Un père fait face à une crise personnelle lorsqu’il découvre que son fils a fui un trafic de drogue bâclé. Les deux hommes se lancent alors dans une violente odyssée qui touche aux thèmes de la paternité, de la famille et du destin.
Sorti en 2019 et réalisé par le Terre-neuvien Christian Sparkes, Hammer est un film criminel mêlant action et drame. Les films de Sparkes ont été présentés au TIFF, au Fantastic Fest et même à Cannes et il a reçu le Best Atlantic Director prize pour son œuvre Cast No Shadow.
Malgré ses antécédents criminels, Chris (Mark O’Brien) essaie de reprendre sa vie en mains. Aux suites d’une transaction illicite qui tourne mal, il se retrouvera dans une situation dangereuse. Son père Stephen (Will Patton) sera mêlé malgré lui dans cette escalade de tension et de violences. Stephen fera tout pour aider son fils dans l’espoir de souder leur relation.
La relation père-fils présentée dans Hammer est compliquée. Chris a un don naturel pour se mettre les pieds dans les plats et se sent abandonné par son père ainsi que sa famille en général. Stephen, quant à lui, n’approuve pas les choix de vie de Chris. Cela ne l’empêche pas d’aimer son fils inconditionnellement et de le soutenir envers et contre tous. Mais jusqu’où sera-t-il prêt à aller?
À l’image de l’Ouroboros, le serpent qui se mord la queue et qui se tourne sur lui-même, voir contre lui-même, symbolisant la continuelle répétition, Chris semble être condamné à toujours se remettre dans le pétrin malgré ses efforts de changer sa vie. Il se fait l’effet Golem et ses attentes envers lui-même font en sorte qu’il se retrouve toujours enfermé dans le même cycle.
Un deal de drogue qui tourne mal, un sac bourré d’argent perdu, des gens en colère qui se poursuivent, une personne laissée pour morte; on a affaire à une formule connue. Ma première impression était celle d’une œuvre sans âme, un scénario à l’américaine réchauffé et resservi dans un contexte d’une petite banlieue d’Ontario. Sans les déboires relationnels entre les personnages, le tout aurait vraiment pu tomber à plat.
Si l’intrigue est déjà vue, la richesse de l’œuvre tient dans l’étude d’une dynamique relationnelle complexe entre les différents membres d’une famille. La complexité contradictoire entre l’amour, les mensonges et les regrets est au centre de l’œuvre.
L’intention de Sparkes était de démontrer l’impact de la criminalité sur les relations familiales, plus précisément sur le rôle des parents dans le développement d’un individu. Il remet en question la notion de bonne et de mauvaise personne. Qu’est-ce qui fait en sorte que Chris, issu d’un milieu favorable et avec les ressources lui permettant de faire ce qu’il veut de sa vie, emprunte la voie du crime?
Sparkes a aussi démontré l’aspect très superficiel que peuvent prendre les échanges entre les membres d’une même famille lorsque ceux-ci ne se comprennent pas. Les parents de Chris sont conscients de ses activités illicites, sans toutefois se l’admettre complètement. Tous portent un masque pour préserver les apparences et mentir devient alors une seconde nature.
Ayant lui-même grandi dans un contexte comparable à celui de Chris, on comprend que Hammer est largement inspiré de son vécu. L’accent sur les relations familiales compliquées et tumultueuses devient cathartique.
Malgré ses airs calqués d’un scénario d’Hollywood, l’œuvre n’en est pas moins humble, crédible et honnête. C’est un bon divertissement, qui comprend quelques maladresses.
Note : 7/10
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