Quoi de mieux qu’un film de confinement en pleine quarantaine? Darkness in Tenement 45 de Nicole Grotton arrive à point alors que sa sortie est prévue pendant le Sarasota Film Festival (27 mars au 2 avril). Il s’agit d’un thriller d’horreur dont l’équipe est composée à 75% de femmes. Au moment de réaliser le film, Grotton était loin de se douter que nous allions vivre une telle crise…
Se déroulant en 1953, en pleine guerre froide, Darnkess in Tenement 45 nous emmène dans le quotidien des résidents d’un immeuble de New York. Craignant une maladie causée par une attaque biologique, ils s’isolent à l’intérieur.
La nourriture et les autres fournitures (d’hygiène et médicales) se font rares, ce qui pousse le groupe à se réunir afin de prendre des décisions difficiles afin d’assurer leur survie. On en vient à remettre en question la pertinence de la quarantaine et on se demande si dehors, la vie aurait repris son cours.
Johanna, une jeune femme troublée, s’allie avec les autres jeunes afin d’élaborer un plan de sauvetage. Elle devra, du même fait, affronter sa tante Martha, matriarche autoproclamée au leadership discutable.
C’est un climat d’anxiété qui règne dans l’immeuble 45. On craint pour sa survie, on craint de manquer de ressources et on craint la maladie. Johanna présente des caractéristiques d’une personne anxieuse. Elle est sensible et réagit vivement aux événements, allant jusqu’à faire des cauchemars et se mutiler. Les autres nomment le problème de Johanna « the darkness ». On se demande s’il y a vraiment quelque chose de sombre en elle ou si l’on réfère uniquement à la fragilité de son équilibre émotionnel.
Ce film touche ainsi également à l’enjeu de la stigmatisation des troubles de santé mentale. La tante de Johanna utilise la faiblesse de sa nièce : cette dernière cherchera à l’humilier en dévoilant les éléments sombres de son passé afin de lui retirer toute crédibilité.
Au cours d’un tremblement de terre, une brèche va s’ouvrir, permettant à Johanna d’entrevoir un ballon jaune qui flotte dans le vent. Le ballon est symbole de la jeunesse et la couleur jaune est celle de l’espoir. Un symbole qui démontre que ce sont les plus jeunes qui détiennent la clé pour résoudre la situation.
Johanna remet en question l’existence de la maladie et la validité de la quarantaine. Elle convaincra les autres enfants de l’immeuble de se joindre à elle et de demander à être impliqués dans les prises de décisions concernant les résidents de l’immeuble. Les adultes, particulièrement Martha, vont leur donner du fil à retordre.
Martha instaure un climat de peur et de paranoïa de la maladie. Cette dernière fera tout pour protéger les résidents de l’immeuble, mais aussi pour asseoir son autorité. À certains moments, elle aura des réactions des plus théâtrales. On se demande dans quelle mesure Martha est vraiment convaincue d’agir pour le bien de sa communauté ou alors si le pouvoir lui a simplement monté à la tête. Plusieurs autres personnages goûteront au pouvoir et chacun s’y perdra à sa façon.
Il est difficile de ne pas faire de lien avec la crise que nous traversons actuellement. Le confinement crée un climat propice à la peur, à la paranoïa et aux tensions. La plupart d’entre nous étant isolés chez soi pour limiter les propagations de la Covid-19, Darkness in Tenement 45 arrive à point.
Le film remplit bien ses fonctions de thriller. L’intrigue se base sur la force des émotions ressenties par les personnages. Son écoute pourrait vous aider à apprécier les conditions d’isolement, plutôt confortables, que nous devons respecter.
Note 7.5/10
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