« C’est beau la diversité! »
La face cachée du baklava raconte le choc des cultures à travers Houwayda (Claudia Ferri), qui a épousé le mode de vie occidental, et sa sœur Joëlle (Raïa Haïdar), qui est restée profondément Libanaise. Dans cette comédie de mœurs se meuvent une horde de personnages québécois et libanais aussi détestables qu’attachants. Notamment, Pierre (Jean-Nicolas Verreault), le mari bobo de Houwayda, qui profite des valeurs traditionnelles de son épouse ou Émilie (Geneviève Brouillette), qui doit recruter quelqu’un de la diversité pour répondre à la rectitude politique du gouvernement ou encore Joëlle qui ne s’arrêtera devant rien pour garder sa sœur auprès d’elle.
Avec La face cachée du baklava, Maryanne Zéhil tente une première fois la comédie, et c’est un échec sur presque toute la ligne. Ne réalise pas My Big Fat Greek Wedding qui veut.
Saviez-vous qu’il est beaucoup plus facile de faire pleurer que de faire rire au cinéma? C’est probablement la leçon que pourra retirer Zéhil de son premier essai dans le monde de la comédie.
La face cachée du Baklava se veut un regard mordant et affectueux sur les Libanais de Montréal et sur les Québécois. Mais au final, on se retrouve avec un empilage de personnages qui sont ou bien trop caricaturaux, ou bien pas assez caricaturaux pour en faire une satire efficace. À plusieurs moments, j’étais gêné pour les pauvres acteurs. Les performances vont d’ordinaires à vraiment mauvaises. À une exception prêt : Claudia Ferri. Elle nous procure les seuls moments de plaisir qu’on vit pendant ce très long 88 minutes.
On comprend que la réalisatrice voulait montrer qu’à travers le déracinement et l’immigration, il est fréquent que l’adaptation à une nouvelle culture soit ardue. Que certains nouveaux arrivants ne veulent pas s’adapter à leur nouveau pays parce qu’ils vivent encore une douleur provenant de l’exil. La réalisatrice l’explique ainsi : « Cette douleur nuit à leur relation future avec le pays, l’attachement se faisant attendre et le sentiment d’appartenance tardant à se manifester. Dans certains cas, il ne se manifestera jamais, car certains rejetteront la culture locale et se refermeront sur la leur propre, en perpétrant de manière encore plus stricte et sévère leurs mœurs et coutumes. » C’est par la relation entre Houwayda et Joëlle que la réalisatrice montre cette dualité : une le rejette volontairement alors que l’autre veut y trouver sa marque et son identité propre en allant jusqu’à rejeter ses propres origines.
Mais en dehors de Houwayda, aucun personnage n’est crédible. Ils sont trop caricaturaux. La scène de l’anniversaire de Houwayda est un de ces exemples gênants où les personnages ont juste l’air complètement ridicules.
Ensuite, il y a toute cette notion de diversité. D’entrée de jeu, disons-le : si un blanc avait fait ce même film, il se serait fait crucifier sur la place publique. Et je ne pare même pas du fait que le film ridiculise (gentiment?) les Libanais du Québec. Je parle de la place des blancs. Était-ce voulu de leur donner une place du « blanc de service »? Est-ce une sorte de critique du fait qu’on offre souvent ce genre de rôles aux gens issus de la diversité culturelle? Quoi qu’il en soit, le cast has-been de blancs ne passe pas. France Castel, Marcel Sabourin, Angèle Coutu et Michel Forget offrent de piètres performances dans ces rôles pathétiques du blanc de service. Des espèces de hippies dépassés, stupides et gênants pour le personnage de Jean-Nicolas Verreault. Disons que j’avais hâte que la scène de dîner familial se termine.
Encore moins subtil est la sur utilisation du mot « diversité » pour se moquer du concept lui-même. C’est d’ailleurs par le personnage interprété par Brouillette que la diversité (en tant que notion) passe au cash. La pathétique Émilie ne cesse de la ramener. Elle va acheter de la bouffe dans une voiture de bouffe sur le bord de la rue et déclare : « C’est beau la diversité! ». Elle va jaser avec la famille de Houwayda et déclare : « je vais aller prendre un bain de diversité ». On comprend la critique des gens qui veulent tellement montrer qu’ils sont respectueux de ladite diversité qu’ils en font trop. Mais c’est – et je garde mon même mot – vraiment gênant.
Avec sa première comédie, Maryanne Zéhil veut montrer la dualité. Ou plutôt veut jouer avec la dualité pour critiquer, tout en riant, une réalité québécoise : notre incapacité de bien gérer l’immigration afin que québécois et immigrant puissent s’unir de façon efficace à travers le partage des origines. C’est malheureusement un échec lamentable.
Donc si vous avez envie d’un film qui traite bien de l’immigration, plutôt que de perdre votre temps à regarder La face cachée du baklava, je vous suggère des films comme L’ange de goudron, ou la série de films de Trogi 1981, 1987, 1991. Au moins, vous en aurez pour votre argent!
Note : 4.5/10
Bande-annonce
Titre original : La face cachée du Baklava
Durée : 88 minutes
Année : 2020
Pays : Québec (Canada)
Réalisateur : Maryanne Zéhil
Scénario : Maryanne Zéhil
© 2023 Le petit septième
Un point de vue qui, malheureusement, ne fait que refléter l’ignorance de son auteur et souligne son esprit étroit. Mais qui est François Grondin? Jamais entendu parler de lui! Ceci explique peut-être cela. Le film, quant à lui, est subtil, drôle et très réussi. Regardez-le, cela en vaut vraiment la peine!
Je vous en pris, éduquez-moi.
On écrit “je vous en prie” avec un “e” et non pas un “s”. Commencez par là, cela vous sera plus utile.