Mathieu (Emmanuel Schwartz) est écrivain public dans un quartier populaire de Montréal. Ressentant le besoin de raconter son expérience, il écrit un premier roman inspiré de son travail d’écrivain public. La publication dérange son employeur qui le renvoie sur le champ.
Écrivain public, c’est une série si réelle qu’elle vous fera assurément monter les larmes dans les yeux.
Trop peu de séries québécoises abordent, il me semble, les problèmes des vrais gens, du petit peuple pauvre et sans voix. C’est en regardant Écrivain public que j’ai eu cette affreuse constatation. Partout on voit des avocats (Toute la vérité, Ruptures), des médecins (Mémoires vives, Cerebrum, Épidemie), des policiers (District 31 pour ne nommer que celle-là), des chefs d’entreprise (O’, L’heure bleue) vivre des catastrophes (je ne crois pas que le mot soit faible si on pense à tous les meurtres, enlèvements, trahisons, abus qui peuplent la télé québécoise) dans leurs grandioses maisons. Vous remarquerez que même les sergents de District 31 ont des maisons qui dépassent grandement leurs moyens considérant le fait qu’ils sont supposés résider à Montréal.
Dans quelle série, dites-moi, le personnage principal est-il un jeune papa avec un emploi très précaire vivant dans un minuscule appartement un peu miteux? Dans quelle série ceux qui l’entourent ont une situation encore pire que lui, vivent dans la rue, et sont même analphabètes? Et pourtant, 53% de la population adulte québécoise est encore analphabète fonctionnelle… Ce que dépeint Écrivain public, c’est une réalité qu’on voit trop peu souvent et que l’on côtoie pourtant de si près. On traite d’Hochelaga-maisonneuve dans ce cas-ci, mais cette précarité existe aussi dans de trop nombreuses localités du Québec.
De manière générale (oui, évidemment, quelques rebondissements sortent un peu du cadre anecdotique), Écrivain public dépeint la vie ordinaire. Et ce n’est pas moins touchant. Au contraire, c’est ce qui fait le plus mal. J’ai passé les deux premières saisons la main dans la boîte de mouchoirs tant je me sentais interpellée par les enjeux des personnages. Et j’attendais la troisième saison avec grande impatience, peut-être trop, ce qui explique probablement la légère déception.
Pas que ce ne soit pas bon, les difficultés que vit encore Mathieu malgré la publication de son livre, les bâtons dans les roues que persistent à lui mettre les institutions, font de ce segment de la série un complément idéal aux deux premiers. Le dur labeur des travailleurs du milieu communautaire peine toujours à être reconnu et récompensé malgré la nouvelle visibilité du problème. Une fiction on ne peut plus réelle. Ainsi, le troisième volet est pertinent et nécessaire, même si on a parfois l’impression que les enjeux abordés se répètent et que ça tourne un peu en rond.
Emmanuel Schwartz est parfait dans le rôle de Mathieu, mais mention spéciale à Sandrine Bisson dans le rôle de Jojo: une performance touchante, tout au long des trois saisons.
Écrivain public, c’est une courte série qui devrait absolument être vue par tous, mais surtout par nos dirigeants. On ne peut espérer plus, en la regardant, que les choses s’améliorent: que davantage de soutien et de reconnaissance soient portés à nos dévoués employés du milieu communautaire; que davantage de mesures soient établies pour favoriser l’éducation et le plaisir d’apprendre. Écrivain public, c’est surtout un cadeau à ne pas oublier après l’avoir visionnée.
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