La 39e édition du FIFA se déroulera du 16 au 28 mars 2021. Après avoir été le premier festival des Amériques à migrer en ligne en mars 2020, le plus grand festival de films sur l’art au monde tient sa seconde édition virtuelle. Cet événement en ligne procurera une expérience festivalière unique grâce à son nouveau site web et à sa nouvelle plateforme (ARTS.FILM). Au-delà des regroupements de films par thématique, de véritables parcours expérientiels sont proposés sous forme de collections afin de diversifier les points d’entrées et les découvertes d’une offre riche et dense.
Cette année, ce sont 249 films, représentant 41 pays.
Une section de courts métrages très diversifiés – dont plusieurs vidéos de danse – démontre la vitalité de la créativité chez les jeunes artistes. 25 courts métrages sont en compétition cette année. Au programme : mouvements du corps, expérience musicale et cinématographique, des images hypnotisantes, des prestations de remarquables danseurs et danseuses, chanteurs et chanteuses du Québec, de la danse expérimentale à la frontière du surréalisme, de l’émotion, une chorégraphie aquatique pleine de grâce, de l’art numérique, une expérience immersive énigmatique, des personnes « évaporées », et des réseaux sociaux qui nourrissent des envies de célébrité.
De mon côté, j’ai sélectionné 6 œuvres parmi cette vaste sélection afin de pouvoir vous donner une petite idée de ce que vous pouvez retrouver lors du 39e FIFA.
Portrait de l’artiste français Mustapha Azeroual, qui fait de la photo pour saisir non pas la réalité mais plutôt ce qui se trouve au-delà de ce que nous voyons. Ne prenant en compte que les éléments de base, l’artiste crée des compositions abstraites à partir de photographies prises dans son atelier et dans la nature. Peu importe que l’objectif de son appareil photo soit pointé sur une forêt ou un lac, sa technique parvient à éliminer tout soupçon de figuration pour ne capter que l’essentiel : la lumière et les couleurs.
Utiliser la photographie afin de créer des sculptures de lumière… Voilà la philosophie de Mustapha Azeroual. Ça semble étrange, mais quand il explique, et qu’on voit, on comprend. Au-delà du visible est un film captivant, bien rythmé, qui offre de réflexions artistiques, ainsi qu’une musique poignante.
Vous ne verrez plus jamais la lumière de la même manière. Parce que vous l’aurez vu.
Tournée dans une zone d’exploitation contrôlée au nord de Portneuf, Batiscan-Neilson est une vidéo de danse collaborative qui interroge les limites du territoire qui peuvent, dans certains contextes, devenir plus floues et disparaître progressivement au profit des réseaux. Y sont explorés les territoires du quotidien face à la perte de mobilité que le confinement amène. La notion de contrôle touche également, dans le contexte, les territoires virtuels ainsi que la restriction des mouvements et des déplacements, même en pleine nature.
La chorégraphe Miranda Chan nous offre une œuvre sur le mouvement et le non-mouvement tout en mettant en relation le corps et la nature. Ajoutons à cela la grâce de la danseuse et l’esthétique visuelle du film et on se retrouve avec un court métrage fort.
Avec Naïade, l’artiste propose une exploration et un questionnement sur la façon dont l’image et la perception de soi ont changé dans l’ère post #MoiAussi. Que décidons-nous de garder et que perdons-nous ? Utilisant l’eau comme une boucle de rétroaction, l’expressivité du noir et blanc ainsi qu’une trame sonore envoûtante, le film plonge dans les profondeurs de la conscience.
L’écoute avec des écouteurs ou un bon système de son est recommandée pour le visionnement de ce film en raison de sons très graves dans sa bande sonore.
Speak Blanc est la mise en images du poème de Sylvain Campeau, tel qu’il apparaît dans les pages du recueil Dire encore après, publié en 2019 aux éditions Triptyque. Grâce à cette nouvelle adaptation du célèbre poème Speak White de Michèle Lalonde, lu en 1970 lors de la Nuit de la poésie, Sylvain Campeau souhaite lui rendre un hommage renouvelé. Ici, le poète se demande à quoi une telle entreprise d’écriture devrait ressembler aujourd’hui, dans le contexte actuel. Les images du film défilent dans un parcours endiablé alors que les mots entreprennent un panorama des écrits et dits des gens qui habitent et qui écrivent la nation. D’autres langues réclament aussi leur place, leurs échos résonnent depuis bien longtemps sur cette terre.
Quel beau texte! Les images du film sont banales, mais parlantes. Qu’on regarde les yeux fermés ou ouverts, ce court métrage touche de par ses mots. La réalité tant environnementale que culturelle est traitée et touchée. À voir pour tous ceux qui ont en mémoire 1970 ou pour tous ceux qui ne l’ont pas vécu. À voir pour ceux qui vivent ici ou qui aimeraient.
Sur la scène d’un antique théâtre grec, des arbres abattus par le vent ont obtenu un ultime rôle en tant que témoins muets des deux tragédies. Le film raconte le voyage de 1 500 km à partir de leur perspective et à travers une variété de paysages, de couleurs et de sons.
Troiane (The Trojan Women) est un film qui débute lentement. Mais il faut s’accrocher et passer les 4 ou 5 premières minutes. Parce qu’après, le réalisateur met magnifiquement en lien deux tragédies séparées par plus de 2000 années : la mort des femmes de la guerre de Troie et la mort des arbres en 2018. Les images sont accompagnées, par moment, de magnifiques nénies qui viennent chercher l’émotion chez le spectateur. Le tout se termine avec la pièce, jouée dans un ancien théâtre romain datant probablement de plus de 1500 ans lui aussi.
Un requin nage librement dans l’océan, jusqu’au moment où il est pris dans les filets d’un navire. Il mourra pour qu’on puisse couper ses nageoires et les vendre 50 sous chacune. Le requin du film est un danseur qui exécute une chorégraphie aquatique pleine de grâce, qui montre la délicatesse des mouvements de l’animal, mais aussi son désespoir, sa douleur et ses tentatives pour se libérer de ses ravisseurs.
Weeping Water témoigne de la dignité animale et dénonce les pratiques voraces et cruelles, responsables de la décimation de millions d’animaux marins chaque année. Et il se termine avec un plaidoyer. Si nous, humains, voulons survivre, nous devons prendre en compte l’importance des autres espèces envers nous.
Weeping Water est aussi un film qui montre toute la créativité d’un chorégraphe et le talent d’un danseur. À la fin du film, je suis resté figé, complètement assommé par la puissance de ce film.
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Ne manquez pas cette superbe programmation de courts métrages. La programmation est accessible en ligne, partout au Canada. Le passeport unique est disponible au coût de 39$ pour l’ensemble de la programmation.
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