«Tout change si rapidement. Tellement rapidement. Est-ce qu’on peut suivre le rythme? Peut-on s’accrocher à ce qui nous rend humains? Il… Lui… Omar. Il n’a pas pu. »
Dans une Europe glaciale, les gens avancent lentement après l’attentat terroriste choquant contre Charlie Hebdo. À Copenhague, le criminel récemment libéré Omar (Albert Arthur Armirjan) a son propre agenda. Pendant ce temps, le cinéaste Finn (Lars Brygmann), le gardien juif Dan (Adam Buschard), et l’officier épuisé de la force d’action Rico (Nikolaj Coster-Waldau) vivent leur vie quotidienne, sans savoir que leur destin se croisera. Tous touchés par un monde en évolution rapide alors qu’ils essaient de donner un sens au leur, et réalisent trop tard que la vie change en un instant, rapidement et sans pitié, ne laissant qu’un seul d’entre eux pour raconter l’histoire de l’attaque tragique qui à, pour toujours, changé le pays.
Le nouveau film de Ole Christian Madsen, Powder Keg (Krudttønden), raconte une histoire à propos de l’attaque terroriste perpétrée à Copenhague les 14 et 15 février 2015. Un film choquant de réalisme.
Charlie Hebdo est, comme le 11 septembre 2001, un événement marquant, qui a changé notre monde. Il y a ensuite eu une série d’attaques un peu partout dans le monde. Le Danemark (pays avec une population plutôt homogène) n’y a pas échappé. Powder Keg raconte vraiment bien cette histoire et montre, avec justesse, le genre de sentiments qui devaient circuler dans la population danoise.
De plus, le réalisateur a choisi une façon assez risquée de montrer ses personnages. Jamais il ne porte de jugement contre Omar, le personnage qui commettra l’acte terroriste. Chacun des 4 personnages pourrait se retrouver dans ce genre de situation. En tant que spectateur, on se demande même lequel des personnages explosera et perdra son humanité. Fondamentalement, Powder Keg amène le spectateur à se questionner sur les raisons qui mènent une personne à poser ce genre de gestes.
Ce que montre aussi ce long métrage, c’est que la vie est remplie d’inégalité que chacun négocie du mieux qu’il peu. Deux scènes magnifiques montrent le caractère d’un homme face à l’adversité, aux difficultés. La première avec Dan, qui peine à trouver un emploi à cause de son nom de famille étranger. L’homme à l’aide sociale lui suggère même de changer son nom de famille s’il veut trouver du boulot. Après cette scène, il aurait clairement pu commettre un geste regrettable. Mais il réussit, malgré l’accumulation des mauvaises nouvelles, à rester à la surface. Puis, il y a Omar, qui se fait refuser de l’aide afin de trouver un loyer et un emploi. Lui ne parviendra pas, malheureusement, à garder la tête froide. S’en sera trop.
Nous avons tendance à juger facilement les hommes sans regarder le contexte. Madsen réussit à montrer que le contexte prend toute son importance pour comprendre les gestes, sans pour autant les excuser. Dans les grandes difficultés, certains se battent et certains abandonnent.
Un thriller psychologique a rarement une portée sociale. Règle générale, le côté suspense prend toute la place. Ici, porté par de belles performances, le réalisme prend place dans cette histoire qui est malheureusement plausible, démontrée et tristement célèbre.
Powder Keg (Krudttønden) est fort et brillant. C’est un film à voir (en ligne) pour ne pas oublier. Pour comprendre. Pour changer les choses.
Note : 8/10
Bande-annonce
Titre original : Krudttønden
Durée : 106 minutes
Année : 2020
Pays : Danemark
Réalisateur : Ole Christian Madsen
Scénario : Ole Christian Madsen et Lars K. Andersen
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