Un film documentaire sur l’organisation courante de la coopérative d’habitation Saint-Louis à Gatineau. Ève Lamont a voulu promener sa caméra et son micro à travers les différentes tâches des résidents de cette coopérative.
Elle réussit à nous montrer ce qui amène ces gens à vouloir vivre l’expérience d’un mode d’habitation moyennement populaire, quoiqu’aussi assez marginal.
Je me souviens des coop des années 80 lorsque je travaillais à la SCHL (Société Canadienne d’Hypothèques et de Logement) où les coop se développaient à la vitesse presque grand V. Mais il semble que la tendance de l’époque ne s’est pas maintenue puisque, en 2021, ce mode de vie demeure très minoritaire.
Le film montre l’entraide naturelle, mais parfois un peu forcée entre les résidents. Pour être accepté au sein d’une coop, il faut d’abord faire preuve de patience pour obtenir un logement. Les listes d’attente sont parfois très longues et il faut aussi s’engager à participer aux différentes tâches qui se présentent, puisque l’on devient un peu propriétaire de l’immeuble que l’on occupe. De la gestion des finances à l’entretien des plates-bandes, il y a beaucoup d’heures de travail que l’on doit répartir entre les membres. C’est un engagement.
Le documentaire de Ève Lamont nous illustre bien ces répartitions de tâches incluant parfois certaines frustrations. Une coopérative d’habitation devient une mini-société qui est inévitablement composée de petits boss et de germaines… Se trouvent aussi, comme reflet fidèle de la société, des immigrants qui ne comprennent pas toujours les tâches de la même façon que les « de souche ».
La réalisatrice nous présente, en complément, la vie d’avant des coopérants. Elle les fait parler de leurs origines et c’est tant mieux pour le film. C’est le côté humain souhaité par le spectateur. À la limite, on pourrait faire un parallèle avec le multiculturalisme de Trudeau père. Ici, au présent, l’harmonie semble fonctionner, du moins, devant la caméra.
Des repas communautaires, un grand-père d’adoption pour des enfants déracinés, une bibliothèque communautaire, autant de beaux exemples que les éléments en place favorisent le ciment social de cette nouvelle petite société.
Le témoignage d’un des résidents explique comment la coop lui donne l’impression de le sortir de la pauvreté. C’est là que l’œil extérieur pourrait conclure à juger ces gens comme faisant partie d’une classe sociale entre les pauvres et la classe moyenne. Comme sortis de la pauvreté, mais sans l’ambition des jeunes et moins jeunes qui foncent tête baissée dans le capitalisme immobilier. Qui sont les plus heureux? Arrêt sur image, ces coopérants le sont certainement au présent.
Finalement, ce film nous montre pas mal ce que l’on savait déjà : que d’une coopérative à l’autre, l’organisation est la même, mais la couleur de l’humeur change au gré des occupants.
Un film qui ne donne pas de grandes émotions, un bon documentaire, sans plus…
Note : 6.5/10
Bande-annonce
Titre original : La COOP de ma mère
Durée : 79 minutes
Année : 2021
Pays : Québec (Canada)
Réalisateur : Ève Lamont
Scénario : Ève Lamont
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