« I got scammed Marlene […] I just think it’s so unfair to trick me like that. I mean, that’s the cruelest thing you can do to someone. »
[J’ai été arnaqué […] Je crois seulement que ce n’est pas juste de m’avoir trompé comme ça. Je veux dire que, c’est la chose la plus cruelle à faire à quelqu’un.]
Après s’être fait voler son identité, Diana (Annie Parisse) part en virée avec la copine enceinte (Gus Birney) de son fils, afin de retrouver les coupables.
Avec Giving Birth to a Butterfly, Theodore Schaefer propose un premier long métrage étrange, mélodique et obsédant. Un film sur la détresse qu’on peut vivre après s’être fait arnaquer.
C’est étrange comment je me retrouve constamment à tomber sur des films qui se collent à ce que je vie. Sans lire autre chose que le titre, je me retrouve à regarder un film sur une femme qui est victime de fraude, quelques semaines après que cette mésaventure me soit arrivée. Le hasard fait parfois étrangement bien les choses.
Pour qu’un film onirique fonctionne, il doit être bien situé dans la réalité. Et Giving Birth to a Butterfly capture parfaitement la réalité des personnages et des situations familiales, où les frustrations par rapport aux attentes liées au rôle de chacun s’accumulent. Il s’attaque par ailleurs aux plaies que nous nous infligeons à nous-mêmes en assumant ces rôles non désirés qui nous rendent malheureux.
Puis, une fois que le spectateur est bien installé dans une triste réalité, on le fait déraper dans un univers étrange. La transition n’est pas très fluide. Schaefer semble vouloir jouer sur la transition temporelle à la manière d’un David Lynch. Mais les personnages « normaux » sont un peu trop loin des personnages décalés comme la mère de Marlene ou les jumelles de la fin. Peut-être est-ce aussi causé par les transitions qui ne sont rien de plus qu’un fondu croisé. Il manque ce changement de ton qui rendrait ces personnages (qui se pointe au milieu du film) crédibles dans leur étrangeté. Cela étant dit, le personnage de la mère de Marlene est marquant.
La qualité onirique de ce film aux tons pastel, tourné en 16 mm, nous amène dans une atmosphère insolite.
Déjà, en tournant en 16 mm, le réalisateur amène un effet vieillot qui permet de transporter le spectateur à une époque indéfinie. On voit bien que l’histoire se déroule de nos jours. Mais l’atmosphère créée par la pellicule change la donne. Oui, nous en avons perdu l’habitude.
Pour ajouter une couche à l’atmosphère suffocante, le réalisateur a choisi un cadre plus petit, qui ressemble à une case de pellicule. Les coins sont arrondis et l’image qui pourrait être en 16:9 se retrouve rapetissée. Un choix judicieux qui donne l’impression que les personnages se sentent emprisonnés, coincés dans cette vie de merde.
Le premier long métrage de Theodore Schaefer présente des faiblesses. Mais il réussit une chose importante : créer un sentiment d’étrangeté chez le spectateur.
Giving Birth to a Butterfly vous entraînera dans un voyage inquiétant, et mystique dans le royaume de l’inconscient. Un film qui, de par son originalité, mérite d’être vu.
Note : 7/10
Giving Birth to a Butterfly est présenté au festival Fantasia, les 9 et 11 août 2021.
Extrait
Titre original : Giving Birth to a Butterfly
Durée : 77 minutes
Année : 2021
Pays : États-Unis
Réalisateur : Theodore Schaefer
Scénario : Theodore Schaefer et Patrick Lawler
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