Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son compagnon François. Il doit s’absenter pour son travail et elle se retrouve seule pour accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’avait jamais rencontré. Pendant quatre jours, tandis qu’ils attendent le retour de François, Daphné et Maxime font petit à petit connaissance et se confient des récits de plus en plus intimes sur leurs histoires d’amour présentes et passées..
La Covid-19 a bouleversé beaucoup de choses dans l’industrie du cinéma, que ce soit des films reportés, des tournages arrêtés en pleine production ou des évènements tout simplement annulés. L’un d’entre eux est sans aucun doute l’un des plus importants du monde, le Festival de Cannes. Cependant, le président Pierre Lescure et le délégué général Thierry Frémaux ont trouvé une solution. Ils ont en effet créé un label Cannes 2020, accompagnant les films qui étaient considérés pour l’édition annulée, leur servant notamment dans leur promotion. Ce label est divisé en quatre catégories : les habitués, les nouveaux venus, les premiers films et les autres (documentaires, comédies et films d’animation). C’est de la seconde catégorie que nous allons nous intéresser avec le long métrage Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, réalisé par le cinéaste Emmanuel Mouret. Mais si le festival avait eu lieu, le public aurait fait face à une grande déception.
Car oui, le dixième film du réalisateur français est loin d’offrir une expérience cinématographique satisfaisante. Mais, avant d’expliquer pourquoi, voici une petite mise en contexte. L’inspiration principale de Mouret pour le film est le philosophe René Girard et sa théorie du désir mimétique. Pour résumer, il postule que le désir d’une personne est toujours suscité par le désir qu’a la personne désirée pour quelque chose d’autre. C’est ce qui se passe dans le long métrage, où les protagonistes désirent quelqu’un déjà en relation. Franchement, l’idée est alléchante. Les propos philosophiques sont rarement abordés dans des films se déroulant à notre époque. Ils inspirent davantage les œuvres de science-fiction, mais sont assez inusités dans une comédie dramatique.
Cependant, pour chaque idée, il faut un traitement, et c’est là que ça coince. Première chose que l’on remarque : les dialogues. Le long métrage est très bavard, ce qui n’est pas un problème, des cinéastes comme Bertrand Blier et Quentin Tarantino ayant fait des scènes dialoguées leur spécialité. Le problème, c’est que les phrases d’Emmanuel Mouret sont trop écrites. En effet, les personnages parlent avec de longues tirades, avec un vocabulaire très recherché, sur des sujets complexes. Cela amène deux choses : une certaine fatigue à écouter la même personne parler pendant plusieurs minutes ainsi qu’une déconnection face au film, puisqu’on sait que personne ne parle réellement comme ça. Cela n’est pas aidé par le manque de rythme, le jeu peu crédible des acteurs et la mise en scène simplissime. Au final, on finit par s’ennuyer devant le film.
Cela étant dit, certaines choses sont quand même à sauver. Il y a d’abord une très bonne utilisation de la musique, qui reste discrète, mais mise en accent quand le moment est opportun. Mais la meilleure chose qu’offre le film, ce sont les scènes de silence. Ce sont des scènes sans dialogues, mais qui présentent une ambiance très réussie qui transporte le spectateur dans le film. La meilleure reste la scène dans la chambre se déroulant vers la fin du film, d’une puissance forte que le film aurait dû utiliser pour devenir une grande œuvre de cinéma.
Pour résumer, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret n’est pas un très bon film. Même s’il contient plusieurs moments forts, il est surtout gâché par le manque de qualité de ses dialogues. Ce qui est d’autant plus dommage puisque le long métrage se construit autour d’eux. Pas le meilleur choix donc pour Cannes 2020, mais le label offre d’autres longs métrages très prometteurs que l’on attend avec impatience.
4/10
Bande-annonce
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