« I’m fuckin’ with you. »
[Je me fous de ta gueule.]
Simon (Kyle Gallner), un punk rocker dans le trouble et Patty (Emily Skeggs), une jeune femme obsédée par son groupe, se lancent dans une série de mésaventures à travers les banlieues en décrépitude du Midwest américain.
Avec Dinner in America (sélectionné à Sundance), Adam Carter Rehmeier crée quelque chose de spécial. Son film se situe quelque part entre le pastiche et le film de paumés, avec des personnages complètement fous.
Dès la présentation du générique, le rythme du film est donné. Ça va brasser, ça va frapper et ça va déranger… La musique agressive est complétée par un montage énergique.
Le film, malgré ses 109 minutes, se déroule à un rythme effréné. Le réalisateur n’a pas eu peur de sauter des petits moments inutiles afin de réguler son film. Le spectateur comprend tout de même très bien où le film s’en va et ce qui n’est pas nécessairement montré. Non, quand on regarde Dinner in America, on ne s’ennuie vraiment pas.
Patty est mal à l’aise en société. Elle travaille dans une animalerie, dans laquelle elle occupe un emploi qu’elle déteste. La vie à la maison est inconfortable, alors qu’elle est en constante chicane avec son frère et surprotégée par des parents… spéciaux. Les gens se moquent d’elle régulièrement. On pourrait croire qu’elle a un retard mental.
Simon est un musicien punk paumé. Il est recherché par la police, il n’a pas un sou, et il n’est plus sur la même longueur d’onde que la moitié de son band. Il est dédaigneux, agressif, et pyromane sur les bords.
Lorsque ces deux mésadaptés sociaux se rencontrent, c’est le coup de foudre. Ah…non. Pas du tout. Elle le trouve agressant et il la trouve lente d’esprit. Mais qu’à cela ne tienne : les énergies combinées de ces deux parias déclenchent une odyssée sous le thème de la révolte.
Inspiré par la scène punk du début des années 90, Dinner in America est un hymne punk follement échevelé doublé d’une comédie anti-romantique qui est, au final, très romantique. On pourrait dire que le film est une histoire d’amour entre deux marginaux fondamentalement différents : Patty, une jeune socialement maladroite et renfermée de 20 ans échappant à son existence banale à travers la musique punk; Simon, un anarchiste hargneux et punk apparemment toxique cherchant refuge contre la loi. Le couple parfait!
Éventuellement, ils feront équipe afin de se réhabiliter l’un l’autre. Et cette réhabilitation passera par la création musicale. Comme l’explique le réalisateur : « When Patty and Simon, armed only with a 4-track recorder and a love poem as lyrics, create their song together in a process just like that of my youth, their bond is complete. » [Lorsque Patty et Simon, armés uniquement d’un enregistreur 4 pistes et d’un poème d’amour à titre de paroles, créent leur chanson ensemble, dans un processus comme celui de ma jeunesse, leur lien est complet.]
Dans une entrevue, le réalisateur explique d’ailleurs que les deux acteurs ont participé, ensemble, à la création de la chanson originale. C’était une façon de créer une chimie entre les deux acteurs, ce qui transparait à l’écran.
Construits sur les fondations de la solitude intérieure de ses personnages, Dinner in America est merveilleusement abrasif. Vous ne voudrez pas le manquer!
Note : 8/10
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