« In my world, we are forbidden. »
[Dans mon monde, nous sommes interdits.]
Un amour improbable s’enflamme entre une jeune musulmane (Megan Hajjar) moderne et un musicien local (Harrison Gilbertson), dans le contexte de la tension raciale, des amphétamines et de la culture des gangs dans une tour de commission du logement notoire de la ville. Les habitants du quartier se retrouvent dans une situation difficile après qu’un événement choquant se soit produit à leur porte d’entrée.
Inspiré par la pièce éponyme Measure for Measure de William Shakespeare, le film de Paul Ireland est une belle remise en contexte. Situé dans un quartier dangereux, le long métrage questionne les différentes visions du mot « justice ».
Influencé par le réalisme social de films comme Amores Perros, Measure for Measure s’attaque aux notions de justice, de capacité de rédemption et du désir de pouvoir. Et comme il s’agit d’une adaptation de Shakespeare, il y a évidemment un amour interdit.
La mise en scène moderne du théâtre du 16e siècle n’est pas simple. Les réalisateurs se sont souvent cassé la gueule ne parvenant pas à trouver le ton juste et étant incapables de bien situer l’histoire dans le contexte moderne. Mais Ireland y parvient à merveille.
Il remplace les riches aristocrates par des bandes de truands et l’amour se développe entre un jeune homme athée d’origine catholique (un Australien typique) et une Musulmane. Et, pour en faire une tragédie Shakespearienne, la jeune fille est la sœur d’un des caïds et le jeune homme un descendant d’un proche de l’autre chef de bande.
Measure for Measure ne révolutionne rien. C’est un film au schéma classique, avec une histoire tout ce qu’il y a de classique. Mais il est bien fait. L’histoire d’amour est bien intégrée à travers les histoires de policiers corrompus et de gangs de bandits.
Les dialogues auraient pu être un peu plus travaillés, voir plus recherchés. Mais, dans ce genre de film, il est parfois mieux de ne pas trop mettre l’accent sur les mots. L’alternance entre l’arabe et l’anglais est bien, même si la logique voudrait que les membres la famille de la jeune femme parlent toujoursen arabe lorsqu’ils sont seuls ensemble. Petit défaut qui se veut très certainement une façon de ne pas trop faire fuir les spectateurs.
Les acteurs sont aussi très crédibles. Et je me suis même laissé aller à espérer que le petit couple finisse ensemble, heureux…
Il y a des films qui nous déçoivent, et d’autres qui nous surprennent. Personnellement, je ne m’attendais pas à un très bon film en commençant le visionnement. Et, pourtant, Measure for Measure est un très bon film classique. La façon qu’utilise le réalisateur pour s’attaquer au tabou des amours interreligieux est judicieuse. En effet, peu de réalisateurs traitent des relations entre une musulmane et un homme d’une autre confession. Et, fait encore plus rare, il ose littéralement faire tomber le voile (de la femme) devant nos yeux, lors d’une magnifique scène d’amour. Bravo!
Donc, si vous avez envie d’un film qui traite d’une réalité actuelle, mais qui offre une histoire digne d’un film de Hollywood, Measure for Measure est certainement un bon choix. Moi, j’ai bien aimé.
Note : 7.5/10
Bande-annonce
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