« Fake it, ‘till you make it! »
[Simule jusqu’à ce que tu y crois!]
Hunter (Haley Bennett) semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie (Austin Stowell), son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais, dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets divers. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?
Avec Swallow, Carlo Mirabella-Davis propose un film sur un sujet intéressant et peu connu. Malheureusement, il oublie de se concentrer sur son sujet et s’éparpille.
Swallow met en scène un personnage qui est atteint d’une condition connue sous le nom de PICA, qui est la compulsion de consommer des objets et des matériaux non comestibles. On observe le plus souvent le PICA chez les femmes enceintes et les enfants, mais le syndrome peut toucher n’importe qui. La plupart des personnes atteintes de cette maladie mentale ingèrent de la saleté, des éclats de peinture, de la craie, des roches, de la glace, du papier, des pièces de monnaie ou du rembourrage de matelas, mais elles peuvent également avoir envie d’objets plus dangereux.
C’est cette maladie que développe Hunter alors qu’elle est enceinte.
Le thème du PICA n’a pas été traité souvent au cinéma. En tout cas, pas chez des personnages adultes. J’étais donc très curieux au début du film. Mais, rapidement, on s’aperçoit qu’il manque quelque chose. À peine le film commencé, Hunter commence à manger des trucs. Et elle ne commence pas avec une petite pierre trouvée par terre, ou avec de la terre. Non. Elle commence avec une bille passablement grosse. Puis, la punaise…
Je ne suis pas un expert en maladies de ce genre mais, au cinéma, ça ne passe pas très bien. Ou bien le dérèglement aurait dû être là dès le début du film, ou bien il aurait pu apparaître un peu plus tard question de nous faire entrer dans la vie du personnage et nous laisser s’identifier à elle. Les objets deviennent dangereux trop rapidement…
Puis, on cherche les raisons. Vient alors une histoire de viol qui, au final, n’aura rien à voir avec le problème de la jeune femme, mais qui sera malgré tout le nouveau focus du film. Et son point final. On ajoute à ça la triste vie d’une femme de riche qui ne trouve pas sa place dans ce monde.
L’un des thèmes de Swallow est l’image d’une façade fissurée. Thématiquement, cette façade représente le monde du pouvoir et du « succès » blanc et patriarcal que nous apprenons tous à idéaliser comme le sommet du rêve américain. Le long métrage se veut une critique de cette image de perfection que l’on veut tant atteindre en Amérique du Nord. Hunter s’est mariée dans ce monde masculin de pouvoir et de succès, mais en raison de son sexe et de ses origines de la classe ouvrière, il y a quelque chose dans cette cage dorée qui ne lui convient pas. Elle réprime cette inquiétude sous un sourire plaintif jusqu’à ce qu’elle chute et menace l’équilibre des hommes.
Évidemment, cette femme est à plaindre, d’une certaine façon. Et ça, c’est assez réussi. Mais, en même temps, on a de la difficulté à prendre sa défense à cause de la mise en scène maladroite et du scénario inefficace.
Avec Swallow, le réalisateur prouve qu’une bonne recherche ne suffit pas pour créer un bon film. Il faut aussi réussir à installer ses personnages dans un espace crédible.
Ce n’est malheureusement pas le cas ici.
Note : 6/10
Voici la bande-annonce :
© 2023 Le petit septième