Pour l’édition 2020 du Festival Fantasia, j’ai eu envie de vous parler de films québécois qui y seront présentés. Voici mes impressions sur 4 courts métrages d’horreur.
Family Feast de Rémi Fréchette est un film québécois bilingue de 6 minutes qui sera présenté dans la sélection spéciale du Festival Fantasia.
Durant le temps des fêtes, une famille québécoise bilingue se rassemble afin de célébrer. Le bol de punch se vide et les comportements débordent un peu. Rose tentera de survivre à cette soirée privée de son téléphone dont la batterie est à plat. Son anxiété grandissante et le punch qui lui monte à la tête affecteront sa perception de manière menaçante. Rose commettra l’irréparable sous le regard horrifié de toute sa famille.
Il s’agit là d’une belle démonstration extrême d’un sentiment que beaucoup de gens partagent lors des rassemblements de familles du temps des fêtes. Nous devons en effet côtoyer des personnes avec qui nous n’avons pas vraiment d’affinités autres qu’un lien de sang. L’ensemble est forcément anxiogène et c’est un fait bien connu que cette période est un stress pour beaucoup de Québécois.
Je me suis facilement identifiée à Rose. Tous les clichés du temps des fêtes de famille y sont: l’oncle un peu saoul et déplacé, la tante qui commente le poids, la mère qui veut plaire, le père qui s’évade dans son petit monde et j’en passe.
Le film s’avère cathartique de l’angoisse provoquée par le temps de fêtes. En somme, j’ai trouvé l’ensemble intéressant.
Note : 7/10
Boulettes est un court métrage d’horreur absurde de 6 minutes réalisé par Patrick Gauthier.
Dans une petite épicerie, Ginette tient un kiosque de dégustation de boulettes de viande du terroir. Elle abuse de ses propres produits et insiste afin qu’un client les achète. Lorsqu’elle réalisera que celui-ci les replace dans un réfrigérateur dès qu’elle a le dos tourné, Ginette entrera dans une transe sanguinaire s’en prenant à toutes âmes qui vivent dans le petit commerce. Deux hommes n’auront d’autre choix que d’affronter le monstre et vont tendre un piège à la louve.
Qui ne s’est jamais senti obligé d’acheter un produit sous le regard insistant de la responsable d’un kiosque de dégustation pour ensuite le remettre dans un rayon dès que le champ est libre? Dans Boulettes, la frustration de Ginette va la faire se transformer en créature meurtrière.
C’est un film très court et amusant. Le scénario est simple, mais efficace. J’apprécie un film québécois de genre. Ici, on exploite le concept du loup-garou dans un contexte urbain de tous les jours.
Note : 7/10
Bloodshed est un court métrage québécois en anglais de 13 minutes réalisé par Paoli Manchini et Daniel Watchorn. Il s’agit d’une première mondiale dans le cadre des week-ends fantastiques québécois du Festival.
À la suite du décès de sa femme, Getty (Bruno Verdoni) semble affecté par une grave maladie du sang. Résolu à se guérir lui-même, il entreprend de se faire des transfusions sanguines et des saignées pour nettoyer son mauvais sang. Isolé en forêt, Getty commencera à faire des sacrifices afin d’assouvir ses besoins en hémoglobine.
Getty, qui autrefois avait tout pour lui et qui a tout perdu, est résolu à se guérir du mal qui le ronge. Il se parle à lui-même, utilise les affirmations positives tentant de se convaincre que son « traitement » fonctionne. Il parle à sa défunte femme comme si elle était toujours auprès de lui.
Getty est sur une pente glissante. Sa conviction de pouvoir se guérir de sa torpeur le poussera à glisser de plus en plus loin dans sa quête de sang « pur ».
Le film me rappelle les étapes de traitement d’une dépendance. Un homme en deuil qui sombre dans un mode de vie alternatif et destructeur afin de calmer son mal-être. Getty fera lui-même allusion aux douze étapes, un concept emprunté aux alcooliques anonymes.
J’ai apprécié cette analogie ainsi que le choix de la réalisation d’avoir volontairement laissé un flou autour de la cause du comportement de Getty. S’agit-il d’une vraie maladie ou d’un désordre de nature plutôt psychologique? C’est à l’image de l’alcoolisme dont la nature de la maladie est aujourd’hui remise en question.
Bruno Verdoni est excellent dans le rôle de Getty et son timbre de voix colle parfaitement au personnage. Bloodshed est un film intelligent, intéressant et est réalisé sobrement.
Note : 8/10
Réalisé par Malik Bouabib, The Horror Experience est un film en anglais de quinze minutes présenté dans le cadre des fantastiques week-ends du cinéma québécois.
Dans ce film, on retrouve une bande d’amis qui va pousser le concept d’horreur au niveau de la réalité. Ils vont kidnapper un passant, l’emmener dans un coin isolé en forêt pour ensuite l’attacher et lui mettre un masque de fer cadenassé. Le masque explosera dans dix heures et la pauvre victime devra se battre avec eux afin de s’emparer des quatre clés lui permettant de retirer le masque.
C’est avec un sentiment d’horreur qu’on voit ces quatre jeunes s’amuser de l’angoisse de leur victime. Ils ont l’avantage numérique et font un peu trop confiance en leur victoire dans leur jeu dangereux. Ils sont en manque d’émotions fortes et cherchent à se faire leur propre film d’horreur. Le fait d’avoir choisi quatre jeunes personnes en apparence ordinaire et sans histoire ajoute à l’horreur de leur comportement.
La victime tire pourtant son épingle du jeu et sera redoutablement efficace pour se défendre dans cette situation désespérée. Elle ne se laissera pas submerger par la panique.
Le concept qui rappelle un peu les films SAW n’est certes pas nouveau, mais effroyablement efficace pour glacer le sang. C’est un thriller d’horreur efficace et anxiogène dont on ressort avec un sentiment de frousse véritable. Un élément très intéressant est de faire du monstre masqué une victime. Le genre de film d’horreur réaliste qui ne m’a pas laissée insensible.
Note : 8/10
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