La jeune artiste tchèque Barbora Kysilkova déménage à Oslo pour lancer sa carrière de peintre. En avril 2015, ses deux oeuvres de plus grande valeur sont volées – en plein jour et avec le plus grand soin – des vitrines de la Galerie Nobel dans le centre-ville d’Oslo. Avide de réponses à propos du voleur de ses peintures, Barbora a l’opportunité de rencontrer l’homme impliqué dans le larcin, le Norvégien et criminel de carrière Karl-« Bertil » Nordland. Le cinéaste Benjamin Ree a commencé à documenter l’histoire après l’incroyable invitation de Barbora à Bertyl de devenir son modèle. Il capture ainsi l’impensable relation qui s’installe au sein du duo, qui trouve en son affinité mutuelle pour l’art un terrain commun pour former un lien inséparable.
The Painter and the Thief, c’est un documentaire qui suit une artiste tchèque… Mais, surtout, c’est une belle leçon d’humanité.
Bien que le film soit véritablement un documentaire, on l’oublie rapidement. Les morceaux du quotidien de Barbora et de Bertil captés par la caméra s’arriment et produisent un scénario étonnamment bien ficelé. On suit la relation qui s’installe entre les deux protagonistes comme une fiction dont on serait avides de connaître la fin.
Mais ne pensez pas qu’il s’agit d’une simple fiction inspirée d’une histoire vraie. Ce sont justement les codes du documentaire qui permettent au récit de nous toucher. La caméra à l’épaule, Ree saisit des scènes ordinaires auxquelles nous pouvons facilement nous identifier. Le réalisateur adopte alternativement le point de vue de l’artiste et du voleur, réalise des sauts dans le temps importants, sans pour autant nous faire perdre le fil. On est aspiré par les rapports qui se nouent entre les deux personnages et l’émotion est au rendez-vous.
Mais quel est le véritable sujet du film ? Le vol des oeuvres de Barbora Kysilkova devient secondaire au profit de la relation qui se développe sous nos yeux. On a par moments l’impression que le message sous-jacent est celui de la valeur de l’art. L’art et sa relation avec Barbora pourraient être salutaire pour Bertyl.
En fait, c’est la collaboration humaine qui semble ici mise de l’avant. Parce que sa relation avec Bertyl est aussi profitable à Barbora, et pas seulement au plan de l’inspiration que le bandit lui procure. Barbora commence cette relation avec son propre bagages et ses problèmes et cette relation inhabituelle lui permettra aussi d’avancer au plan personnel. C’est pourquoi ce film est aussi réussi. Au-delà de son intérêt artistique, le film présente un sujet éminemment humain. C’est ce que suggère aussi le plan final, une magnifique oeuvre de l’artiste dont je tairai le sujet, mais qui à elle-seule le résume parfaitement.
Note: 9/10
Visionnez la bande-annonce :
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Bien fait Fannie: le but de la critique est atteint, donner le goût de voir le film!