« S’il était sur le chantier, on peut s’attendre au pire. »
Maxime (Joakim Robillard), mi-vingtaine, travaille dans une mine loin de la ville. 14 jours à la mine, 14 jours de congé à la maison. Ses moments à Val-d’Or sont partagés entre sa blonde qui vient de faire une deuxième fausse couche et son ami d’enfance, Julien (Théodore Pellerin), resté handicapé suite à un accident de voiture qu’il a causé deux ans auparavant. Depuis, la culpabilité le ronge et Maxime veut se racheter. Mais il est freiné par Mario (James Hyndman), le père de Julien qui travaille aussi à la mine et qui lui en veut toujours. Un jour, une explosion retentit sous terre. Faisant partie de la mission de sauvetage, Maxime descend dans l’antre de la mine avec la ferme intention de ramener chacun de ses collègues vivants…
Deux ans après Chien de garde, Sophie Dupuis présentera son nouvel opus, Souterrain, le 7 octobre prochain au 49e Festival du nouveau cinéma. Un drame dont le récit met en scène le monde minier de Val-d’Or, en Abitibi, sa région natale.
Dès les premières minutes du générique, la tension est palpable à l’écran. Accompagnés par une composition sonore remarquable, nous nous enfonçons sous terre, dans l’urgence, avec toute une équipe de mineurs prêts à nous transmettre leurs émotions.
Sophie Dupuis sait s’entourer d’une team qui gagne. Pour appuyer visuellement les drames qui traversent la vie de notre gang de mineurs, elle collabore à nouveau avec Mathieu Laverdière, directeur photo, qui faisait déjà partie de l’équipe dans Chien de garde. Les choix photographiques sont bien élaborés et relèvent du défi particulièrement lorsque les mineurs sont sous terre. Les cadrages sont serrés, concentrant notre attention sur les bouleversements des personnages et le malheur qui les entourent. La facture visuelle présente un esthétisme recherché, parfois glacial, flou et énigmatique, parfois chaleureux, vif et intime.
Dans Souterrain, toute l’histoire ne se passe pas juste au fond du trou. La performance très impressionnante et tout à fait réaliste et attachante de Théodore Pellerin (Julien), qui incarne l’ami de Maxime (Joakim Robillard), handicapé à cause de lui, contribue au récit bien ficelé de Sophie Dupuis. C’est d’ailleurs une deuxième collaboration de la part du comédien, qui a été élevé au rang des meilleurs acteurs de sa génération grâce à son personnage hyperactif et ses humeurs extrêmes dans Chien de garde (2018). Rappelons-le, Sophie Dupuis a marqué les esprits avec son premier long métrage, qui avait été retenu pour représenter le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère lors de la cérémonie de 2019.
De la même manière, tous les personnages de Souterrain ont leur couleur bien définie. On se laisse entraîner par le personnage de Maxime, très impulsif et antipathique, mais également fragile et attentionné. On note aussi une certaine chaleur qui est retranscrite à l’écran malgré l’humidité ambiante des mines. Avec notre « gang de mineurs » sympathiques (Guillaume Cyr, Catherine Trudeau, Mickaël Gouin, Chantal Fontaine, Bruno Marcil et Jean L’Italien) s’incarne un esprit de camaraderie et de complicité qui redonne un peu de légèreté à l’œuvre. Sous terre, cette grande famille ne semble faire qu’un.
Mais comment croire en l’archétype du mineur, sans en dénaturer les gestes ou le sens?
Le réalisme, c’est un peu la marque de fabrique de notre jeune cinéaste de 34 ans et, justement, on y croit. En poussant le challenge et le désir de reproduire avec justesse le quotidien des mineurs dans leurs habitudes, leurs gestes, leurs paroles ainsi que leurs connaissances techniques des machines, le pari semble réussi. L’approche se ressent totalement tout au long de notre récit filmique. Ce nouveau film est une ode à une profession plutôt méconnue, qui mérite de sortir de l’obscurité.
Le film Souterrain de Sophie Dupuis sera présenté en première mondiale le 7 octobre prochain au 49e Festival du nouveau cinéma et sortira en salle plus tard en 2020..
Note : 8 /10
Bande-annonce
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