Le festival d’Annecy a commencé cette semaine et c’est Andrea qui a lancé les hostilités pour LPS, avec 4 films de l’ONF. Aujourd’hui, c’est à mon tour de vous présenter des courts-métrages d’animation. Voici donc les films en sélection dans la catégorie Off-Limits.
La sélection Off-Limits, témoigne de la vitalité des démarches expérimentales. Par ailleurs, six des 12 films composant cette section ont été réalisés par des femmes, ce qui est représentatif du niveau de parité qui caractérise désormais la sélection dans les diverses catégories de courts métrages d’animation. Il y a aussi une belle diversité au niveau de la provenance des films sélectionnés, alors qu’on retrouve des œuvres provenant d’Islande, de la République démocratique du Congo, de l’Égypte et de l’Indonésie, autant de pays rarement représentés à Annecy. Sans oublier, évidemment, la France, la Lettonie, l’Afrique du Sud, l’Autriche, et l’Australie.
Sans plus attendre, voici 7 des 12 films en compétition dans la catégorie Off-Limits :
Un peintre dans son atelier : crayons, pinceaux, tubes, table, chevalet et dessins se mettent d’eux-mêmes en mouvement dans une explosion de couleurs et de flamboiements.
Ahhhh, le cinéma expérimental… Hum Drum en est un superbe exemple. Ce court film ne raconte pas une histoire en soi. En fait, on dirait qu’on regarde des images à travers un interminable feu d’artifice. Il a beau être catégorisé en tant qu’animation, si on ne le savait pas, on pourrait en douter. Peut-être est-ce dû à la technique mixte qui allie animation d’objets, dessin sur papier, effets spéciaux, pixilation et images réelles. Quoi qu’il en soit, nous sommes en présence d’un film franchement intéressant. Mais dites-moi, est-ce un hibou à la fin?
Rescapée de l’attentat à la station de métro Maelbeek le 22 mars 2016 à Bruxelles, mais amnésique, Sabine cherche l’image manquante d’un événement surmédiatisé et dont elle n’a aucun souvenir.
Maalbeek est dur. Constitué d’animation 3D et d’images d’archives, ce film fait mal. Imaginez être la seule survivante d’une explosion. Imaginez le sentiment face à l’absence d’images dans votre tête. Ce film est un coup de poing en plein visage. À voir pour un public averti.
Parfois en pleine euphorie, parfois au fond du trou, je me bats pour survivre et trouver ma place.
Avec Panic, Maligina nous amène à l’intérieur de l tête d’une femme et de ses peurs rationnelles, ou non, quant à son rôle de femme. Maternité, amour, couveuse… Le court métrage de Maligina mélange des images réelles avec du dessin sur papier et des animations 2D. Le mélange est parfait; parfaitement inquiétant. Non, la sélection Off-limits de 2021 n’est pas jojo.
Broyée, battue, noyée, pendue, brûlée. Féminicide. Le point de départ de “Cause of Death” : regarder de quelle façon les images des femmes ont été marginalisées historiquement dans les archives, ou comment elles étaient dépeintes.
Cause of death n’est pas vraiment une animation. Il s’agit principalement d’images d’archives, avec quelques ajouts en animation ou en coloriage. Mais il vaut franchement la peine d’être vu. Il retrace le travail important des femmes au sein de diverses sociétés et la valeur (ou plutôt le peu de valeur) qu’on leur donne. La morale de l’histoire est que les féminicides se produisent partout et qu’ils sont reliés, entre autres, à la valeur qu’on donne à la femme dans ces sociétés.
Le leitmotiv central des travaux du réalisateur est la nature du film. Cette ligne directrice conduit à des questions associées en termes de limitations de moyens et, comme le titre de ce court métrage le suggère, à leur dissolution.
C’est la deuxième fois que je vois ce film. J’ai eu l’occasion de le voir à l’automne dernier dans le cadre du FNC, et maintenant au festival d’Annecy. Voici ce que j’en avais dit la première fois : « En effet, Dissolution prologue nous montre ce même rectangle en format 4:3 qui ouvre et ferme. Le tout agrémenté de « bip » strident et agressant à souhait. Mais je ne sais trop pourquoi, comme Thorax (vous pouvez lire le texte en suivant le lien), ce film est hypnotisant. Un peu moins peut-être. Mais on y reste accroché…
Et pour être honnête, je ne sais trop pourquoi, mais je trouve toujours ce film très intéressant malgré sa simplicité. Comme quoi il ne faut parfois pas grand-chose pour captiver…
Te voilà, SCUM, créature en cage. Dans la rage de notre époque, ta blessure individuelle et sociétale questionne notre lien viscéral à la violence. SCUM, dans tes mains de silicium poussent de jeunes germes en mutation.
Ok… Celui-ci est perturbant. Vraiment perturbant. C’est le genre de film qu’on termine en se demandant : mais qu’est-ce que je viens de voir exactement?
Quelque part entre la dure constatation du réel et le pamphlet anti-violence, SCUM MUTATION fera parler ceux qui l’auront vu. D’ailleurs, mieux vaut le regarder 2 fois, car il se passe beaucoup de choses à l’écran. En plus de ces étranges créatures qui défilent dans un incessant mouvement, il y a les slogans et les cris qui percent nos tympans, ainsi que les textes qui se superposent aux images. Des textes qui apparaissent tant en gros qu’en tout petit, tant en haut qu’en bas, tant à la suite l’un de l’autre qu’en même temps.
SCUM MUTATION est, jusqu’à maintenant, mon coup de cœur (et mal de cœur) du festival. Ne le manquez pas.
Une expérience à partir d’un échantillon de mimoïde de l’océan Solaris, dont on a mesuré les réactions à divers types de radiations ionisantes et non-ionisantes.
Regarder Turnable Mimoid c’est un peu comme si on regardait un mélange entre la vue à travers la lentille d’un microscope et Star Wars. On ne sait pas trop où la réalité rencontre la fiction. Le résultat est un court métrage visuellement beau, mais un peu trop long. Offrez-moi le même film en moins de 5 minutes, et j’achète!
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Pour être honnête, je n’ai jamais été un grand partisan des films d’animation. Mais je commence à découvrir ce genre de cinéma, et je dois admettre que l’intérêt se développe lentement. Lorsque je vois des films de grande qualité comme Maalbeek ou SCUM MUTATION, je n’ai d’autres choix que d’en venir à la conclusion que l’animation offre des possibilités incroyables.
Ces 7 courts métrages peuvent être vus en ligne et sont présentés aux Festival International du Film d’Animation d’Annecy, du 14 au 19 juin 2021.
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