« Sheila, I have to say…I am quite unimpressed by what I just saw. »
[Sheila, je dois dire… Je ne suis vraiment pas impressionné par ce que je viens de voir.]
Sheila (Arooj Azeem), une adolescente canado-pakistanaise vivant dans la banlieue ontarienne, a du mal à définir son identité alors qu’elle est tiraillée entre sa nouvelle vie sociale à l’université et les valeurs traditionnelles de sa famille. Après avoir entamé une relation secrète avec son camarade de classe, Sheila découvre que garder ces deux mondes séparés coûte cher.
Avec Quickening — sélectionné au TIFF —, Haya Waseem propose un film qui met en évidence les pressions que peuvent ressentir les enfants d’immigrants lorsque les valeurs occidentales se fracassent contre les valeurs d’origines des parents.
Dans son long métrage, Waseem propose un personnage qui lutte entre deux systèmes de valeurs qui lui sont chers : celui de ses parents et de ses origines pakistanaises, et celui de son pays à elle, le Canada. Entre en conflit des valeurs très conservatrices et des valeurs progressistes.
Cette réalité touche une grande quantité d’immigrants de deuxième génération. Pour Aheila, c’est au moment où elle a presque terminé sa première année d’université que le clash se produit. Jusque-là, ses parents ont été plutôt ouverts en la laissant étudier dans un programme d’art. Mais avec le stress financier qui s’installe dans le couple, la laisse rétrécit. Parce que comme c’est souvent le cas, lorsque le stress augmente dans un couple, ce sont aussi les enfants qui finissent par en payer le prix.
En tombant amoureuse pour la première fois, de son camarade de classe Eden, Sheila aspire à plus de liberté. Ce à quoi ses parents ne sont pas prêts à acquiescer. Après avoir perdu sa virginité avec Eden, Sheila devient de plus en plus paranoïaque. Elle se croit surveillée par sa communauté; des femmes en dupattas l’espionnent à l’arrêt de bus, les enquêtes de plus en plus précises de sa mère et les jugements apparemment pointus de ses cousines pakistanaises lors des fêtes. Et le fait que la jeune femme se soit fait berner par son prince charmant n’aide en rien. Hé oui, il est parti après avoir eu Sheila dans son lit.
C’est donc ce choc des cultures que la réalisatrice montre à merveille dans son film.
J’avais envie de toucher un aspect qui, en général, ne me paraît que peu intéressant : la distribution. Pas évident de trouver un groupe d’acteurs pakistanais qualifiés au Canada. C’est donc en se tournant vers un vieil ami que la réalisatrice a trouvé sa perle.
« I had called Ashir Azeem, acelebrated actor and filmmaker in Pakistan who also happens to be a good friend of myfather. As I explained the story to him, hoping him and his wife might want to come onboard, it turned out the whole family, including Arooj Azeem, their daughter, was listening in on the call. » [J’avais appelé Ashir Azeem, acteur et cinéaste de renom au Pakistan qui se trouve également être un bon ami de mon père. Alors que je lui expliquais l’histoire, en espérant que lui et sa femme voudraient peut-être embarquer, il s’est avéré que toute la famille, y compris Arooj Azeem, leur fille, répondait à l’appel.]
Comme quoi le hasard fait parfois très bien les choses.
Note : 8/10
Quickening est présenté au VIFF, les 1er, 2 et 4 octobre 2021.
Titre original : Quickening
Durée : 90 minutes
Année : 2021
Pays : Canada
Réalisateur : Haya Waseem
Scénario : Haya Waseem
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