acceptation de soi et du désir de pouvoir s’affirmer.
Des nouvelles d’une autre pandémie qui a « tout changé » avant qu’elle ne sorte du cycle de l’actualité et de la mémoire collective, à l’exception de ceux qui, comme moi, ont réussi une nouvelle vie après la mort.
Une petite musique un peu stressante, des images granuleuses et des sous-titres en guise de narration. Voilà, en gros, ce qu’est le film de Hoolboom. Ah oui… Il y a aussi une fin abrupte.
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C’est ici que ce termine cette série de textes sur la sélection Les nouveaux alchimistes de l’édition 2021 du FNC. Un nombre de films un peu plus grand qu’à l’habitude. Comme quoi la pandémie a été une belle source d’inspiration pour les expérimentateurs. Ce sera déjà ça de gagné!
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