« Fais ce que je te dis et tout se passera très bien. »
C’est le soir de Noël. Les Parisiens les plus chanceux se préparent à déballer leurs cadeaux en famille. D’autres regardent la télévision seuls chez eux. D’autres encore, comme Serge (Michel Blanc), travaillent. Serge est le seul SOS-Médecin de garde ce soir-là. Ses collègues se sont tous défilés. De toute façon, il n’a plus son mot à dire car il a pris trop de libertés avec l’exercice de la médecine, et la radiation lui pend au nez. Les visites s’enchaînent et Serge essaie de suivre le rythme. De mauvaise grâce, quand tombe l’adresse de sa prochaine consultation, c’est celle de Rose, une relation de famille, qui l’appelle à l’aide. Il arrive sur les lieux en même temps qu’un livreur Uber Eats, Malek (Hakim Jemili), lui aussi de service ce soir-là…
Avec Docteur?, Tristan Séguéla présente un film au ton léger, qui se laisse regarder tout en nous abreuvant d’un doux nectar de « feel good movie ».
Serge et Malek sont totalement à l’opposé dans la vie. Serge Mamou Mani, le médecin, est aussi aigri et désabusé que c’est possible de l’être, Malek, le livreur, est généreux et optimiste… C’est évidemment sur ces différences que joue la trame narrative de Docteur?. Et, honnêtement, c’est plutôt bien. Bien que les personnages soient stéréotypés, ils sont touchants. De plus, les dialogues sont bien écrits et réussissent à faire rire aux moments opportuns et à toucher lorsque la situation le demande.
Il aurait été facile de déraper avec la prémisse de base : le riche médecin blanc et le pauvre livreur Uber-Eats maghrébin. Mais jamais le caractère racial n’est utilisé de façon inappropriée. En fait, le médecin aurait tout autant pu être noir et le livreur blanc. C’est là une belle touche.
Mais d’où vient l’idée de cet anti-héros qu’est le personnage de Serge? Le réalisateur explique ses choix ainsi : « Si la raison la plus évidente est à chercher du côté de mon goût prononcé pour les anti-héros de comédie, il en est une un peu plus personnelle qui tient à l’image que je garde de mon grand-père maternel, qui fut médecin de village et qui, comme Serge, avait perdu en son temps le sens de sa vocation. Enfant, je ne comprenais pas comment on pouvait être toujours aussi triste et de si mauvaise humeur quand on avait la chance d’être doté de tels super-pouvoirs. »
Vie, mort, maladie, paternité, solitude… Tous des thèmes sérieux qui se retrouvent dans Docteur?. Mais, comme on dit, quoi de mieux qu’une thématique sérieuse pour faire rire. À condition, bien entendu, qu’elle soit bien traitée. Et, étrangement, c’est par ce personnage de docteur usé que le réalisateur réussi à revaloriser un métier que tous trouvent important, mais que l’on ne se gêne pas pour critiquer. C’est la fraîcheur du jeune livreur qui permet de redorer le métier. La dynamique entre les deux hommes est aussi parfaite qu’on puisse l’espérer dans une comédie qui mise sur les échanges entre deux personnages. Je lève d’ailleurs mon chapeau à Hakim Jemili. Il incarne à merveille la naïveté du néophyte, par moments hilarante, et par moments touchante.
Je ne peux passer sous silence l’ajout d’un personnage qui, bien que l’on ne comprenne pas très bien ce qu’elle représente au début du film, sera central au dénouement final : Rose (Solène Rigot). Mystérieuse, elle est finalement la clé qui permet de réellement apprécier les deux personnages principaux.
Les films d’été arrivent tranquillement, et celui-ci en sera un qui plaira. Le duo Blanc/Jemili est parfait. Il vous fera oublier vos problèmes le temps d’une soirée. Et vous pourrez le regarder tout aussi bien seul qu’en famille.
Je n’aime pas vraiment les comédies de situation dont l’élément déclencheur est un personnage qui se retrouve dans un rôle qui n’est pas pour lui. Mais Docteur? (malgré son titre douteux) a su me séduire. J’avais effectivement le cœur léger à la fin du visionnement.
Je le recommande si vous avez envie d’un bon moment sans avoir besoin de vous creuser les méninges.
Note : 7.5/10
Regardez la bande-annonce :
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