Back of the Moon – La tendresse dans la dureté

Back of the Moon - affiche1958 Sophiatown. À la veille de la démolition de sa maison par la police de l’apartheid, Badman, un gangster notoire, décide de se battre jusqu’à la mort. Mais Eve, une magnifique chanteuse entre dans sa vie. Badman trouvera alors une raison de continuer à vivre.

Du 23 septembre au 4 octobre se tient le Festival International du Film Black de Montréal. Cet événement mettra en vedette les long métrages indépendants du monde entier mettant en valeur la culture et la réalité des hommes et des femmes de race noire. L’occasion parfaite de découvrir un cinéma international rarement à l’avant-plan ainsi que des thématiques importantes très souvent abordées de manière manichéenne par certains films hollywoodiens (on peut notamment penser au tristement célèbre cas de Green Book.). Parmi les nombreuses oeuvres présentées, on y retrouve le film sud-africain Back of the moon, réalisé par Angus Gibson.

Le réalisateur nous plonge dans la période de l’Apartheid, plus précisément dans le quartier de Sophiatown dans la ville de Johannesburg, juste avant que les autorités ne forcent les habitants à quitter l’endroit en 1958. On voit déjà, à travers le choix de ce contexte, une dénonciation du racisme dont les noirs sud-africains ont souffert durant le 20e siècle. Cependant, si ce propos est mentionné lors de l’introduction et la conclusion, donnant notamment un message d’espoir pour la population opprimée, il reste très secondaire durant le film. En effet, le film se concentre davantage sur le milieu criminel qui régnait dans le quartier à l’époque et s’intéresse surtout à la rédemption et à la volonté d’un avenir meilleur que rend possible la rencontre de deux personnages.

L’amour et la violence

Back of the Moon - Amour et violenceCette rencontre entre le criminel Max et la chanteuse Eve constitue le principal intérêt de Back of the moon. Même si leur passion peut sembler très expéditive, ce qui est notamment dû au fait que toute l’histoire se déroule en une seule soirée, la relation qu’ils entretiennent reste très belle. Le spectateur risque fort de s’attacher à eux en regardant les deux protagonistes se rapprocher. Cela est possible grâce aux deux interprètes, Richard Lukunku et Moneoa Moshesh, qui créent une superbe alchimie entre les deux personnages, mais aussi grâce au développement des personnages qui, au fil de la rencontre, vont se mettre à changer. Le terrible gangster Max va se montrer bien plus doux et empathique et la chanteuse rêveuse Eve deviendra de plus en plus indépendante et va prendre sa vie entre ses mains. 

Mais outre cette histoire d’amour, l’ambiance criminelle instaurée dans le film est très réussie. C’est surtout grâce aux membres des Vipers, à l’air menaçant, qui deviennent très effrayants et dangereux quand ils passent à l’action. Le meilleur étant sans aucun doute le personnage de Ghost, qui présente une véritable rage intérieure dont on ne le souhaite pas voir sortir. Cette ambiance est accentuée par les lumières très esthétiques du film, les décors malfamés qui donnent un véritable cachet au quartier de Sophiatown dépeint dans le film ainsi qu’au fait que les scènes de violence sont très frontales, le réalisateur n’hésitant pas à montrer certaines choses assez choquantes, ce qui les rendent marquantes.

Du classique

Back of the Moon - Du classiqueMais si le film réussit dans pas mal de choses, il reste très classique dans son écriture et sa mise en scène. En effet, malgré les très jolis effets de lumière, la réalisation d’Angus Gibson reste très sobre, un peu trop même. Il aurait facilement pu tenter quelque chose de différent à certains moments pour impressionner le spectateur, mais il se contente de rester simple. En ce qui concerne l’écriture, cette histoire d’amour et de rédemption située dans le milieu criminel a déjà été vue dans de nombreux autres films. De plus, certains éléments scénaristiques ont été vus et revus. On peut citer en exemple la chanteuse rêvant d’une vie meilleure, le petit ami boxeur, le truand sadique et ambitieux et le chef de la mafia fatigué de sa vie dans le crime. Tous sont des stéréotypes connus qui sont apparus de nombreuses fois dans l’histoire du cinéma.

Au final, malgré son très grand classicisme, Back of the moon est un film très plaisant à regarder avec son histoire intéressante, ses personnages attachants ainsi que son ambiance dure et sombre. Même s’il ne va pas être marquant, il mérite sa place dans la sélection du Festival International du Film Black de Montréal.

6/10

Back of the Moon est présenté au FIFBM du 23 septembre au 4 octobre 2020.

Bande-annonce

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