« Do you know that she asked for you every day? For month and month she looked at me like I was the wrong person. »
[Sais-tu qu’elle t’a demandé chaque jour? Pendant des mois, elle me regardait comme si j’étais la mauvaise personne.]
Dara (Sarah Sutherland) rentre chez elle pour renouer avec son mari (Jared Abrahamson) et sa jeune fille, qu’elle a quittés deux ans plus tôt. Lorsqu’elle arrive, elle découvre qu’une femme enceinte de sept mois a pris sa place et que sa fille ne la reconnaît plus.
Like a House on Fire, de Jesse Noah Klein, raconte l’histoire de la lutte d’une femme pour retrouver la vie qu’elle a laissée derrière elle. Et une preuve que l’expression « partir pour mieux revenir » ne peu pas s’appliquer à tout.
Après s’être penché sur le thème du « bullying » dans l’amitié avec We’re still together, le réalisateur montréalais s’intéresse à la famille.
« All I have is my family. Dara too comes to terms with this idea. Family is malleable, it can change, evolve. Dara ends up somewhere very different than she had otherwise hoped but she comes to realize that as long as that will, that effort, is there, then those people will always be her family. » [Tout ce que j’ai, c’est ma famille. Dara accepte également cette idée. La famille est malléable, elle peut changer, évoluer. Dara finit dans un endroit très différent de ce qu’elle avait autrement espéré, mais elle se rend compte que tant que cette volonté, cet effort est là, alors ces personnes seront toujours sa famille.]
Mais lorsque la jeune femme revient dans sa ville natale, elle constate que ceux qui l’entouraient sont passés à autre chose. Mais quand on part sans trop dire pourquoi, à quoi peut-on s’attendre. Dan, le mari de Dara, se retrouve seul avec une petite fille de même pas 2 ans. Après quelques mois, il comprend bien que la maman ne reviendra peut-être jamais.
Le réalisateur et scénariste est à un stade de sa vie où il veut créer sa famille. Il s’est donc penché avec justesse sur les sentiments qu’on éprouve quand on est un jeune parent. Les échanges entre Dan, Dara et Thérèse (la nouvelle conjointe du père) sont dure de vérité. Le spectateur se retrouve coincé dans ses propres sentiments et ne sait plus s’il doit être du bord de Dara ou celui de Dan.
Pris au piège dans ce sentiment, le spectateur finit par éviter de prendre position et se retrouve quelque part entre les deux personnages, comme un ami pris entre ses amis qui se séparent.
Jesse Noah Klein a opté pour une caméra très mobile (souvent à l’épaule) et une image terne, granuleuse. Un choix judicieux qui augmente la lourdeur sur le cœur du spectateur. Il dirige ses acteurs avec justesse et ses acteurs le lui rendent à merveille.
Sarah Sutherland, est touchante, frustrante et réussit à créer un personnage que nous hésitons à aimer, mais aussi à détester. Jared Abrahamson rend avec force les sentiments qu’un jeune papa ressentirait probablement dans sa situation. Il montre une hésitation lorsque sa femme revient et veut reprendre sa place. Doit-il la reprendre afin de reformer sa famille originelle, ou s’il doit plutôt rester avec sa nouvelle conjointe et miser sur sa « nouvelle » famille? Hubert Lenoir, dans son tout premier rôle au cinéma est parfait. Il offre -dans un rôle secondaire – une performance qui lui permettra très certainement d’avoir d’autres offres.
Au fil de l’histoire, Dara se rend compte qu’elle ne peut pas se cacher dans le sable, qu’elle doit être honnête avec ceux qu’elle aime le plus : avec sa mère, son père, son ex-mari et surtout avec sa fille.
Le film montre bien, aussi, ce que la plupart des nouveaux parents ressentent. Il y a un amour riche et plein qui vient avec le fait d’être mère ou père, mais il y a aussi une grande terreur. Une peur d’être insuffisant, de se tromper, d’aimer de la mauvaise manière.
Présentement en salles et bientôt sur Crave, Like a house on fire est un grand film sur l’amour, la haine, la parentalité et sur la peur et tout ce qui peut s’en suivre… Ne le manquez pas.
Note : 9.5/10
Bande-annonce
Titre original : Like a House on Fire
Durée : 84 minutes
Année : 2020
Pays : Canada
Réalisateur : Jesse Noah Klein
Scénario : Jesse Noah Klein
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