« — Tu farai Antonio!
— E chi srebbe quest’Antonio?
— Il duca di milano. »
[— Tu feras Antonio!
— Et qui est cet Antonio?
— Le Duc de Milan.]
La stoffa dei sogni raconte les péripéties d’une troupe théâtrale modeste, naufragée au large des côtes d’une île méditerranéenne isolée, avec de dangereux membres de la Camorra. De cette prémisse, se développe une comédie pleine de coups de théâtre, inspirée de La Tempête de William Shakespeare et de la traduction napolitaine d’Eduardo De Filippo du chef-d’œuvre de Shakespeare, le tout dans le paysage immaculé de l’île d’Asinara. Le cœur de l’histoire est le théâtre universel : à travers la séquence d’événements impliquant la troupe de théâtre, soudainement croissante, avec l’entrée « abusive » du féroce Camorristi, son récit le plus profond est mis à jour, s’inspirant des thèmes universels de l’amour, le crime, la vengeance, la rédemption et le pardon.
Avec La stoffa dei sogni (que l’on pourrait traduire par L’étoffe des rêves), Gianfranco Cabiddu propose une comédie légère qui offre un deuxième niveau de lecture pour ceux qui connaissent les réalités italiennes.
Le cinéma populaire italien est, contrairement à celui des États-Unis, rempli d’éléments culturels typiques de l’Italie. C’est donc un cinéma qui est plus facilement appréciable pour les Italiens ou les italophiles dont je suis.
Le film de Cabiddu en est un exemple particulièrement marqué. Vous ne savez pas ce qu’est la Camorra? Vous manquerez peut-être quelques références au début, le temps de comprendre qu’il s’agit de la mafia napolitaine. Hé non, on ne prendra pas le temps de vous l’expliquer, parce qu’on prend pour acquis que le spectateur connait cette réalité. On explique rapidement ce qu’est La tempête, de William Shakespeare, parce que c’est au centre de l’histoire. Mais, encore là, on s’attend à ce que le spectateur sache qu’il s’agit d’une histoire qui se déroule en mer.
Mais ce qui est le plus difficile, c’est les jeux dialectaux. Italien, napolitain, sardaignait… on s’y perd un peu. D’ailleurs, il y a même un personnage (un habitant de l’ile où se déroule l’histoire) qui n’est pas compris ni par nous ni par les autres personnages. Le dialecte local semble mystérieux.
Ce qui est dommage dans ce film c’est qu’il est rempli de clichés. Le gardien de la prison est dur, droit et strict avec sa pauvre fille qui se fait même enfermer dans sa chambre (pour la protéger, évidemment. Cela dit, la performance d’Ennio Fantastichini est très convaincante.
Ce qui est vraiment regrettable, ce sont les personnages de la Camorra. On se retrouve avec les méchants pas très futés, sauf le chef. Ça devient ennuyeux ce syndrome des Dalton. Pourquoi les comédies présentent presque toujours des méchants qui, dans la réalité, ne feraient peur à personne, tellement ils ne seraient pas foutus d’additionner 1 et 1?
Je reste toujours incertain lorsque je regarde une comédie et que je ne ris pas. Est-ce moi qui ne comprenais pas les moments drôles? À moins que ce film me fasse réfléchir… Mais dans le cas présent, je n’ai ni ri ni réfléchi. Je me suis laissé embarquer dans l’histoire qui, tout de même, est plaisante. Mais il manque définitivement quelque chose.
La stoffa dei sogni est un film qui ne sera pas apprécié par les gens qui ne connaissent pas très bien la culture italienne. Et il risque de décevoir les gens très cultivés. Il s’agit donc d’un film qui s’adresse plutôt aux Européens qui aiment un type de cinéma plus facile.
Note : 6.5/10
Extrait (en italien)
Titre original : La stoffa dei sogni
Durée : 101 minutes
Année : 2016
Pays : Italie
Réalisateur : Gianfranco Cabiddu
Scénario : Gianfranco Cabiddu, Salvatore De Mola, Ugo Chiti
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