Isolés dans une luxueuse demeure sans aucun contact avec l’extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier tome d’un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et qu’un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, une question devient obsédante : d’où vient la fuite?
Pour Les traducteurs, Régis Roinsard a mis 8 ans pour mettre en place tous les éléments nécessaires pour livrer cette œuvre complexe. Après Populaire (2012), il a été saisi d’apprendre que Dan Brown avait séquestré ses 12 traducteurs dans un endroit sans contact extérieur et pendant un certain temps. Et il s’est dit : « Et si…» Comme dans « et si il y avait une fuite? »…
Les traducteurs s’initie avec des images et une musique mystérieuse, une atmosphère un peu tendue. Des livres qui brûlent, puis 9 individus provenant de divers endroits (Copenhague, Francfort, Lisbonne) et parlant des langues diverses arrivent au Manoir de Vilette. On comprend assez rapidement que l’on s’engage dans une situation troublante, alors qu’ils doivent s’installer dans un souterrain bien aménagé où ils devront suivre des règles très strictes. Pendant deux mois!
Très vite, on pense à des séries comme Casa del papel (Money Heist) dans laquelle on forme une équipe des plus hétéroclites pour une mission précise. Il y a d’ailleurs mystérieusement une scène identique en image dans le film de Roinsard : le livre À la recherche du temps perdu de Marcel Proust protège le corps du tir d’une balle… Clin d’œil? Plagiat?
Quoi qu’il en soi, on tombe très vite dans le film dans une atmosphère à la Agatha Christie où tout le monde soupçonne tout le monde. Éric Angstrom (Lambert Wilson, qui donne d’ailleurs une narration efficace, s’estompant lorsque l’action prend la place) menace tous les traducteurs après que les dix premières pages de son roman, L’homme qui ne voulait pas mourir, sont mises en ligne sur internet. Dès lors, on sait que l’on est dans un thriller. Mais le film ne se contente pas de nous offrir ce questionnement à savoir qui est le ou la coupable: une couche supplémentaire vient s’ajouter lors d’un flashback où on voit Alex, le plus jeune des traducteurs, chez le même libraire qu’Éric fréquente… L’appât du gain devient le dénominateur commun à chacun des personnages.
L’action du film, qui se passe dans un souterrain clos, contribue à nous faire sentir parfaitement l’angoisse des traducteurs. La musique, les éclairages et la tension nous atteignent efficacement. Une scène d’extrême tension se joue lorsqu’Éric perd la tête et menace tous ses traducteurs avec une arme. Tous et toutes lui parlent alors dans leur langue maternelle…
La suite enchaîne les situations où les traducteurs sont traités comme du bétail. Des gardes russes s’y appliquent. Une scène brillante, par contre, est celle où Éric rencontre Alex en prison. Lambert Wilson joue très bien l’autorité froide, un certain paternalisme et, enfin, le désespoir. Tous les acteurs sont justes et efficaces. Ce scénario brillant comporte toutefois quelques éléments sujets à nous faire décrocher, comme une rançon de 80 millions d’Euros exigée par le ou les pirates… pour un roman! On a sacrifié la crédibilité pour faire américain, on dirait…
Le cinéphile moyen risque de s’y perdre à travers tous ces mystères, ces accents et cette complexité aussi brillante qu’elle puisse être. Peut-être que le but du réalisateur était que l’on veuille voir son film deux fois? Déficit d’attention s’abstenir!
Que dire de plus sur ce film déroutant, complexe et sombre? Un scénario de qualité avec des acteurs de qualité, mais pas évident à comprendre et réalisé on dirait sans recul sur le sujet.
À voir pour et par les esprits extravagants ou amateurs d’énigmes tordues.
7.5/10
Bande-annonce
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