L’histoire vraie du peintre et faussaire en art, Han van Meegeren (Guy Pearce), qui a extorqué les Nazis de millions de dollars en leur vendant des contrefaçons de célèbres peintures.
Le synopsis a de quoi intriguer, particulièrement les amateurs d’art. Malheureusement, avec The Last Vermeer, le réalisateur Dan Friedkin s’écarte un peu de l’histoire du faussaire pour relater celle du capitaine qui a fait la lumière sur le mystère. Un tournant hollywoodien un peu décevant et, de surcroît, peu enlevant.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le peintre déchu Han van Meegeren (1889-1947) aurait échangé des faux Vermeer qu’il avait lui-même peints contre des œuvres néerlandaises spoliées par les Nazis, trompant ainsi les forces d’Hitler et rapatriant des trésors nationaux. Néanmoins, ce que la biographie The Man Who Made Vermeers de Jonathan Lopez révèle grâce à une importante recherche en archives, c’est qu’il ne serait pas un héros, mais plutôt un vrai de vrai faussaire, impliqué dans un vaste réseau de commerce illicite de biens culturels.
Après la fin de la guerre, accusé d’avoir vendu des précieux Vermeer aux Nazis – il en aurait vendus 7 entre 1936 et 1942 -, il est forcé d’avouer son forfait pour éviter la peine capitale qu’entraînait une telle trahison. Ce n’est que grâce à l’intervention de l’ancien militaire Joseph Piller qu’il s’en sauva.
Comment est-ce possible d’ajouter en l’espace de quelques années autant de titres à la collection mondiale d’un artiste du 17e siècle ? Il faut savoir que Johannes Vermeer a laissé derrière lui un nombre dérisoire de tableaux comparativement à d’autres artistes du même acabit: seulement une trentaine. C’est très peu pour une carrière qui s’est échelonnée sur environ autant d’années. Les tableaux peints par Hans van Meegeren proposaient de plus de compléter notre connaissance de l’artiste en lui attribuant de fausses œuvres de jeunesse, comblant ainsi des lacunes importantes de l’histoire de l’art flamand. Cela explique d’ailleurs pourquoi les connaisseurs seront surpris de l’allure de ces tableaux, qui se distinguent assez de la touche que nous connaissons au maître du Siècle d’Or.
Pourquoi alors a-t-il réussi à tromper les plus grands experts? Il avait compris comment recréer précisément la nature des tableaux du 17e siècle, notamment par l’utilisation de pigments et de toiles d’époque.
« The heartbeat of The Last Vermeer is the question of, what is art and what makes something a fake or not », [Le coeur de The Last Vermeer est la question de ce qu’est l’art et ce qui fait que quelque chose est un faux ou non], soutient le réalisateur Dan Friedkin. Malheureusement, l’objectif n’est pas rempli. Oui, on voit le faussaire peindre; oui, on voit Piller se rendre dans un musée durant son enquête; oui, on assiste à la toute fin à la démonstration de la fraude, mais le film semble finalement davantage suivre l’histoire du capitaine Piller, son enquête, mais aussi sa séparation avec sa femme et sa flamme pour sa collègue. On doit attendre plus de la moitié du film avant que le militaire ne découvre le pot-aux-roses. Les premières minutes du film, centrées autour de la découverte de l’oeuvre Le Christ et de la femme adultère, sont finalement une fausse promesse aux amateurs d’art.
Pour le réalisateur, l’histoire de Piller serait une métaphore de la recherche de la vérité inhérente au film: « Piller’s journey is trying to figure out what is right and what is wrong, and in the process he finds that he needs to forgive – forgive himself, and forgive his wife for what she may have done during the war. » [Tout au long de son périple, Piller essaie de figurer ce qui est bien et ce qui est mal, et durant le processus, il apprend qu’il doit pardonner – se pardonner lui-même et pardonner sa femme pour ce qu’elle pourrait avoir fait durant la guerre.] Quoi qu’il en soit, le résultat n’est pas très convaincant.
L’importance que Friedkin accorde à Piller fait de The Last Vermeer un film qui manque de fil directeur. On a l’impression que sont maladroitement réunies l’histoire du faussaire, celle du capitaine et finalement celle du procès qui les réunit. C’est cette dernière partie qui est la plus captivante; malheureusement, elle arrive tard.
Peu haletant, ce film d’art dans lequel l’art prend peu de place n’aura pas une fortune critique aussi vaste que l’artiste qui en est le sujet, encore aujourd’hui reconnu comme le plus grand faussaire de l’histoire.
Note: 5,5/10
Bande-annonce
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